Les grèves des éboueurs marquent les esprits en s’installant dans l’espace public. Les tas d’ordures qui s’entassent lentement dans les rues rappellent à tous, y compris aux patrons du secteur, que rien ne se fait sans les salariés. Accompli au petit matin, ce travail pénible, salissant et bien souvent précaire, semble invisible – alors qu’il est indispensable.

Délégation de service public

Du 2 au 18 avril, les éboueurs lyonnais de Pizzorno Environnement ont fait grève pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. Pizzorno est une entreprise privée assurant une délégation de service public pour la Métropole de Lyon. Après avoir obtenu le marché public en cassant les prix, elle fait des économies sur le dos des salariés. Outre des salaires plus bas de 300 euros que dans le public, en moyenne, les conditions de travail sont très mauvaises. Par exemple, les tenues de travail bas de gamme s’usent si vite qu’elles ne respectent pas les bases de la santé et de la sécurité au travail. Encore un exemple de l’efficacité de la concurrence !

Le service public n’est pas rose pour autant. Les conditions de travail ne sont pas bonnes ; elles sont seulement moins mauvaises. Une grève des éboueurs du public a d’ailleurs eu lieu du 19 mars au 5 avril. Elle s’est terminée par une victoire partielle des grévistes, ce qui a encouragé les éboueurs du privé.

Métropole et patronat unis contre la grève

Pizzorno n’avait pas l’intention de lâcher la moindre miette à ses employés. Ses patrons ont d’abord catégoriquement refusé de négocier, tout en attaquant la grève par tous les moyens possibles : recours à des salariés d’autres villes, embauche d’intérimaires, intimidation des grévistes, et même poursuites judiciaires contre les piquets de grèves  pour « entrave à la liberté de travail » et « diffamation ».

Derrière sa posture de fausse neutralité, la métropole de Lyon était hostile aux grévistes. Ses menaces de pénalités financières contre l’entreprise – en cas de poursuite de la grève – ont surtout servi d’arguments au patron , lors des négociations. La métropole avait d’ailleurs elle-même attendu  trois semaines avant de négocier avec « ses » grévistes.

Les revendications des grévistes de Pizzorno ont été partiellement satisfaites : les équipements seront changés plus régulièrement et des primes leur seront versées. Mais ces acquis restent fragiles. Le capitalisme est incapable de traiter dignement ceux qui nettoient nos rues.

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