Le 19 avril dernier, le ministre des Affaires étrangères de Russie, Serguei Lavrov, annonçait l’ouverture d’une « nouvelle phase » de la guerre en Ukraine : le lancement d’une offensive majeure dans le Donbass.

Jusqu’à présent, l’armée ukrainienne n’a jamais réussi à monter une contre-offensive majeure. Tous ses « gains » territoriaux importants ont consisté à réoccuper des territoires préalablement évacués par la Russie, comme par exemple dans le nord ou entre Mykolaïv et Kherson. Cela reflète le déséquilibre des forces en présence. Face à la supériorité matérielle et technique de l’armée russe, la résistance ukrainienne a dû se limiter à des opérations essentiellement défensives et à quelques raids symboliques, comme le bombardement d’un dépôt de carburant en Russie ou la destruction du croiseur russe Moskva. A l’inverse, une fois concentrées dans le Donbass, les forces russes semblent en capacité d’y percer les lignes ukrainiennes.

L’aide de l’OTAN n’est pas suffisante pour atténuer ce déséquilibre d’une façon significative. Les pays occidentaux livrent des armes, fournissent des renseignements, mais n’interviennent pas directement. Dans ces conditions, les stratèges de l’impérialisme occidental savent très bien qu’une victoire de la résistance ukrainienne est improbable. En « appuyant » l’Ukraine, ils cherchent surtout à faire durer la guerre, dans le but d’épuiser les armées russes.

La guerre en Ukraine est avant tout un conflit entre les puissances occidentales (Etats-Unis en tête) et la Russie. Depuis 1991, l’OTAN et l’UE ont méthodiquement empiété sur les sphères d’influence traditionnelles de l’impérialisme russe – en Europe de l’Est, dans le Caucase, en Asie centrale et au Moyen-Orient. L’Ukraine n’est que l’un des champs de bataille – parmi d’autres – de cette confrontation entre puissances impérialistes.

Par exemple, le Mali et la Centrafrique sont le théâtre d’un conflit entre la France et la Russie. L’an passé, en Centrafrique, l’impérialisme français a même mené une opération de soutien militaire aux rebelles locaux, dans le but de renverser le gouvernement centrafricain, qui est soutenu par la Russie. Elle s’est d’ailleurs soldée par un échec, face à l’intervention russe.

Les erreurs de la gauche

Malheureusement, comme à chaque guerre impérialiste majeure, la plupart des dirigeants de gauche mordent à l’hameçon de la propagande que les médias français diffusent ad nauseam. C’est notamment le cas des directions du PCF, de la FI et du NPA, qui approuvent – avec plus ou moins de « réserves » – les sanctions contre la Russie, c’est-à-dire « l’effort de guerre » de l’OTAN et de l’UE. Pourtant, aucun des deux camps ne joue un quelconque rôle « progressiste » ou « anti-impérialiste », dans cette guerre.

Le régime de Zelensky n’est pas plus démocratique ou progressiste que celui de Poutine. Depuis le début de la crise mondiale de 2008, et plus encore depuis le coup d’Etat de 2014, les travailleurs d’Ukraine sont écrasés sous les mesures d’austérité et les contre-réformes. Des partis d’opposition sont interdits (dont le Parti Communiste ukrainien) ; des militants de gauche régulièrement arrêtés par la police. Enfin, selon l’ONU, la guerre menée par le gouvernement de Kiev contre les rebelles du Donbass – qui sont soutenus par la Russie – a fait près de 3400 victimes civiles entre 2014 et 2021.

Zelensky défend les intérêts des différentes cliques de l’oligarchie ukrainienne, laquelle s’est enrichie en pillant les propriétés d’Etat dans la foulée de la chute de l’URSS. Son régime encourage le nationalisme réactionnaire ukrainien ; il a réhabilité des collaborateurs du nazisme et a intégré des milices fascistes au sein des forces armées. C’est le cas notamment du régiment Azov, qui est ouvertement fasciste.

De son côté, le Kremlin se contrefiche de la soi-disant « dénazification » promue par ses services de propagande. Il défend les intérêts de l’impérialisme russe, qui veut assurer le contrôle de ses sphères d’influence et faire la démonstration de sa force face à l’OTAN. Par ailleurs, Poutine s’efforce de mobiliser le nationalisme russe pour tenter de consolider son régime. Depuis 2018, le gouvernement russe a été confronté à toute une série de mobilisations d’une ampleur croissante : contre la réforme des retraites, contre la corruption et les fraudes électorales, etc.

Poutine, Zelensky, Macron et Biden représentent les intérêts de leurs classes capitalistes respectives. Ils sont totalement indifférents aux souffrances des masses d’Ukraine, du Donbass ou de Russie. Pour défendre les intérêts communs des travailleurs ukrainiens et russes, il faut lutter contre l’impérialisme russe, mais aussi – et, en France, d’abord – contre l’impérialisme occidental. La tâche de lutter contre le régime de Poutine ne doit pas être confiée à l’OTAN et à l’UE, mais à la classe ouvrière russe. Quant à nous, notre priorité est de combattre notre propre bourgeoisie, en commençant par dénoncer les mensonges et l’hypocrisie de l’impérialisme français. Comme le disait le révolutionnaire allemand Karl Liebknecht en 1914 : « l’ennemi principal est dans notre pays ! »

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