Depuis la première élection de Jérémy Corbyn à la tête du Parti travailliste (Labour), en septembre 2015, son aile droite lui livre une lutte constante. La grande majorité des députés du Labour défendent les politiques d’austérité. Ces carriéristes ne se distinguent en rien des Conservateurs. Ils sont horrifiés par le programme anti-austérité de Corbyn, et plus encore par le soutien massif dont il bénéficie. Le Labour se trouve donc déchiré entre une majorité de sa direction et une majorité de sa base militante.

L’excuse du Brexit

Le Brexit, fin juin, a donné à l’aile droite du Labour l’occasion de tenter un « coup d’Etat » contre Corbyn, sous prétexte que ce dernier n’aurait pas fait suffisamment campagne pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE. Dans la foulée du vote pour le Brexit, la plupart des membres du « gouvernement fantôme » du Labour – sorte de gouvernement fictif de l’opposition – ont démissionné et appelé Corbyn à renoncer à la direction du parti. Dans le même temps, 80 % des députés travaillistes votaient une motion de défiance contre Corbyn. Mais comme il était massivement soutenu par la base du parti et refusait de démissionner, la direction – qui est contrôlée par l’aile droite – a dû se contenter de provoquer une nouvelle élection du chef du Labour. Le résultat de ce scrutin est prévu pour le 24 septembre.

Les deux candidats sont Jérémy Corbyn et Owen Smith. Celui-ci représente l’aile droite du parti. Son seul « atout » est d’être relativement inconnu du grand public. Mais il a soutenu la conspiration contre Corbyn dans la foulée du Brexit.

Purges

Tout au long de l’été, l’aile droite du Labour a procédé à des purges massives de militants soupçonnés de soutenir Corbyn. D’abord, 130 000 personnes qui avaient rejoint le Labour depuis le mois de janvier ont été informées qu’elles ne pourraient pas participer au vote. Puis, parmi les 180 000 sympathisants qui se sont inscrits – conformément à la procédure arrêtée – pour participer au vote, 50 000 ont été écartés des listes d’électeurs, sous le prétexte hallucinant qu’ils « ne partagent pas les objectifs et les valeurs du Labour ». Enfin, de nombreux militants ont reçu un courrier leur signalant leur exclusion du parti, sous prétexte qu’ils ont publié tel ou tel commentaire sur Facebook ou Twitter ! C’est arrivé à plusieurs de nos camarades de Socialist Appeal, la section britannique de notre Internationale.

L’objectif évident de ces purges est d’empêcher la réélection de Corbyn à la tête du parti. On ne peut exclure que cela aboutisse, mais c’est peu probable. Tous les sondages donnent Corbyn largement vainqueur, malgré les manœuvres de la bureaucratie. Le chef du Labour l’avait emporté avec 60 % des voix en septembre 2015 ; il pourrait faire encore mieux cette fois-ci. De nombreuses organisations syndicales – qui participent au vote – soutiennent officiellement Corbyn, et notamment les deux plus importantes : Unite et Unison.

Scission

Une scission du Labour semble désormais inévitable. L’aile droite – appuyée par les grands médias – accuse Corbyn d’être « incapable de remporter une élection » du fait de son programme, qui comprend notamment la renationalisation du rail, des investissements massifs dans les services publics et la fin de l’austérité. Mais leur véritable problème est, au contraire, que Corbyn pourrait remporter les prochaines élections législatives. La bourgeoisie britannique redoute un scénario « à la grecque » et veut l’éviter à tout prix. Les dirigeants droitiers du Labour, à commencer par la plupart de ses députés, sont dévoués corps et âme aux intérêts du capitalisme britannique. Ils sont prêts à provoquer une scission du Labour pour empêcher Corbyn de prendre le pouvoir.

Cette guerre civile au sein du Labour reflète une polarisation de classe croissante, après des années de coupes budgétaires, de privatisations et de délabrement des services publics. Dans ce contexte, nos camarades de Socialist Appeal soutiennent Jérémy Corbyn sous le mot d’ordre : « Défendre Corbyn ! Lutter pour le socialisme ! » Tout en luttant contre la droite du Labour, ils soulignent la nécessité de renouer avec les idées authentiques du socialisme et de compléter le programme de Corbyn par des mesures décisives contre le pouvoir des capitalistes.

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