Des conflits désastreux comme les guerres civiles restent souvent dans les mémoires à cause de leurs auteurs, en la personne de dirigeants et de généraux. On oublie souvent l’influence des médias qui créent une hystérie de guerre. Dans le conflit en Ukraine, l’influence des médias a joué un rôle important pour justifier les actions des dirigeants oligarques à Kiev, en particulier parmi les masses de l’ouest et le centre Ukraine.

Le 16 mai 2014, le talk-show politique Shuster Live a invité le correspondant de guerre britannique Mark Franchetti pour parler de son séjour de trois semaines dans la région rebelle de Donbass. Parmi les invités de ce talk-show, il y avait des personnalités ukrainiennes célèbres comme la chanteuse Ruslana, la candidate à la présidentielle Olha Bohomolets, l’ancien président géorgien Mikhaïl Sakashvilli, des représentants du parti au pouvoir Batkivshyna, le ministre de l’Intérieur ukrainien et les bataillons de la « Garde nationale » qui ont été envoyés combattre dans le Donbass par le gouvernement de Kiev.

Franchitti a commencé par raconter que les rebelles du Donbass étaient principalement composés d’habitants de la région et des alentours, et la plupart n’ont pas de formation militaire sérieuse. Nombre d’entre eux sont issus de la classe ouvrière. Il a ajouté que les gens ne se sentent pas représentés par le gouvernement de Kiev, qu’ils veulent se battre contre le fascisme – et, bien que beaucoup espéraient une aide de Russie, sentent que Moscou n’est pas prêt à leur apporter cette aide.

La réaction de presque tous les invités était dédaigneuse, certains se moquant du témoignage. Le représentant du ministère de l’Intérieur disait même que le journaliste avait assisté à une fiction orchestrée par le Kremlin. Les membres de La Garde nationale ont accusé le journaliste de mentir, ce qu’il a nié.

 Depuis la chute de l’URSS, les médias ukrainiens ont été privatisés par les oligarques, tout comme l’industrie. Alors que l’industrie a connu un fort déclin, les oligarques ont reconnu le potentiel des journaux et des chaînes de télévision privées dans le contrôle de l’opinion publique. Les journalistes qui exposent la corruption de l’oligarchie ont été menacés, licenciés ou, comme Gregory Gongadze, assassinés, lorsque leurs reportages nuisaient à la classe dirigeante.

Depuis le départ de Viktor Ianoukovitch, au début de l’année, les médias ukrainiens ont été utilisés pour consolider la position des oligarques qui l’ont remplacé. Depuis plusieurs mois, les médias ont dépeint la situation dans la région du Donbass comme une invasion russe de l’Ukraine. Ils prétendent que la rébellion dans l’Est était une invasion des forces russes et des groupes séparatistes, et que ces forces font des ravages dans la région, kidnappent des gens, etc.

Les médias russes, bien que très critiques du gouvernement ukrainien, ont joué exactement le même rôle que les médias ukrainiens dans la légitimation de la domination de l’oligarchie russe. Ils soutiennent l’impérialisme russe. Les actions des républiques séparatistes de l’Est ne peuvent être tolérées par le gouvernement russe que dans la mesure où elles ne fournissent pas un exemple pour les travailleurs russes contre le régime de Poutine. Malgré la prévalence des leaders nationalistes dans ces républiques, la large participation de la classe ouvrière leur a donné un caractère révolutionnaire et antioligarque. Il est de plus en plus clair chaque jour que le gouvernement Poutine n’a aucun intérêt à soutenir ce genre de mouvement.

Ce n’est pas seulement à l’Est que le gouvernement de Kiev est confronté à de la résistance. Le gouvernement ukrainien s’est montré incapable de contenir la rébellion, comme il n’a pas été en mesure de développer l’économie ukrainienne. La destruction d’un avion ukrainien, avec 49 soldats et membres d’équipage à bord, ne fait que renforcer la perception de leur incompétence. Plusieurs sections de l’armée ukrainienne ont protesté – avec leurs familles – contre les mauvaises conditions de vie des soldats, qui sont sous-alimentés et sous-équipés. Cela a forcé Kiev à compter davantage sur les frappes aériennes des bataillons fascistes de La Garde nationale.

La plus grande menace pour les impérialismes occidentaux et russe, c’est l’unité de la classe ouvrière ukrainienne contre l’oligarchie. La fatigue des soldats de l’armée ukrainienne les retournera contre la guerre et finalement contre les personnes qui les ont envoyés se battre. Le chemin vers la paix en Ukraine ne passe pas par des négociations entre les pouvoirs bourgeois, mais par l’unification de la classe ouvrière dans une lutte commune pour le socialisme !

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