Les salariés du géant de la distribution Walmart ont lancé un mouvement de grève et de protestation historique qui a connu son point culminant les 22 et 23 novembre derniers, à l’occasion du Black Friday (« Vendredi noir »), le jour des soldes qui ouvre la saison des achats de Noël. Des manifestations très importantes ont eu lieu le samedi, en particulier à Washington DC.

Le mouvement a pris de l’ampleur après la répression (licenciements, mesures disciplinaires, arrestations) s’abattant sur des dizaines de salariés qui ont participé à une grève d’une semaine au mois de juin. Cette action était organisée par OUR Walmart (Organization United for Respect at Walmart), une association des travailleurs de Walmart soutenue par l’UFCW, le syndicat national des salariés de la distribution.

Walmart est le plus gros employeur au monde, avec 2,1 millions de salariés (dont 1,3 million aux Etats-Unis) et plus de 6 100 supermarchés, hypermarchés et filiales répartis dans 10 pays. C’est le numéro un mondial de la grande distribution (devant Carrefour), le plus gros chiffre d’affaires au monde et la troisième multinationale derrière Shell et Exxon.

Aux Etats-Unis, le salaire horaire moyen des travailleurs du commerce s’élevait à 10,09 dollars (7,34 euros) en 2010, pour un revenu annuel moyen de 20 990 dollars (15 267 euros). Or, on estime les besoins d’une famille de quatre personnes vivant à Washington à 88 615 dollars par an.

Walmart est un exemple de l’hyper-exploitation qui règne dans la distribution. Les bas salaires sont la règle, la protection sociale est quasi-nulle et la répression antisyndicale brutale. Les femmes sont encore moins bien payées et sont régulièrement victimes de harcèlement sexuel. Les travailleurs sont embauchés au salaire minimum, les augmentations dérisoires. Après six ans de travail, un employé à temps plein peut espérer gagner plus de 10 dollars de l’heure.

La famille la plus riche au monde

De nombreux employés de Walmart ne joignent les deux bouts que grâce aux aides gouvernementales. Mais pendant que les employés de Walmart luttent pour garder la tête hors de l’eau, leurs patrons se goinfrent. La famille Walton – actionnaire principal – est la plus riche au monde (116 milliards de dollars). Mike Duke, PDG de Walmart, a gagné 20,7 millions de dollars en 2012.

Le comportement scandaleux des géants de la distribution – et de Walmart en particulier – écœure la plupart des travailleurs américains. En juillet 2013, le conseil municipal de Washington DC a présenté un projet de loi dit « salaire minimum vital » qui a déchainé les foudres des patrons du secteur. Le projet de loi exige des chaines de distribution réalisant plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel qu’elles payent leurs salariés au moins 12,5 dollars de l’heure. Les réactions n’ont pas tardé : les enseignes Home Depot, Target, AutoZone, Lowe, Walgreens et Macy ont fait appel au maire pour s’opposer au projet de loi. Walmart est allé encore plus loin, menaçant d’annuler l’ouverture de nouveaux magasins. A l’inverse, le projet de loi a reçu le soutien des syndicats et des militants associatifs.

L’humeur des salariés américains change – et pas seulement dans la grande distribution. La preuve ? Le long mouvement de protestation d’OUR Wallmart, qui se poursuit, a donné des idées aux travailleurs de la restauration rapide (MacDo, KFC, Burger King, etc.) qui ont créé le FFF (Fast Food Forward). Parti de New York au mois de juillet, il s’est repandu aux grandes villes de la côte Est, pour exiger notamment un salaire minimum de 15 dollars de l’heure. Quelque chose fermente aux Etats Unis : la résurgence de la lutte des classes au cœur de la première puissance mondiale.

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