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L’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Toulouse connaît depuis plusieurs années une hausse des frais d’inscription. Cette année, le Conseil d’Administration a voté une nouvelle hausse de 196 euros (soit 725 euros l’inscription), et ce malgré la mobilisation étudiante : Assemblées Générales, pétition rassemblant plus de 400 signatures et une manifestation, devant la salle du Conseil, qui a réuni 120 étudiants.

Il est des moments où le désengagement financier de l’Etat se solde par le mécontentement de tous. Au sein de l’IEP, la mobilisation grandit. Tout le monde s’est mis à parler politique. L’administration prétendait qu’il n’y avait pas d’autres solutions, que de toute façon le service public de l’enseignement n’existait plus.

Or, il y a bien une autre solution : Valérie Pécresse a promis 15 milliards d’euros suite à la mobilisation anti-LRU. Où sont-ils ? Par ailleurs, au-delà de cette promesse non tenue (comme tant d’autres), les étudiants de Sciences-Po ont bien compris que le problème était politique, national, et que ce n’était pas seulement une question de frais d’inscription. Ils ont donc immédiatement cherché à rallier l’administration et les professeurs à leur lutte, mais aussi à s’unir au mouvement lycéen qui a la même cause fondamentale : un Etat aux mains de capitalistes qui le gèrent pour leurs propres intérêts.

Un blocage, voté en AG, a duré 5 jours. Tout s’est bien passé. Les difficultés rencontrées furent de la responsabilité de l’administration : menaces individuelles, altercations avec les vigiles d’une société privée engagés pour « veiller à notre sécurité », engagements non tenus… Je vous passe les tentatives désespérées pour que le blocage n’ait pas lieu, la recherche du « dialogue » et du « compromis » tout en sachant que l’administration ne lâcherait rien au niveau de la hausse des frais d’inscription (ce qui n’est pas sans rappeler la recherche de « dialogue » du gouvernement Sarkozy…).

A l’heure actuelle, l’administration n’est plus en mesure d’imposer ses conditions et lâche du terrain. Les étudiants ont montré leur force et rappelé que la lutte est une nécessité à ceux qui en douteraient encore !

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Voici par ailleurs la lettre ouverte du comité de lutte de l’IEP Toulouse :

A cet enseignement public qui disparaît…

Si aujourd’hui les étudiants de Sciences-Po Toulouse se mobilisent et prennent leur plume, c’est avant tout afin d’avertir l’opinion publique des menaces qui pèsent sur l’enseignement public en France.

L’exemple de notre IEP (Institut d’Etudes Politiques) est tout à fait symptomatique. Le Conseil d’Administration a décidé cette année d’augmenter les frais d’inscription de 196€, ce qui fait qu’aujourd’hui les frais d’inscription s’élèvent au total à 725€ par étudiant, sécurité sociale non comprise. Cette hausse fait suite à plusieurs autres augmentations ces cinq dernières années.

Nous ne nous opposons pas à notre administration et comprenons bien que si ces frais d’inscription augmentent c’est pour pallier à un désengagement financier de l’Etat. Ainsi,  à l’IEP, la dotation globale de fonctionnement n’augmentera pas l’année prochaine, malgré le passage du diplôme de 4 à 5 ans (ce qui implique une augmentation du volume horaire, etc.). Il est triste de se rendre compte qu’un enseignement qui se veut de qualité est contraint de reposer sur le portefeuille des étudiants. Le risque est de tourner le dos à une mixité sociale nécessaire, de remplacer la solidarité nationale par des solidarités localisées.

Il est important pour nous que ce message soit diffusé, à la fois pour l’ensemble des IEP de France, mais aussi bien au-delà, puisque cet  amer constat et cette tendance au désengagement s’imposent aujourd’hui à toutes les échelles de l’enseignement français. Au vu des suppressions de postes qui affectent l’enseignement secondaire, nous nous préoccupons de l’avenir global du système éducatif  en France. Nous dénonçons la logique de privatisation qui tue ce service public autrefois accessible à tous et de qualité.

Nous réaffirmons notre attachement à un système où la solidarité de toute une population, par l’impôt, permettait à tout un chacun, quelque soit son milieu social, d’avoir le même accès au service public.

Notre appel se veut donc le plus large possible et s’adresse à tous ceux qui se sentent concernés par ces problèmes : étudiants, lycéens, professeurs, personnels administratifs, parents d’élèves et tout simplement chaque citoyen. Nous interpellons les pouvoirs publics pour demander un financement de l’enseignement et de la recherche à hauteur des besoins, à l’IEP comme ailleurs.

Que chacun prenne ainsi ses responsabilités et que les promesses d’investissement sans précédent faites par la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche (suite aux manifestations contre la LRU) soient enfin tenues…

Le Comité de mobilisation de Sciences Po Toulouse

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