La lutte contre le CPE du mouvement lycéen, étudiant et salarié a remporté une victoire. Il fallait obtenir le retrait du CPE, qui, loin d’établir une véritable « égalité des chances », aurait contribué à renforcer les inégalités sociales.

Face à l’intransigeance du gouvernement, nous devons être implacables : telle est la conclusion qu’ont tiré des millions de personnes au cours de cette lutte. Dans un combat comme celui-ci, la conscience politique des jeunes et des salariés croit au fur et à mesure que le mouvement s’amplifie. Et n’oublions pas que la révolution de mai 68 a commencé par des manifestations étudiantes.

Les jeunes et les salariés les plus conscients, politiquement, doivent dans ces luttes et au sein des grandes forces de gauche affirmer que les perspectives marxistes et internationalistes sont les chemins à suivre pour résoudre le problème du chômage, mais également pour permettre l’émancipation de la classe ouvrière. Le réformisme prôné par les dirigeants du PS, du PCF et de la CGT - notamment la fameuse « sécurité d’emploi et de formation » - ne peut rien face à la crise du système capitaliste. Cette proposition, lorsqu’on l’analyse, ne tient d’ailleurs pas la route : on ne résout pas le problème du chômage en remplissant les caisses du patronat.

Cependant, cela signifie nullement qu’il ne faut pas lutter pour des réformes, ou contre les attaques de la classe dirigeante. Les luttes ponctuelles ne sont jamais inutiles. A travers ces luttes, la jeunesse se forme aux mouvements sociaux et mesure l’intolérance des capitalistes vis-à-vis de nos acquis sociaux et du code du travail. Au vu de la dégradation du capitalisme, il est aujourd’hui impossible au patronat et à ses représentants de faire quelque concession que ce soit. Le temps de la croissance économique, qui constitue en quelque sorte le Royaume du monarque réformiste, est aujourd’hui passé. Pour assurer la survie de son système, et par là même son enrichissement personnel, la classe dirigeante doit s’attaquer aux différents systèmes de protection sociale en imposant la précarité, la flexibilité et une exploitation croissante des travailleurs. C’est ce que Rosa Luxemburg appelait une « nécessité vitale du capitalisme ».

Face à la difficulté croissante à obtenir gain de cause dans les luttes ponctuelles - comme l’a bien montré le mouvement contre le CPE -, les travailleurs seront poussés à tirer la conclusion suivante : le capitalisme ne permet plus d’améliorer nos conditions de vie. Alors, avec tout son courage et toute sa ténacité révolutionnaire, le salariat se tournera contre le capitalisme. Telles sont les perspectives pour les mois et les années à venir.

La classe ouvrière et la jeunesse française doivent prendre leur destin en main et se libérer du fardeau capitaliste afin de construire le véritable socialisme. Une France socialiste ne resterait pas isolée : elle déclencherait une vague de sympathie à l’échelle européenne et mondiale. Elle serait soutenue par le mouvement ouvrier de tous les pays. Les économies sont tellement liées les unes aux autres par la mondialisation qu’une révolution socialiste en appelle d’autres.

Les grands partis de gauche devraient donc expliquer que la seule alternative à la précarité et au chômage, dont le CPE est un exemple flagrant, est la socialisation des moyens de productions et la planification démocratique de l’économie.