Commissions de discipline, convocation au commissariat ou devant les tribunaux : une vague de répression frappe en ce moment de très nombreux syndicalistes. En pointe dans le récent mouvement contre la réforme des retraites, la CGT Energie (FNME CGT) est visée par plus de 400 plaintes.

Le 6 septembre dernier, Sébastien Ménesplier, Secrétaire général de la FNME CGT, a été convoqué à la gendarmerie de Montmorency pour répondre d’une coupure de courant qui s’est déroulée le 8 mars sur la commune d’Annonay, le fief du ministre du Travail, Olivier Dussopt. Le 11 septembre, c’est Mathieu Pineau, ancien Secrétaire général de la FNME CGT de Loire-Atlantique, qui était convoqué à la gendarmerie de Muzillac (Morbihan), suite à une plainte déposée par RTE, l’entreprise qui gère le réseau public d’électricité. Le 15 septembre, trois autres camarades de la FNME CGT des Bouches-du-Rhône étaient convoqués au Tribunal correctionnel de Marseille. Enfin, le 21 novembre, deux autres camarades devront se présenter devant un tribunal à Bordeaux.

Représailles

Derrière toutes ces convocations se trouve la même logique : ces militants sont convoqués à titre de représailles, pour les punir d’avoir manifesté contre la réforme des retraites, d’avoir mobilisé toutes les semaines des centaines de salariés et organisé des grèves, d’avoir lutté contre la casse du service public de l’Energie et contre l’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité.

Cette vague de répression touche aussi de nombreux militants syndicaux investis dans des luttes locales. Ainsi, quatre syndicats (SUD, CGT, FNCR et CFDT) de Tisséo, l’entreprise qui gère les transports en commun toulousains, ont été assignés en justice pour « exercice abusif du droit de grève et blocages illicites », alors qu’ils sont engagés en ce moment même dans une lutte très dure pour obtenir des augmentations de salaire.

Dans le Loiret, le 6 juillet, la Secrétaire de la CGT Santé a été condamnée (avec sursis) à une amende de 2500 euros pour avoir distribué un tract sur les conditions de travail dans un Ehpad.

A Perpignan (Pyrénées-Orientales), cinq militants de la FAPT CGT (La Poste) ont été entendus le 29 mars pour « entrave à la liberté de travail ». Derrière cette formule juridique, il leur est reproché d’avoir organisé un piquet de grève quelques jours plus tôt.

Enfin, à Niort, s’est ouvert le 8 septembre le procès de plusieurs militants qui avaient participé à des manifestations contre la bassine de Sainte-Soline en octobre 2022 et en mars 2023. Parmi eux figure le Secrétaire général de la CGT des Deux-Sèvres, David Bodin.

D’après la direction confédérale de la CGT, près de 1000 militants et dirigeants syndicaux sont actuellement visés par cette vague de répression judiciaire. Cette tendance n’est pas nouvelle, mais elle s’est accentuée depuis 2016 après les mobilisations contre la loi Travail et les ordonnances Macron.

Au-delà du recours à la « Justice », la répression antisyndicale prend aussi la forme de licenciements punitifs. Chez Verallia, à Chalon-sur-Saône, deux militants CGT ont été licenciés cet été, pendant les vacances, avec la bénédiction du ministère du Travail. Leur crime : avoir alerté publiquement sur la présence d’amiante dans leur entreprise en février 2020, mais aussi – et surtout – avoir organisé des luttes victorieuses.

Même lorsqu’elle n’est pas aussi visible, la répression patronale est à l’œuvre en permanence : mise au placard, harcèlement, blocage du déroulement de carrière, etc. Ces agissements sont illégaux, bien sûr, mais cela n’a jamais empêché le patronat de régner arbitrairement dans l’entreprise. Le message que cette répression veut faire passer est clair : si vous luttez ou si vous vous organisez dans un syndicat combatif, vous aurez en permanence des ennuis, vos conditions de travail se dégraderont – et votre emploi lui-même sera menacé.

Passer à l’offensive !

Des initiatives ont été prises pour faire face à cette vague de répression. Par exemple, la CGT des Pyrénées-Orientales a mis sur pied un comité spécial pour aider les militants qui en sont victimes et qui sont souvent isolés dans de petites entreprises, ce qui complique l’organisation de leur défense. Cette initiative est excellente et devrait être généralisée.

Cependant, il faut aller plus loin. Dans le contexte d’une crise générale du capitalisme, les patrons sont à l’offensive pour défendre leurs marges de profit. Ils ont recours à des méthodes de plus en plus répressives, dans les grandes entreprises comme dans les petites. Et ils peuvent compter sur le soutien de leur Etat, de leur police et de leur Justice pour attaquer les syndicalistes les plus combatifs.

Dès lors, le mouvement ouvrier ne doit pas se contenter de répondre aux coups. Il doit lui-même passer à l’offensive. La lutte contre la répression syndicale doit aller de pair avec une campagne systématique pour mobiliser la jeunesse et les travailleurs sur un programme de rupture avec le capitalisme lui-même, car c’est ce système que le patronat défend en mobilisant la police et la Justice contre les militants qui se battent pour nos conditions de vie et de travail.

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