Le Mouvement pour le Socialisme (MAS) est revenu au pouvoir, en Bolivie, après une large victoire dès le premier tour des élections présidentielles, le 18 octobre dernier. C’est une défaite cinglante pour la droite bolivienne, qui, en novembre 2019, avait renversé le gouvernement d’Evo Morales au moyen d’un coup d’Etat – évidemment soutenu par les Etats-Unis et l’Union Européenne.

Dans la foulée de ce putsch, la droite a dirigé un gouvernement de transition s’appuyant directement sur les sommets de l’armée. Pour tenter de trouver une légitimité démocratique, elle a annoncé la tenue de nouvelles élections présidentielles. Mais sa gestion catastrophique de la crise sanitaire et économique a ouvert la voie à une nouvelle et écrasante victoire du MAS (au pouvoir entre 2006 et 2019). Son candidat, Luis Arce Catacora, a recueilli 55 % des voix dès le premier tour. La droite a été forcée de reconnaître sa défaite car une nouvelle tentative de coup d’Etat aurait provoqué une puissante mobilisation des travailleurs et des paysans pauvres.

L’impasse de « l’unité nationale »

Cependant, à peine arrivés au pouvoir, les dirigeants du MAS ont montré qu’ils n’avaient tiré aucune leçon du passé. Dès son premier discours, Luis Arce a tendu la main aux capitalistes et leur a demandé de faire partie d’un gouvernement d’union nationale. De son côté, Evo Morales a lancé un appel « à tous les partis, hommes d’affaires et ouvriers pour organiser [...] un pacte de réconciliation ». C’est pourtant cette même politique de concessions aux capitalistes et aux multinationales qui avait miné la base de soutien du gouvernement Morales. Face au coup d’Etat de novembre 2019, une large fraction de la classe ouvrière était restée passive.

Comme tous les dirigeants réformistes, Luis Arce espère que ses appels à la « paix sociale » seront entendus par la classe dirigeante. Mais celle-ci n’a pas la moindre intention de concéder quoi que ce soit aux travailleurs, surtout dans un contexte de profonde crise de son système. De son côté, la classe ouvrière bolivienne a montré qu’elle était prête à lutter massivement pour défendre ses droits et ses conditions de vie. Elle n’a pas délivré au MAS un blanc-seing. En août dernier, elle a participé à l’une des plus grandes grèves générales de l’histoire du pays. Ainsi, le gouvernement du MAS sera pris en étau entre les travailleurs et les capitalistes. Et il devra rapidement trancher – dans un sens ou dans l’autre.

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