On ne compte plus les livres et les articles qui ont été publiés, ces dernières décennies, pour démontrer que « la classe ouvrière a disparu » – ou que, du moins, elle a décliné au point de ne plus représenter qu’une petite fraction de la population active. Cette thèse n’est pas innocente : avec la classe ouvrière, disparaît aussi la perspective d’une révolution socialiste dirigée par cette même classe. Conclusion : le capitalisme a de beaux jours devant lui !

Heureusement pour nous, c’est complètement faux. Pour le comprendre, il faut commencer par définir correctement ce dont on parle. Qu’est-ce que les marxistes entendent par « classe ouvrière » ? Engels l’explique dans une note de la première page du Manifeste du Parti Communiste, publié en 1848 : « On entend par prolétariat la classe des ouvriers salariés modernes qui, privés de leurs propres moyens de production, sont obligés, pour subsister, de vendre leur force de travail. »

Ainsi, le « prolétariat », le « salariat » et la « classe ouvrière » désignent une seule et même classe, composée de tous ceux qui, ne possédant pas de moyens de production et d’échange, sont contraints de vendre leur force de travail contre un salaire. A qui vendent-ils leur force de travail ? A des membres de la classe capitaliste – qui, elle, possède les moyens de production et d’échange (usines, magasins, banques, etc.).

La classe ouvrière, ce n’est donc pas uniquement l’ouvrier d’usine et le travailleur du bâtiment (auxquels la réduit la sociologie bourgeoise). C’est aussi bien le chauffeur de bus, la caissière, l’informaticien, l’aide-soignante, etc. Même le fonctionnaire, qui vend sa force de travail à l’Etat capitaliste, fait partie de la classe ouvrière. Ainsi définie de façon scientifique, non seulement la classe ouvrière n’a pas disparu, mais elle constitue l’écrasante majorité de la population active : en France, plus de 90 %. Le pourcentage est à peu près le même dans tous les pays capitalistes avancés.

Les lois du capitalisme

C’est le développement du capitalisme lui-même qui a constamment renforcé le poids social de la classe ouvrière. Il s’agit d’une conséquence des lois de l’économie capitaliste : la concentration du capital n’a cessé d’éliminer les petits propriétaires – les petits paysans, artisans, etc. – qui sont « tombés » dans le salariat. En France, en 1936, la moitié de la population vivait encore de l’agriculture, contre 5 % aujourd’hui. Et même dans ces 5 %, il y a une nette majorité de salariés agricoles, qui ne possèdent ni terre, ni élevage, mais vendent leur force de travail contre un salaire.

On a observé le même processus dans les pays « sous-développés ». Une étude du « McKinsey Global Institute » souligne qu’entre 1980 et 2010, quelque 900 millions d’emplois salariés ont été créés – en dehors du secteur agricole – dans les pays sous-développés. Ces types d’emplois y sont passés de 54 % à 70 % de la population active. Cette croissance s’explique notamment par le fait que les grandes puissances impérialistes ont massivement investi, dans ces pays, pour en exploiter la main d’œuvre bon marché. Et ce faisant, elles y ont considérablement renforcé le poids social de la classe ouvrière.

On nous répondra peut-être : « Mais la classe ouvrière n’est pas homogène. Il y a des salariés relativement riches ! » Il est vrai que les salariés les mieux payés (les cadres supérieurs, par exemple) ont tendance à s’identifier aux intérêts de leur patron. Mais ils forment une toute petite minorité du salariat. Il y a une très grande homogénéité des conditions de vie de la masse des salariés. Or, ce sont les masses qui font l’histoire – pas les marges.

Enfin et surtout, la classe ouvrière assure l’essentiel des fonctions économiques et administratives de la société. Pas une lumière ne brille et pas une roue ne tourne sans son aimable permission. Son pouvoir potentiel est donc énorme. Simplement, elle n’a pas toujours conscience de ce pouvoir. Elle ne parvient à la plus haute conscience de ses propres forces que lors de crises révolutionnaires – comme en Mai 68, par exemple. Et pour passer de cette conscience à la conquête effective du pouvoir, elle a besoin d’un puissant parti révolutionnaire, lequel doit donc être construit avant que n’éclate une crise révolutionnaire. C’est précisément ce à quoi travaille la Tendance Marxiste Internationale.

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