Les vétérans de la guerre du Golfe, comme ceux de Bosnie et du Kosovo, ont commencé une marche macabre devant les offices des médecins. D’étranges symptômes sont apparus au sein des contingents : fatigue chronique, perte de mémoire, capacité respiratoire réduite, leucémies, troubles de la vue, et bien d’autres. Plusieurs hypothèses ont étés émises pour expliquer ces phénomènes que l’on a surnommés syndrome du Golfe et syndrome des Balkans. Mais les raisons invoquées, telles que les armes chimiques, les différentes pilules "magiques" ou les vaccins expérimentaux, n’ont pas fourni un écran de fumée suffisamment épais pour cacher la réalité des véritables petites guerres atomiques qui se sont déroulées dans le Golfe et dans les Balkans.

Les missiles Tomahawk, les missiles Phalanx, les munitions du char Leclerc, de l’hélicoptère Apache et du désormais célèbre avion A-10, dit "tueur de chars", sont composés pour la plupart d’uranium appauvri. Sans le savoir, des milliers de soldats ont été en contact avec l’uranium appauvri et ont été contaminés sur le terrain des opérations.

Jusqu’à ce que ce soit trop flagrant, l’OTAN a menti délibérément et tenté de maintenir le secret-défense sur l’utilisation de matières radioactives. On sait que l’armée ne réserve que du mépris pour ces soldats qu’elle n’a pas hésité à exposer volontairement aux radiations, lors des premiers tests sur les bombes atomiques. On sait à fortiori que l’OTAN est parfaitement consciente des conséquences de ses actes. Un an avant la guerre du Golfe, un groupe de recherche lié à l’armée américaine écrivait : "Les dangers de l’uranium pour la santé ont été étudiés de manière extensive. L’exposition des soldats à des aérosols d’uranium appauvri pourrait être significative, et avoir des effets radiologiques et toxiques. Ces impacts sur la santé pourraient être impossibles à quantifier de manière fiable". La conclusion du document est édifiante : "Des efforts de relations publiques sont conseillés, étant donnée la perception (négative) de la radioactivité par le public. Les activités de combat et de manœuvre présentent un risque de réaction d’opposition internationale."

Bien entendu, l’hypocrisie et le tripotage nucléaire ne sauraient être étrangers à la France. Dès 1987, des obus américains ont été testés à grande échelle à Gramat, dans le Lot. Une filiale de la COGEMA a acheté 1000 tonnes d’uranium aux USA pour fabriquer des munitions. Notre décidément très socialiste ministre de la défense, Alain Richard, a confirmé en 1998 devant l’assemblée nationale la commande de 60 000 obus composés d’uranium. En fin de compte, les membres de l’OTAN, et en premier lieu la France, débarrassent les américains de leurs déchets nucléaires en les recyclant sous formes d’armes.

Le lamentable bilan de milliers de vétérans contaminés, certains mourrant dans une grande souffrance, d’autres engendrant des enfants difformes, nous permet seulement de commencer à mesurer les conséquences de l’emploi massif d’uranium. Car le pire est à venir : déjà d’Irak nous parviennent, à travers l’embargo, quelques informations sur le nombre incalculable d’enfants victimes des radiations. Par ailleurs l’environnement y est contaminé pour très longtemps.

Lors de son intervention en Serbie, l’OTAN avoue avoir tiré 31000 obus d’avion A-10 à l’uranium - à quoi il faut ajouter les perforateurs des bombes et des missiles. Les années à venir nous en révèleront les conséquences humanitaires et écologiques.

Malheureusement, le secret militaire, même s’il est de plus en plus difficile à justifier, empêche de faire toute la lumière sur les terrains touchés. Il est pourtant urgent de pouvoir faire des analyses scientifiques sur les lieux de contamination. Mais seul le contrôle démocratique de l’ex-Yougoslavie par la population pourrait mettre un terme à la guerre et remédier sérieusement à ce nouveau problème de la radioactivité— si possible avant que l’OTAN ne nous entraîne un peu plus vers le chaos.

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