Le peuple irlandais vient d’obtenir la légalisation de l’avortement. Mais ce type de victoire est plutôt l’exception que la règle, en ce moment. L’accès des femmes à l’avortement et à la santé en général recule, du fait de la crise économique et des politiques d’austérité.

Austérité et accès aux soins

Prenons l’exemple des soins gynécologiques. A part pour la contraception d’urgence, il n’est toujours pas possible, en France, d’obtenir la pilule sans prescription. Alors que la contraception est un besoin quotidien, elle reste soumise à un suivi médical de plus en plus cher, ce qui limite l’accès aux soins et à l’information. Par ailleurs, les plannings familiaux voient leur budget baisser régulièrement. En Rhône-Alpes, en 2016, ils ont perdu 30 % de leur budget. Et ce n’est pas la seule région à subir de telles coupes.

L’accès à l’IVG est lui aussi attaqué. En Pologne et ailleurs, les gouvernements essaient de faire passer des lois interdisant ou restreignant l’accès à l’IVG. Ces lois suscitent souvent des mobilisations de masse victorieuses. Mais le financement des hôpitaux pratiquant l’IVG est en baisse, ce qui en limite de facto l’accès, qu’une loi soit votée ou pas.

Le critère économique n’est pas le seul à limiter l’accès aux soins. Les pilules de 3e et 4e générations ont beaucoup fait parler d’elles en 2013, à cause des risques de thrombose veineuse qu’elles entraînaient. Outre leur impact direct sur la santé de nombreuses femmes, elles en ont dissuadé beaucoup de recourir à la pilule. Entre 2010 et 2013, son taux d’utilisation est passé de 50 % à 41 %, souvent au profit de méthodes plus archaïques – et donc moins efficaces, voire dangereuses.

Diagnostics sexistes

Enfin, les femmes sont souvent considérées comme exagérant leurs douleurs (alors que les hommes seraient plus « durs à la peine ») et sont donc souvent mal diagnostiquées. C’est le cas pour les AVC ou pour les maladies cardiaques. Une étude de 2014 montrait ainsi qu’en cas d’insuffisance cardiaque, la pose d’un défibrillateur était proposée beaucoup plus souvent aux hommes qu’aux femmes, alors même qu’aucune raison médicale avérée ne justifie cette différence de traitement. Pour cette même pathologie, les femmes sont donc moins bien soignées que les hommes. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Ces inégalités sont l’une des expressions de l’oppression des femmes sous le capitalisme. Couplées aux attaques contre la santé publique, elles font que les femmes, particulièrement celles du salariat, voient leurs vies et leur santé mises en danger par un système en pleine décadence.