Le 12 septembre dernier, la justice française ordonnait la fermeture dominicale des magasins Leroy Merlin et Castorama. Cette décision, assortie d’une amende en cas d’ouverture, représente une victoire pour les syndicats qui luttent contre le travail le dimanche. Et pourtant, en dépit de cette victoire sur le patronat, de plus en plus de salariés travaillent le dimanche. Il y a dix ans, seul un salarié sur quatre travaillait le dimanche, contre un sur trois aujourd’hui [1].

Il faut dire que les différents gouvernements de droite ont progressivement modifié le Code du travail pour promouvoir le travail le dimanche. En 2009, Sarkozy s’y était attelé pour faire du dimanche « un jour comme les autres ». A terme, la disparition du caractère exceptionnel du dimanche conduit à celle des majorations de salaire qui y sont afférentes. De plus, la généralisation du travail le dimanche, dans quelque secteur que ce soit, constitue une aubaine pour l’étendre à l’ensemble des secteurs d’activités qui y sont liés de près ou de loin. En particulier, les services comme la Poste, les banques, les crèches et les transports sont directement concernés par ce risque de généralisation du travail dominical.

« Majoration » et « volontariat »

On voudrait nous faire croire que tous les salariés qui travaillent le dimanche le font volontairement pour bénéficier de la majoration. Or c’est faux. Tous les salariés travaillant le dimanche ne bénéficient pas d’une telle majoration de leur rémunération. L’augmentation du salaire le dimanche n’est donc pas systématique. Elle dépend des conventions collectives de chaque secteur, lesquelles dépendent du rapport de force entre patronat et salariés.

Quant à ceux qui bénéficient de la majoration, on ne peut pas dire qu’ils sont pour autant « volontaires ». Les pressions exercées sur les salariés, en particulier les plus jeunes, du fait des bas salaires et du chômage de masse, ne permettent pas de « librement » choisir. Les premières conditions pour être « volontaire », c’est d’abord l’absence de chômage et d’avoir un travail et un salaire décents. Conditions qui ne sont pas réunies… Pire : le patronat profite de ces situations pour tenter d’opposer les salariés syndiqués et non syndiqués.

Le cas des étudiants

Le patronat et les médias clament que les étudiants, déjà sérieusement touchés par la précarité, seraient pénalisés par la disparition du travail dominical. C’est oublier un peu vite que l’échec scolaire en université est intimement lié au travail des étudiants. C’est aussi fermer les yeux sur les difficultés financières des étudiants pour se loger et se nourrir, qui résultent d’un manque chronique de logements étudiants de qualité et de l’inexistence d’un revenu minimal alloué à chaque étudiant.

Les travailleurs le méritent bien !

Le dimanche permet aux travailleurs d’avoir des loisirs, de se cultiver, de décompresser et de profiter de leur famille, le cas échéant. Le travail du dimanche généralisé serait une atteinte aux libertés fondamentales des travailleurs. En voulant remettre en cause cet acquis social, le patronat entend faire un bond en arrière de plus d’un siècle, dans le but de mettre les salariés à leur disposition selon leur bon vouloir.

Du point de vue du consommateur, le travail du dimanche n’est pas une solution. Ce que l’on ne peut pas dépenser en semaine, on ne peut toujours pas le dépenser le dimanche. Dans la situation sociale actuelle, où la crise amène chaque jour ses plans de licenciements, il doit y avoir d’autres priorités que celle de vouloir faire travailler les salariés le dimanche.

Pour lutter contre la pauvreté, contre le travail précaire, pour le plein emploi, nous réclamons :

- Le SMIC à 1500 €
- La disparition du travail le dimanche, sauf cas exceptionnels soumis à l’autorisation des organisations syndicales.
- La diminution du temps de travail à salaire constant, pour embaucher les chômeurs.
- Un plan de construction massif de logements sociaux, notamment à destination des étudiants.

 

[1Source : Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES).

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