Mali

Le mois de février aura été riche en déconvenues pour l’impérialisme français. Outre la parodie de négociation avec Poutine sur l’Ukraine, qui s’est soldée par l’humiliation de Macron, on a assisté à l’effondrement de l’opération Barkhane et à une véritable débâcle militaire et diplomatique pour l’impérialisme français dans le Sahel. Après avoir appelé à l’aide les mercenaires russes de « Wagner », la junte militaire de Bamako a multiplié les signes d’hostilité à l’égard de Paris. Après plusieurs semaines d’hésitation, Macron a dû jeter l’éponge et annoncer le retrait des troupes françaises du Mali.

Déclin

Ce nouvel épisode est une confirmation du net déclin de l’impérialisme français en Afrique. Engagée en 2013, l’intervention militaire française visait à repousser les djihadistes qui avaient profité de l’intervention impérialiste en Libye, en 2011, pour se renforcer et prendre le contrôle du nord du Mali. Il s’agissait aussi de rassurer les régimes pro-français de la région. Malheureusement pour Paris, la guérilla islamiste n’a pas été réduite au silence. Au contraire, elle a prospéré sur le terreau de la misère et de la crise sociale. En l’absence de résultats, et du fait des nombreuses victimes civiles causées par la guerre et l’intervention impérialiste, la colère n’a fait que monter contre les troupes françaises, aussi bien dans la population que dans l’armée malienne.

Une succession de coups d’Etat militaires a pris de court la diplomatie française et placé les militaires au pouvoir à Bamako. Faute d’alternative, Paris a essayé de composer avec un régime qu’il ne contrôlait pas complètement. Le gouffre entre les gouvernements malien et français n’a fait que se creuser, jusqu’à ce que le nouveau régime malien imite son homologue centrafricain et fasse appel à des « conseillers » russes. C’était une claque pour Macron, qui a multiplié les remontrances et les menaces envers le régime militaire malien, sans succès.

Mi-février, Macron a donc dû annoncer la fin de l’opération Barkhane et l’évacuation des troupes françaises en direction des autres bases tricolores de la région. Cette humiliation est d’autant plus grande que Macron avait bataillé pendant des mois pour convaincre plusieurs pays de l’UE d’envoyer des troupes au Mali, dans une sorte d’anticipation de son projet de défense européenne. Cette « Task Force Takuba » a été abandonnée en même temps que Barkhane et va devoir quitter le Mali, elle aussi.

Après avoir dominé ses anciennes colonies pendant des décennies, l’impérialisme français y est concurrencé – économiquement ou militairement – par les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Si l’influence russe reste largement diplomatique et militaire (ce qui reflète la faiblesse de l’économie russe), les entreprises chinoises entament de plus en plus les marchés détenus jusque-là par leurs rivales françaises. A l’automne dernier, des rumeurs faisaient même état d’une possible vente, par Bolloré, de ses entreprises de logistiques en Afrique de l’Ouest, celles-ci étant incapables de soutenir la concurrence. On assiste à une accélération du déclin de l’impérialisme français.

Les réformistes et l’impérialisme

En France, l’aile droite des réformistes est très discrète sur cette question. Les dirigeants du PS et des Verts composaient le gouvernement qui a décidé du lancement des opérations militaires au Mali. Face à la fin piteuse de Barkhane, ils observent aujourd’hui un silence gêné.

A l’inverse, Jean-Luc Mélenchon en a abondamment parlé, ces dernières années, et a commenté la fin de Barkhane, sur son blog. Après avoir répété qu’il était en désaccord avec l’intervention au Mali, il écrit : « Dans l’immédiat je crois qu’il faut revenir dans les bases françaises existantes sur le continent africain, avoir un sérieux débat d’ensemble au Parlement avant de décider quoi que ce soit de nouveau. […] nous devons refonder entièrement notre politique d’accords de défense en Afrique. Il ne peut plus être question de se voir convoqué puis renvoyé comme nous l’avons été au Mali. »

Cette position n’est pas sérieuse. A lire Mélenchon, on a l’impression que le gouvernement français a été la victime naïve de dirigeants maliens inconstants. En réalité, l’intervention au Sahel n’avait rien à voir avec une « convocation » par le gouvernement malien – lequel, en l’occurrence, est arrivé dans les fourgons de l’armée française, en 2013. Il s’agissait pour Paris de défendre les intérêts de la classe dirigeante française, notamment d’AREVA et du groupe Bolloré. Le même problème se pose dans d’autres pays. Les troupes françaises soutiennent des dictatures infâmes, comme au Tchad, et servent de moyens de pression contre des gouvernements qui voudraient s’émanciper de la tutelle de Paris.

Tant que la France sera une puissance capitaliste, sa politique militaire servira les intérêts de sa classe dirigeante, sur le dos des travailleurs d’Afrique et de France. La gauche ne doit pas se fixer comme objectif de « refonder » cette politique impérialiste. Elle doit viser sa destruction et, pour commencer, exiger le retrait immédiat de toutes les troupes françaises positionnées hors de France.

Fin novembre, treize soldats français sont morts dans le Sahel malien, lors d’une opération visant des djihadistes. Le même mois, une attaque de l’Etat islamique tuait 54 soldats maliens – tandis qu’une autre, début décembre, tuait 71 soldats nigériens.

Tous ces morts viennent rappeler que l’armée française est engluée au Sahel depuis 2013, dans une guerre qui semble interminable.

Une guerre impérialiste

Lancée en janvier 2013 par François Hollande, l’opération « Serval » (devenue « Barkhane ») visait à sauver l’unité de l’Etat malien, alors au bord de l’effondrement. Début 2012, une offensive conjointe de rebelles touaregs et de djihadistes avait soustrait le nord du pays à l’autorité de Bamako. Puis, en mars 2012, un coup d’Etat militaire renversait le gouvernement malien.

Cette situation était la conséquence directe de l’intervention de l’OTAN en Libye, en 2011. La destruction de l’Etat libyen, sous les bombes franco-britanniques, a ouvert aux quatre vents les immenses arsenaux de Kadhafi – et renvoyé chez eux ses nombreux mercenaires touaregs. Revenus en force au Mali, ces combattants expérimentés ont facilement bousculé une armée malienne sous-équipée et rongée par la corruption.

A Paris, ces développements ont provoqué la stupeur, car le Mali est une pièce maîtresse de l’impérialisme français en Afrique. Pour ses matières premières (notamment l’uranium exploité par AREVA, aujourd’hui ORANO), mais pas seulement. Contrairement à une idée répandue à gauche, les guerres impérialistes ne se font pas uniquement pour la conquête ou la défense immédiates de sources de matières premières. Les questions stratégiques et diplomatiques jouent aussi un grand rôle. De ce point de vue, la situation géographique du Mali lui donne toute son importance. Il s’agissait aussi, pour Paris, de rassurer tous ses vassaux africains, en démontrant sa capacité à intervenir par la force quand le besoin s’en fait sentir.

De l’intervention éclair au bourbier

L’idée d’origine était simple : l’armée française allait écraser les djihadistes, restaurer un gouvernement stable à Bamako et l’aider à reconstruire une armée malienne autonome pour, très vite, lui confier la suite des opérations. Sur le papier, c’était parfait ! Mais l’armée est toujours, dans une certaine mesure, le reflet de la société qu’elle défend. Dès lors, comment reconstruire une armée malienne viable sur la base d’un Etat malien archicorrompu et dépendant complètement du soutien français ?

Facteur supplémentaire de déstabilisation : le régime installé par la France a joué des divisions ethniques et linguistiques pour se maintenir. En montant les communautés les unes contre les autres, il a pu jouer à son profit des conséquences de la crise économique. Des massacres interethniques se sont multipliés, avec la complicité parfois active de l’armée. Des régions entières sont aujourd’hui complètement privées de services publics – et même d’administration.

Dans ce chaos, les troupes françaises ont été forcées de s’appuyer de plus en plus sur leurs anciens ennemis des mouvements touaregs, qu’elles étaient venues combattre en 2013. En effet, ces mouvements sont souvent les seuls qui sont assez expérimentés pour combattre les djihadistes. Problème : ils demandent, en échange, une autonomie accrue de leur territoire. Cela place la France en porte-à-faux vis-à-vis de Bamako, qui espère restaurer son autorité sur un nord du Mali – toujours de facto sous contrôle touareg.

Parallèlement, les diverses tentatives de déléguer le conflit à des armées africaines ont échoué. Le « G5 Sahel » [1], régulièrement brandi comme un totem par la diplomatie française, est à l’arrêt faute de moyens financiers. Les appels français à une aide militaire des pays européens ont suscité comme seule réponse l’envoi de trois hélicoptères britanniques et d’une cinquantaine de soldats estoniens. Les classes dirigeantes européennes ne sont pas enthousiastes à l’idée de sacrifier des soldats (et beaucoup d’argent) pour défendre les intérêts de la seule bourgeoisie française. Quant à Donald Trump, il menace de retirer les troupes américaines de toute l’Afrique de l’Ouest.

Les rebelles à l’offensive

Les djihadistes n’ont eu qu’à profiter du chaos pour se reconstruire et étendre leurs zones d’opérations. Auparavant réfugiés aux confins du Sahara, dans le nord du Mali, les organisations djihadistes sont aujourd’hui actives dans le centre du pays – mais aussi au Niger, au Burkina Faso et au Cameroun. Face aux faiblesses et à la corruption des armées locales, les troupes françaises ont dû renforcer leur engagement. En vain. Depuis 2014, aucune opération d’ampleur n’a pu enrayer la montée en puissance des djihadistes. En 2017, au Niger, l’Etat islamique a même mené une embuscade meurtrière et largement médiatisée contre une unité des forces spéciales américaines.

Malgré l’impasse de l’impérialisme français dans cette région, un retrait militaire pur et simple est inadmissible pour la bourgeoisie française. Un tel aveu d’échec reviendrait à abandonner la région à des puissances impérialistes rivales, dont la Chine. Pour défendre ses positions africaines, l’impérialisme français est donc condamné à prolonger une guerre meurtrière. Raison de plus pour le renverser !


[1] En sont membres le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad.

Contrairement à ce qu’affirment François Hollande et son gouvernement, l’intervention de l’armée française au Mali n’a rien à voir avec les prétendues « valeurs de la France », les « droits de l’homme » ou d’autres préoccupations « humanitaires ». Il s’agit d’une intervention impérialiste visant à protéger les intérêts des multinationales françaises dans la région. L’offensive des djihadistes dans le nord du pays menaçaient de déstabiliser les pays frontaliers du Mali, où la classe dirigeante française exploite à une vaste échelle des ressources naturelles : l’uranium au Niger, l’or en Mauritanie, le gaz et le pétrole en Algérie, etc.

Loin de « lutter contre le terrorisme », cette intervention militaire fera le jeu des groupes fondamentalistes implantés en Afrique du Nord. L’agression impérialiste de la Libye, en 2010, a renforcé l’armement des fondamentalistes. Au lieu de « ramener la stabilité », l’intervention française aggravera l’instabilité régionale. Et ceux qui en payeront le prix fort, comme toujours, seront les populations déjà en proie à une extrême pauvreté.

Quels sont les objectifs de guerre de l’impérialisme au Mali ? Combien de temps cette guerre va-t-elle durer ? Qui va en supporter le coût ? Qui va «  aider  » les maliens ? Que peut-on faire pour s’opposer à cette guerre ? Venez en discuter avec GO, directeur du journal.

Mardi 26 février - 17h30
Local SUD Bâtiment 1TP1 - Université Paul Sabatier
Toulouse

L’intervention militaire au Mali a engagé la France dans une nouvelle guerre impérialiste. Derrière les motivations officielles, elle vise à sécuriser et étendre les positions économiques et stratégiques du capitalisme français dans la région. En plus de ses ressources naturelles – actuelles et potentielles –, le Mali, troisième producteur africain d’or, est entouré de plusieurs pays où des grands groupes français, comme Total et Areva, sont fortement impliqués. Le groupe Areva trouve au Niger un tiers de ses besoins en uranium. Total exploite le pétrole mauritanien. Le capitalisme français domine la Côte d’Ivoire. Avec ses vastes réserves de gaz et de pétrole, l’Algérie est le premier partenaire commercial de la France en Afrique. Ce sont surtout les intérêts des grands groupes français dans ces pays voisins qui font du Mali un enjeu stratégique majeur du point de vue de l’impérialisme français.

François Hollande s’est félicité de l’approbation « unanime » de cette guerre à l’Assemblée nationale comme au Sénat. L’UMP et le Front National l’approuvent. Le Parti socialiste l’approuve. Mais Hollande a également pu compter sur le soutien de la direction de notre propre parti, le PCF, ce qui a choqué de nombreux militants communistes. Cette décision, comme en 2001 lors de l’invasion de l’Afghanistan, associe le parti à la politique impérialiste de la France devant l’opinion publique. Elle va à l’encontre de la tradition anti-impérialiste et antimilitariste du PCF.

La vérité est la première victime d’une guerre impérialiste. La dissimulation des véritables objectifs des guerres est d’une importance vitale, pour les impérialistes. Aussi le premier devoir du mouvement ouvrier – et de notre parti en particulier – est d’expliquer leurs véritables causes et objectifs. Concernant la guerre au Mali, la direction de notre parti a failli à ce devoir.

Une guerre contre le fondamentalisme ?

Selon le gouvernement français, l’intervention au Mali se justifiait par la menace imminente de la prise de Bamako par des « fondamentalistes islamiques ». Officiellement, l’intervention visait donc à bloquer l’avance des milices islamistes, à les détruire et à protéger ainsi la population de leurs exactions. Des motivations aussi nobles ne sont guère critiquables. Le problème, c’est que cette explication officielle est un leurre. Elle ne sert qu’à masquer les véritables objectifs de cette opération. A chaque fois que les puissances impérialistes lancent une guerre, elles se munissent de prétextes « humanitaires » de ce genre : la guerre contre la Serbie visait à protéger les Albanais ; les Etats-Unis ont envahi l’Irak pour protéger les chiites et l’Afghanistan pour protéger la femme afghane et enrayer le terrorisme ; la guerre en Libye visait à empêcher un massacre imminent de la population de Benghazi. Fallait-il pour autant soutenir ces interventions ?

Au Mali, la France serait en guerre contre le djihadisme et son intervention répondrait à une demande du régime malien. Or ce régime est une dictature militaire, coupable, elle aussi, de nombreuses exactions et assassinats. Mais le gouvernement laisse entendre que, comparée aux djihadistes, la dictature militaire serait un « moindre mal ». A l’inverse, en Libye, l’aviation française – en alliance avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis – a puissamment appuyé des milices djihadistes pour renverser la dictature de Kadhafi. Les puissances occidentales ont coordonné leurs attaques pour faciliter les mouvements au sol de groupes comme celui d’Abdel-Hakim Belhaj. Lié à Al Qaida, Belhaj a pris le contrôle de Tripoli après la défaite des forces kadhafistes. A l’époque, les médias nous présentaient ces djihadistes non seulement comme le « moindre mal », mais comme d’authentiques « révolutionnaires » !

En Syrie, l’alignement de forces est comparable à celui qui prévalait pendant la guerre libyenne. Ceux que les médias nous présentent comme des « révolutionnaires » sont, pour l’essentiel, financés, armés et encadrés par les agents de l’Arabie Saoudite et du Qatar. Le même François Hollande qui justifie la guerre au Mali par la nécessité de battre le « fondamentalisme », prône en même temps une intervention militaire en Syrie pour appuyer les milices fondamentalistes. Il a déjà accordé la reconnaissance diplomatique de la France au Conseil National Syrien (CNS), dont la composante dominante n’est autre que les Frères Musulmans.

Ainsi, la France impérialiste – dont Hollande n’est ici que l’exécutant – ne s’oppose nullement au « fondamentalisme islamique » par principe. Au contraire, elle n’hésite pas à appuyer des fanatiques fondamentalistes quand cela peut faire avancer ses intérêts. Dans d’autres circonstances, l’impérialisme français pourrait soutenir les djihadistes au Mali, en les qualifiant de « rebelles » ou de « révolutionnaires » pour l’occasion, contre le régime de Bamako. Mais en l’occurrence, la guerre actuelle au Mali est menée dans l’intérêt des grands groupes capitalistes français et pour contrer les ambitions de ses rivaux, dont notamment, dans cette région, le Qatar, qui finance des milices (Mujao et Ansar Eddine) pour étendre sa zone d’influence et renforcer sa position dans des « négociations » futures. L’intervention française est appuyée par l’Arabie Saoudite, qui, si elle arme et finance des mouvements fondamentalistes dans le monde entier, veut freiner l’expansion des intérêts qataris en Afrique du Nord. Le Qatar a considérablement renforcé ses positions en Libye, en Egypte et en Tunisie.

Pour tenter de justifier sa position, la direction du PCF explique que quelles que soient nos analyses à propos des objectifs réels de l’intervention, celle-ci a tout de même permis de repousser les milices fondamentalistes, bloquant leur avance vers la capitale et libérant plusieurs villes qui étaient sous leur contrôle. Ce sont des faits que personne ne peut nier. Mais la reconnaissance de cette réalité n’épuise pas la question. Si nous considérons la « protection des populations » contre des exactions, des répressions, etc., comme un prétexte suffisant pour justifier des interventions militaires, alors il faudrait soutenir et même réclamer des interventions militaires dans de très nombreux pays ! Il est vrai que l’intervention française a repoussé les milices vers le nord, sans grande difficulté pour le moment. Même si ces milices séviront de nouveau au Mali ou ailleurs – et peut-être, selon les circonstances du moment, avec l’appui de la France ! –, leur repli actuel est, pour ainsi dire, un sous-produit d’une intervention qui n’en demeure pas moins impérialiste. En conséquence, ce repli de djihadistes ne devrait pas justifier la caution de cette intervention par les dirigeants de notre parti.

Que faire ?

Il n’empêche que notre position sur la guerre au Mali ne peut pas se borner à une simple opposition de principe. Bien des camarades qui sont contre l’intervention ou qui sentent, au moins, qu’il y a quelque chose de « pas clair » dans les justifications officielles, n’ont pas envie de voir le fondamentalisme se répandre et s’installer davantage, que ce soit en Afrique ou ailleurs. S’opposer à l’intervention, disent-ils en substance, équivaudrait à rester passifs devant la menace fondamentaliste. En effet, notre attitude envers la guerre ne peut pas se résumer à une sorte de pacifisme passif. La guerre est un problème concret qui demande une approche politique tout aussi concrète. En tant que communistes, nous avons besoin d’un programme d’action contre cette guerre et contre la guerre impérialiste en général, en solidarité internationaliste avec les victimes d’agressions militaires – que ce soit des milices fondamentalistes ou des armées « régulières ».

Que devraient être les points clés du programme du PCF concernant la guerre au Mali ? Premièrement, le PCF devrait expliquer que pour combattre le fondamentalisme, il faut commencer par s’attaquer aux puissants intérêts financiers et industriels qui sont les principaux fournisseurs d’armes et de matériels des milices, à savoir l’Arabie Saoudite, le Qatar et les autres pays du Golfe. Dans la guerre contre Kadhafi, les avoirs de l’Etat libyen à l’étranger ont été saisis, sous prétexte que ses ressources allaient servir à financer des massacres. Nous devons exiger, en conséquence, l’expropriation des avoirs qataris – et ils sont considérables – en France. Les syndicats du secteur bancaire devraient s’intéresser aux mouvements de capitaux entre la France et les pays promoteurs de l’intégrisme – et les rendre publics. Le PCF devrait exiger la fin de toutes les ventes d’armes (avions, frégates, systèmes de défense, etc.) ainsi que l’arrêt des programmes d’entrainement et autres formes de coopération militaire avec les Etats concernés. Dans les ports, le parti et la CGT devraient mener campagne pour convaincre les travailleurs de bloquer tous les chargements militaires destinés à l’Arabie Saoudite, au Qatar, etc. Les travailleurs dans les aéroports devraient bloquer les vols de leurs compagnies aériennes. Enfin, les grands groupes capitalistes qui pratiquent le « terrorisme économique » en pillant les ressources du Mali et qui soutiennent des régimes corrompus et dictatoriaux partout en Afrique devraient être nationalisés, leurs dirigeants renvoyés, leur gestion réorganisée sur des bases démocratiques et leurs ressources utilisées à des fins progressistes.

N’oublions pas, au milieu de tous ces calculs impérialistes, la classe ouvrière malienne, la jeunesse et l’ensemble du peuple exploité et opprimé du pays. Il faut leur tendre une main fraternelle et internationaliste, sur la base d’une politique indépendante, plutôt que de se raccrocher à la machine de guerre impérialiste. Ce sont les travailleurs maliens qu’il faut aider. Il faut leur donner les moyens de se défendre, non seulement contre quelques milliers de fanatiques islamistes, mais aussi contre les éléments non moins réactionnaires au sein des forces armées maliennes. Cette armée s’est montrée incapable de défendre le peuple. Ses chefs sont corrompus. Elle doit être purgée de l’intérieur et réorganisée sur des bases démocratiques. Les soldats du rang, issus du peuple et vivant comme lui, en s’alliant aux travailleurs de Bamako et d’autres villes, seraient le meilleur rempart contre le fanatisme armé.

En défendant la position de classe et internationaliste que nous proposons, il est fort possible que le PCF ne soit pas forcément suivi, dans un premier temps, ni en France, ni au Mali. Le PCF ne peut pas apporter une solution immédiate à ce problème. Personne ne lui en demande autant. Mais ce qu’il peut faire, par contre, ici et maintenant, c’est expliquer les véritables intérêts qui sont en jeu dans cette guerre, en se dissociant complètement de la politique impérialiste de la France et de ses justifications fallacieuses, et contribuer ainsi à façonner la conscience anti-militariste et révolutionnaire des travailleurs, en France comme au Mali.

L’intervention militaire française ne mènera pas à une quelconque « stabilisation », pas plus qu’en Libye ou en Afghanistan, pas plus que l’invasion américaine a « stabilisé » l’Irak. En Europe comme en Afrique, le capitalisme n’offre aucun avenir aux peuples. Il est à l’origine des problèmes qui se posent. Plus que jamais, nous avons besoin d’un parti qui se positionne clairement comme l’adversaire implacable de ce système et de ses conséquences néfastes, en France comme à l’étranger. Nous devons nous efforcer de corriger la politique du PCF. Notre parti doit s’opposer à l’intervention impérialiste au Mali, sur la base d’une politique révolutionnaire et internationaliste.

Le Mali est un pays pauvre où 47% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où 51% de la population n’a pas accès à l’eau. Le Produit Intérieur Brut par habitant est quant à lui inférieur à 900 euros par an et par habitant

La situation actuelle est héritée de plusieurs décennies d’instabilité. Contrairement à ce que veut nous faire croire le gouvernement et la propagande des JT de 20h, le conflit actuel ne met pas aux prises simplement une armée malienne et islamistes.

Les Touaregs qui sont en opposition avec le pouvoir central et revendiquent l’indépendance d’une région et font partie au travers du MNLA, un groupe de combattants actuellement opposés aux troupes françaises.

Les grandes puissances dont la France sont responsables de la situation, pour 3 raisons :

• Tout d’abord le Mali ainsi que les pays environnants font les frais d’années de mises en place de politiques libérales du FMI ; Celles-ci ont abouti à l’effondrement des Etats centraux, ce qui a permis, dans la région, le développement du terrorisme et des grands trafics perpétrés par des réseaux criminels.

• Ensuite les frontières des pays d’Afrique découlent de la colonisation et ne reflètent en rien les équilibres traditionnels de ces pays. Leur tracé conduit directement à de véritables guerres civiles et à l’instabilité politique surtout quand les régimes mis en place privilégient certaines catégories de citoyens au détriment d’autres.

• Enfin la récente intervention en Lybie a transformé la région en un véritable arsenal à ciel ouvert, permettant aux groupes radicaux de s’armer lourdement. Ainsi au delà du Mali tous les pays de la région sont touchés par les dommages collatéraux de l’intervention en Lybie.

Or, pétrole, uranium et lithium…. Les raisons de la guerre

Le Mali est riche de ses ressources naturelles : l’or (le mali est le 3e producteur de la région), pétrole mais surtout uranium et lithium.

Les gisements sont majoritairement exploités par des entreprises françaises et particulièrement par Total et Areva. Ces ressources sont d’ailleurs situées dans les zones actuellement contrôlées par les islamistes et les Touaregs.

Nous sommes solidaires du sentiment patriotique des maliens, de leur souveraineté.

Mais ce n’est pas la guerre, qui leur permettra d’atteindre la stabilité et la fin des exactions terribles des islamistes. Ce qu’il faut c’est transformer le pays en profondeur, lui permettre d’atteindre la prospérité économique et la justice sociale.

C’est le développement, c’est un juste partage des richesses qui permettra au Mali de sortir de la crise, non une intervention militaire extérieure, car l’islamise comme tous les obscurantismes qu’ils soient religieux ou non naissent de la misère et de l’exploitation.

Mouvement Jeunes Communistes de France, le 17 janvier 2013

Contrairement à ce qu’affirment François Hollande et son gouvernement, l’intervention de l’armée française au Mali n’a rien à voir avec les prétendues « valeurs de la France », les « droits de l’homme » ou d’autres préoccupations « humanitaires ». Il s’agit d’une intervention impérialiste visant à protéger les intérêts des multinationales françaises dans la région. Le récent effondrement de l’Etat malien et l’offensive des djihadistes dans le nord du pays menacent de déstabiliser les pays frontaliers du Mali, où la classe dirigeante française exploite à une vaste échelle des ressources naturelles : l’uranium au Niger, l’or en Mauritanie, le gaz et le pétrole en Algérie, etc.

Loin de « lutter contre le terrorisme », cette intervention militaire fera le jeu des groupes fondamentalistes implantés en Afrique du Nord. L’agression impérialiste de la Libye, en 2010, a renforcé l’armement des fondamentalistes. Bon nombre des armes entre les mains des djihadistes qui occupent le nord du Mali viennent de Libye. Au lieu de « ramener la stabilité », l’intervention française aggravera l’instabilité régionale. Et ceux qui en payeront le prix fort, comme toujours, seront les populations déjà en proie à une extrême pauvreté.

Les objectifs de guerre du gouvernement français sont la reconquête du nord du Mali et la reconstruction d’un Etat malien soumis aux intérêts impérialistes français et contrôlant l’ensemble du territoire. C’est impossible sans le déploiement au sol d’un nombre important de soldats, sur une longue période, avec son lot d’attentats, de soldats et de civils tués, sans oublier les centaines de millions d’euros – et peut-être davantage – qui seront dépensés par l’Etat français, au moment même où François Hollande impose la rigueur budgétaire à la masse de la population. Il n’y a pas d’argent pour les hôpitaux et les services publics – mais il y en a pour défendre les intérêts de l’impérialisme français.

Les gouvernements européens et américain « approuvent » unanimement l’intervention française, promettent toutes sortes d’aides logistiques, mais se montrent très réticents à envoyer des soldats sur le terrain. Ils savent que cette guerre sera longue et coûteuse. Ils laissent généreusement aux soldats français le privilège de risquer leur vie pour le compte de multinationales – et au gouvernement français celui d’en payer le prix politique et budgétaire.

Le Front de Gauche et le mouvement syndical doivent condamner cette intervention et exiger le retrait des soldats français engagés au Mali. Les peuples de la région n’ont rien de bon à attendre de cette nouvelle aventure militaire. Ce sont les impérialistes qui, depuis des décennies, sèment le chaos, la misère et la désolation sur le continent africain. Ils ne peuvent pas être à la fois le problème et la solution. Seule une mobilisation des masses africaines, contre le capitalisme et l’impérialisme, leur ouvrira un avenir digne de ce nom.