Le dernier président colombien de gauche, José Maria Melo, a dirigé le pays en... 1854. Cela fait donc 164 ans que la droite gouverne la Colombie. Mais elle pourrait perdre le pouvoir lors du deuxième tour de l’élection présidentielle, le 17 juin prochain.

Le premier tour, le 27 mai, fut historique : Gustavo Petro – le candidat de gauche – a recueilli 25 % des suffrages, soit 5 millions de voix. Arrivé en deuxième position, il s’est qualifié pour le deuxième tour d’une élection marquée par une très forte polarisation politique.

Les programmes

La Colombie est l’un des pays les plus inégalitaires au monde. Les travailleurs y subissent une exploitation brutale. Ils ont massivement soutenu Petro, qui propose de prendre des mesures progressistes, dans leur intérêt. Petro envisage notamment de défendre l’accord de paix avec les FARC, d’engager une réforme agraire (aujourd’hui, 0,5 % des propriétaires contrôlent 70 % des terres), de rendre la santé et l’éducation publiques et gratuites, d’investir massivement dans l’industrie et les énergies renouvelables.

Ces réformes entrent en contradiction avec les intérêts de la bourgeoisie colombienne, qui hait Petro. Pour tenter de le discréditer, elle l’accuse de « castro-chavisme » et lui reproche son passé de guérillero. Le 2 mars dernier, en pleine campagne électorale, il a fait l’objet d’une tentative d’assassinat.

Petro affrontera le réactionnaire Ivan Duque (39 % des voix au premier tour), un serviteur dévoué de l’oligarchie colombienne. Il veut défendre les privilèges de la classe dirigeante et accentuer la répression du mouvement ouvrier colombien. Il propose aussi de revenir sur les accords de paix conclus avec les FARC.

Réforme et révolution

L’énorme succès de la campagne de Gustavo Petro marque un tournant dans l’histoire de la Colombie. Cela prouve que, contrairement à ce que l’on entend parfois, il n’y a pas de « virage à droite » en Amérique latine.

Petro est un réformiste de gauche : son programme est progressiste, mais il ne s’attaque pas de façon décisive à la grande propriété capitaliste. Dès lors, si Petro l’emportait, la bourgeoisie colombienne – archiréactionnaire, corrompue et spécialisée dans l’assassinat de syndicalistes – userait de tous ses pouvoirs pour empêcher la mise en œuvre de réformes progressistes. Pour priver l’oligarchie de son pouvoir de nuisance, il faudra la priver de ses pouvoirs économiques et politiques : l’exproprier, puis transférer le contrôle de l’économie et de l’Etat entre les mains du peuple.

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