Le 20 janvier dernier, à Washington, la cérémonie d’investiture de Donald Trump s’est tenue sous un impressionnant dispositif « sécuritaire ». Plus de 28 000 policiers étaient mobilisés. Signe de la très forte tension liée à cette élection, les policiers sont allés jusqu’à confisquer les fruits des Américains venus écouter Trump, de crainte qu’ils s’en servent de projectiles.

La foule était relativement peu nombreuse : tout au plus 800 000 personnes. A titre de comparaison, la première investiture de Barrack Obama, en 2008, avait attiré près de deux millions d’Américains – et la deuxième, en 2012, un million.

On est bien loin d’un « virage à droite » de la société américaine. Pour preuve, le lendemain de l’investiture de Trump, entre 3 et 4 millions d’Américains ont participé aux différentes manifestations organisées dans tout le pays, à l’initiative du collectif « Marche des Femmes ». Il s’agissait de la plus grande manifestation de l’histoire du pays !

Beaucoup de gens manifestaient pour la première fois. Forcément, il y avait parfois une certaine confusion dans les mots d’ordre. Mais il s’agissait d’un message clair contre la politique réactionnaire de Donald Trump, et en particulier contre le racisme, le sexisme et toutes les discriminations.

L’Obamacare

A peine investi, Trump a signé un décret s’attaquant à l’Obamacare, la récente réforme de l’assurance maladie. Le décret ordonne d’utiliser tous les moyens possibles pour ne pas l’appliquer, via des exemptions, exceptions et dérogations.

Ce faisant, Trump s’appuie sur le rejet de l’Obamacare par un grand nombre d’Américains. En effet, l’Obamacare n’est pas aussi progressiste qu’on a bien voulu nous le faire croire. Cette loi a entrainé une hausse des primes d’assurance, ainsi qu’un mouvement massif de fonds publics vers le régime privé d’assurance maladie. Rien à voir, donc, avec une authentique Sécurité sociale telle que Bernie Sanders en avait défendu le projet pendant la campagne des primaires démocrates. Mais ce que Trump propose, en lieu et place de l’Obamacare, n’est rien d’autre que le système de santé américain habituel, c’est-à-dire privé et cher, entrainant l’impossibilité de se soigner pour des millions d’Américains.

Le droit à l’avortement menacé

Trump a également signé un décret interdisant le financement d’ONG internationales soutenant le droit à l’avortement. C’est la manifestation de sa volonté d’attaquer le droit à l’avortement. Son vice-président, Mike Pence, est farouchement opposé à ce droit. Trump veut remettre en cause le Planning familial américain, dérembourser l’IVG et la contraception. Enfin, le 31 janvier, Trump a nommé Neil Gorsuch à la Cour suprême, une institution dotée d’importants pouvoirs aux Etats-Unis. Or Neil Gorsuch est un conservateur particulièrement réactionnaire. Il est notamment « pro-vie », c’est-à-dire opposé à la contraception et à l’avortement. Si cette nomination est validée par le Sénat, la Cour suprême retrouvera une majorité conservatrice : cinq juges conservateurs et quatre « libéraux ».

Comme lors du magnifique mouvement en Pologne, en octobre dernier, la question du droit à l’avortement est susceptible de déclencher une lutte massive, aux Etats-Unis.

Le « Muslim ban »

Sous couvert de « lutte contre le terrorisme », le décret anti-musulman (dit « Muslim Ban ») interdit l’entrée aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays : la Syrie, l’Irak, l’Iran, le Soudan, la Libye, la Somalie et le Yémen. Pourtant, aucun des terroristes du 11 septembre 2001 ne venait de l’un de ces pays ! Il s’agit d’une provocation raciste, qui a été suivie d’une recrudescence des attaques contre les musulmans en Amérique du Nord. Deux jours après la promulgation de ce décret, un attentat perpétré dans une mosquée, au Québec, a fait 6 morts.

Ce décret a soulevé de vives réactions dans le monde entier et d’importantes mobilisations aux Etats-Unis. A cette occasion, la division de la classe dirigeante américaine est clairement apparue. Des juges luttent contre le « muslim ban », tout comme des capitalistes de la Silicon Valley, dont beaucoup de salariés sont originaires des pays visés.

« Le mur »

Trump poursuit son projet de construire le fameux « mur » à la frontière mexicaine. Son prix est évalué à plus de 26 milliards de dollars. Le président affirme qu’il sera financé en taxant les importations mexicaines. La restriction des échanges commerciaux avec le Mexique faisait déjà partie de son programme. Elle aurait de graves conséquences sur la fragile économie mexicaine. En outre, beaucoup de Mexicains qui travaillent aux Etats-Unis envoient de l’argent à leur famille, au Mexique. Une baisse importante de cette source de revenus, sur fond de crise économique, accélèrerait la lutte des classes au Mexique – et aux Etats-Unis mêmes, car la révolution ne connaît ni murs, ni frontières !

Conséquences révolutionnaires

En menaçant le monde entier – ou presque – d’une guerre commerciale ouverte, Trump risque de plonger l’économie mondiale dans une profonde récession. Par ailleurs, sa politique va accélérer la polarisation de la société et le développement de la lutte des classes. C’est déjà le cas, et c’est précisément ce que redoutaient beaucoup de grands capitalistes américains, qui pour cette raison soutenaient Clinton.

On le voit : le fascisme n’est clairement pas à l’ordre du jour aux Etats-Unis. Un régime fasciste suppose une défaite décisive de la classe ouvrière. Ce n’est pas le cas ! La classe ouvrière américaine est intacte et le mandat de Trump sera marqué par un développement des luttes.

L’élection de Donald Trump est un tournant majeur de l’histoire des Etats-Unis – et même de l’histoire mondiale, compte tenu de la puissance de ce pays. Cet événement annonce de grands bouleversements politiques et sociaux. Sur le plan politique, le parti démocrate va tenter de se refaire une virginité dans l’opposition. Mais c’est un parti bourgeois contrôlé à 100 % par les bonzes de Wall Street. Les travailleurs américains ont besoin de leur propre parti. L’enthousiasme soulevé par la campagne de Bernie Sanders, en 2016, a montré l’énorme potentiel qui existe, dans le pays, pour l’émergence d’un tel parti de la jeunesse et du salariat. Il est grand temps de réaliser ce potentiel !

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