Résumé d'un article paru sur In Defence of Marxism le 18 décembre 2018


Mi-décembre, le gouvernement de Victor Orban a fait voter une réforme du droit du travail surnommée « loi d’esclavage » par l’opposition. Elle prévoit notamment de faire passer le plafond annuel d’heures supplémentaires de 250 à 400 – et de pouvoir en repousser le paiement jusqu’à trois ans !

Répression et calomnies

Une forte majorité des Hongrois – et même 63 % des partisans d’Orban – y est hostile. Avant même que la loi ne soit votée, des manifestations se sont tenues devant le Parlement. Elles n’ont cessé de s’amplifier. Le 16 décembre, près de 15 000 personnes marchaient sur le bâtiment de la télévision publique, à Budapest. Des manifestations ont eu lieu, le même jour, dans la plupart des grandes villes du pays.

Le gouvernement a répondu par la répression et les calomnies. Les gaz lacrymogènes ont été largement employés contre ceux que le gouvernement accuse d’être des « criminels anti-chrétiens payés par George Soros ». Le complot étranger est décidément une explication à la mode, chez les dirigeants bourgeois. Orban y ajoute une touche antisémite.

En réalité, cette loi est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase d’une colère accumulée de longue date. Depuis de nombreuses années, les droits des travailleurs sont attaqués pour rendre la Hongrie plus « attractive pour les investisseurs ». Si le chômage est relativement bas (3,7 %), c’est au prix d’un exode important de travailleurs qualifiés et d’une précarisation massive de ceux qui restent.

Perspectives

La principale faiblesse du mouvement actuel est qu’il ne dispose pas d’une direction crédible. Les dirigeants réformistes du Parti Socialiste (MSZP) tentent de profiter de la mobilisation. Mais ils étaient au pouvoir entre 2006 et 2010, et c’est leurs politiques d’austérité qui ont pavé la voie à Orban. De son côté, la direction des syndicats « menace » d’appeler à la grève générale, mais ne fait pas grand-chose pour mettre cette menace à exécution.

Jusqu’alors, cette absence d’opposition crédible avait aidé à Orban à maintenir la « paix sociale », qui reposait sur un savant mélange de chantage aux aides sociales et de propagande anti-migrants. Mais la mobilisation contre la « loi d’esclavage » prouve que cette « paix sociale » n’était qu’une trêve fragile. Ce mouvement échouera peut-être faute de perspectives et de direction, mais il est le signe sûr que la lutte des classes est de nouveau à l’ordre du jour, en Hongrie.

 

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