Inde

Au terme d’un an d’une lutte massive, les paysans indiens ont remporté une importante victoire sur le gouvernement réactionnaire de Narendra Modi. Ils l’ont contraint à annoncer, le 19 novembre dernier, le retrait de ses trois lois réactionnaires sur l’agriculture, qui auraient poussé dans la misère des millions de petits exploitants agricoles.

Une lutte acharnée

Ces trois lois s’inscrivaient dans la continuité des réformes libérales menées par le gouvernement Modi. Elles menaçaient de jeter les petits agriculteurs dans l’arène de l’agrobusiness mondial en abolissant le prix d’achat minimum des produits agricoles, fixé jusqu’à présent par la loi. Celle-ci garantissait aux fermiers de pouvoir écouler leur production à un prix suffisant pour survivre.

En septembre 2020, les paysans indiens ont donc engagé une lutte acharnée pour défendre leur existence même. Sous la bannière du Samyukt Kisan Morcha (SKM), un front rassemblant près de 40 syndicats d’agriculteurs, des groupes d’action ont marché sur la capitale, New Delhi, depuis les campagnes. Un sit-in permanent s’y est installé.

Leur mobilisation a suscité la solidarité dans différentes couches de la société, et particulièrement dans la classe ouvrière. Sous pression, le gouvernement Modi a entamé, dès le mois de janvier 2021, une série de « négociations » avec les dirigeants du mouvement. Il cherchait à gagner du temps dans l’espoir que la mobilisation s’essouffle. Mais après onze rencontres infructueuses, la direction du mouvement a dénoncé cette imposture.

Les paysans ont maintenu leur sit-in jour et nuit, malgré les arrestations, les charges de la police et les assassinats commis par les nervis de Modi. On estime que 700 paysans ont trouvé la mort au cours de cette longue lutte. De leur côté, les grands médias indiens ont tout tenté pour discréditer le mouvement, en l’accusant notamment de « communautarisme ».

Le 26 janvier 2021, le « Jour de la République », qui célèbre l’indépendance de l’Inde, des centaines de milliers de paysans ont marché jusqu’à New Delhi et ont occupé le Fort Rouge, un site historique qui symbolise la lutte pour l’indépendance du pays. Cette action a entraîné dans la lutte de nouvelles couches de paysans, notamment depuis l’Etat d’Uttar Pradesh. Le mouvement a pris alors un essor irrésistible. C’est cette remarquable endurance qui a forcé Modi à jeter l’éponge, le 19 novembre dernier.

La banqueroute des partis traditionnels

Tous les grands partis d’opposition ont joué un rôle lamentable pendant cette mobilisation. Ils ont d’abord pris soin de se distancier de la lutte des paysans. Ils n’ont commencé à s’en rapprocher que lorsque la lutte s’est développée à l’échelle nationale.

Certains ont changé leur position du tout au tout, sous la pression des masses. Le parti d’extrême-droite Shiromani Akali Dal (SAD) a tout d’abord soutenu Modi et sa loi. Mais il a dû opérer un demi-tour complet sous la pression de sa base paysanne.

Le vieux Congrès National Indien – un parti bourgeois – n’a pas soutenu les paysans. Et pour cause : lorsqu’il dirigeait le pays, ce parti avait commencé à mettre en place des mesures qui ouvraient la voie aux lois réactionnaires de Modi.

Quant aux dirigeants staliniens du Parti Communiste d’Inde Marxiste (CPI-M), ils se sont tenus à l’écart de la mobilisation et sont considérés par les paysans comme leurs ennemis. Il faut dire qu’en 2007, alors qu’il dirigeait l’Etat du Bengale, le CPI-M avait tenté d’exproprier des agriculteurs pour permettre l’implantation d’une usine chimique. Face à la résistance des paysans, le CPI-M avait envoyé la police, qui avait abattu 14 personnes.

Au fond, tous ces partis sont d’accord avec la réforme de Modi ; ils ne se distinguent de sa politique pro-capitaliste que sur la forme. Ce n’est pas grâce à eux, ni grâce à la Cour suprême, que les paysans ont vaincu Modi. C’est uniquement en comptant sur leurs propres forces.

Unité des travailleurs et des paysans !

La Tendance Marxiste Internationale a soutenu les fermiers depuis le premier jour de leur mouvement. Nous avons publié des interviews des dirigeants syndicalistes paysans du Punjab. Les militants indiens de la TMI sont intervenus dans différentes organisations ouvrières et syndicales pour les appeler à soutenir la lutte des paysans.

Nos camarades et nos sympathisants, en Inde, sont intervenus dans cette lutte avec des idées et des perspectives révolutionnaires. Ils ont reçu un très bon accueil. Ils ont notamment souligné la nécessité d’unir la lutte des paysans à celle des ouvriers, et de préparer une grève générale pour faire tomber le gouvernement Modi. Enfin, nos camarades ont expliqué que les paysans et les ouvriers indiens ont besoin d’un parti qui défende un programme révolutionnaire de transformation socialiste de la société.

Félicitations aux paysans indiens pour leur victoire !

Résistons aux prochaines attaques de Modi et de ses maîtres capitalistes !

Paysans et ouvriers, unissons-nous dans la lutte !

Depuis la mi-octobre, les paysans indiens se mobilisent contre la réforme agraire mise en place par le gouvernement de Narendra Modi. Celle-ci impacte profondément le secteur agricole et dégrade les conditions d’existence des masses indiennes, déjà particulièrement précaires.

Un immense mouvement de masse

La mobilisation, qui rassemble plus d’une trentaine d’organisations syndicales, a été d’une ampleur inédite. La grève générale du 8 décembre, le Bharat Bandh (« blocage du pays »), a paralysé le territoire et complètement bloqué l’accès à la capitale. Elle a rassemblé 250 millions de grévistes, soit 18,5 % de la population ! Même à l’échelle de l’Inde, il s’agit d’une mobilisation historique.

Le mouvement est lourdement et violemment réprimé, sous les applaudissements des médias de droite, qui accusent les grévistes d’être sous « influence étrangère ». Mais malgré les violences, la répression et les insultes, la mobilisation se poursuit, avec des blocages et des grèves localisées. A l’heure où nous écrivons ces lignes (29 décembre), les représentants du mouvement ont rejeté toutes les propositions d’amendements faites par le gouvernement, et réclament toujours le retrait pur et simple des lois agraires.

Les fermiers à la merci des grandes entreprises

En Inde, 47 % de la population active dépend du secteur agricole. La majorité des agriculteurs cultivent de très petites parcelles qui leur permettent à peine de gagner de quoi vivre. Ils sont souvent lourdement endettés. Pour eux, la moindre baisse des récoltes ou des prix du marché est catastrophique.

Les structures agricoles actuelles sont héritées des politiques interventionnistes mises en place dans le sillage de la lutte pour l’indépendance, lorsqu’il s’agissait d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, et donc d’empêcher les famines. Par exemple, la « Loi fondamentale relative aux produits essentiels » (1955) interdit le stockage commercial de produits alimentaires essentiels, et en régule la distribution afin de lutter contre le marché noir. L’ensemble du commerce agricole était soumis à un Comité du Marché des Produits Agricoles (APMC), ce qui permettait une relative régulation des prix.

Depuis des décennies, la pression du marché et les contre-réformes se sont succédé pour générer un véritable cercle vicieux pour les paysans. Les coûts des engrais et des grains augmentent, alors que les rendements de production restent incertains. Les paysans sont donc contraints de s’endetter, mais sans être assurés de vendre leurs produits à un prix satisfaisant. En effet, la « régulation » des prix par l’Etat n’offre pas de véritable garantie, car elle ne couvre plus l’ensemble des échanges. Véritable révélateur de cette crise sociale, le taux de suicide chez les paysans indiens est en hausse constante, au point d’être désormais le plus élevé au monde dans le secteur agricole.

Adoptées fin septembre, les nouvelles lois vont encore aggraver ce processus : elles rendent légalement possible la revente en dehors des APMC, ce qui va aggraver les fluctuations des prix en fonction du marché, et donc aggraver l’endettement des paysans. En outre, l’accumulation et la création de stocks commerciaux de plusieurs produits alimentaires essentiels sont à nouveau autorisées. Ceci permettra aux grandes firmes de s’accaparer la production pour spéculer sur les prix, mais fera planer le spectre de la famine sur les familles les plus pauvres.

Faire plier le gouvernement Modi

Le gouvernement de droite dirigé par Modi reste inflexible dans son soutien aux grandes entreprises. Alors qu’il était dans l’opposition, son parti, le Parti Indien du Peuple (BJP), s’était doté d’une solide base de soutien dans les régions paysannes. Il s’adressait surtout aux petites et moyennes entreprises agricoles – et promettait une amélioration des conditions de vie de l’ensemble des paysans. La rhétorique « anti-establishment » du BJP, combinée au chauvinisme religieux, a comblé le vide politique laissé par d’autres partis politiques. Cependant, depuis que le BJP est au pouvoir, toute sa démagogie en faveur des petits paysans a été abandonnée au profit d’un mélange de politiques racistes et ultra-libérales.

Ce sont des décennies de colère accumulée qui s’expriment aujourd’hui, contre le pouvoir en place. Les travailleurs indiens s’étaient déjà mobilisés, ces dernières années, face aux contre-réformes successives, mais leurs luttes étaient restées isolées. Le mouvement actuel marque un net progrès, de ce point de vue. Cependant, la stratégie développée par la direction du mouvement se limite à exiger le retrait de la réforme. Tant que le mouvement reste en l’état, le gouvernement est déterminé à « tenir », car cette loi est très favorable aux grandes firmes de l’agroalimentaire et à la bourgeoisie indienne, dont Modi est le fidèle serviteur. D’ailleurs, même si cette réforme était retirée demain, elle serait à nouveau présentée plus tard. La réalité est que les conditions de vie des fermiers indiens ne peuvent pas s’améliorer dans le contexte de la profonde crise du capitalisme. La lutte doit donc passer à l’étape supérieure et se doter d’un programme révolutionnaire, pour que la colossale énergie de la paysannerie indienne ne se disperse pas en vain.

Le gouvernement de Narendra Modi, dirigeant du BJP (Parti du Peuple Indien, droite nationaliste hindoue) et chef de la coalition Alliance Démocratique Nationale, a annoncé au début de l’été dernier une contre-réforme du droit du travail. En réponse, à l’appel de 11 syndicats, entre 150 et 180 millions de travailleurs ont fait grève et manifesté, le vendredi 2 septembre 2016, contre cette loi Travail et contre la politique d’austérité du gouvernement Modi en général.

Un septième de la population indienne était donc en grève. Cela en fait la plus grande grève de toute l’histoire, en termes quantitatifs. Elle a impliqué un nombre de salariés équivalent à la moitié de la population des Etats-Unis – et supérieur à la totalité de la population du Royaume-Uni, du Canada et de l’Australie. Les pertes, pour le patronat, se sont élevées à environ 2,4 milliards d’euros.

Les directions syndicales ont porté un programme en 12 points :

- Arrêt de la hausse des prix, à travers l’universalisation d’un système de distribution publique ;
- Politiques concrètes pour baisser le taux de chômage ;
- Respect des droits du travail et sanctions pour ses violations ;
- Sécurité sociale universelle pour tous les salariés ;
- Augmentation du salaire minimum ;
- Majoration des pensions de retraite ;
- Arrêt de la privatisation des entreprises publiques ;
- Arrêt des CDD et de la précarité, parité entre les salariés ;
- Elimination des plafonds d’accès aux prestations sociales ;
- Obligation, pour le gouvernement, de reconnaitre les nouveaux syndicats et ratification des conventions de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) ;
- Retrait de la loi Travail ;
- Arrêt des investissements étrangers dans les chemins de fer, les assurances et la Défense.

Le Centre des syndicats indiens (CITU) a déclaré : « Les employés et les travailleurs de tous les secteurs stratégiques de l’économie du pays ont participé à cette grève. Les mines de charbon, l’électricité, l’ingénierie, le pétrole, la défense, la santé, les transports, les télécommunications, les banques et les assurances ont vu leurs ouvriers et employés prendre part à la grève malgré les menaces du patronat et du gouvernement ».

Cette puissante grève générale est l’un des signes précurseurs des grands évènements révolutionnaires qui se préparent en Inde et dans le monde entier.

Depuis la partition criminelle de 1947, les classes capitalistes de l’Inde et du Pakistan ont donné la preuve de leur incapacité complète à faire avancer la société. Il fut un temps où la bourgeoisie indienne prétendait être laïque, démocratique et même « socialiste ». A présent, le BJP (le parti arrivé au pouvoir en 1998) montre la face hideuse de la réaction. La croissance relativement forte de l’économie est un phénomène temporaire, en partie dû à une mousson favorable (en 2003). Mais cela ne bénéficie pas à la très grande majorité de la population, qui est condamnée à vivre dans une abjecte pauvreté.

Le taux de croissance relativement élevé suffit tout juste à faire face à la rapide croissance démographique et à la croissance encore plus rapide du nombre de chômeurs. Les coupures de courant, l’état lamentable des routes, la pollution de l’eau, la corruption du gouvernement, l’illettrisme, la faim, les pogroms - ces éléments façonnent les conditions d’existence de millions de travailleurs et paysans indiens. Avec 17% de la population mondiale, l’Inde réalise moins de 2% du PIB mondial et 1% du commerce mondial.

En dépit des discours « modérés » de Vajpayee, le BJP demeure ouvertement réactionnaire. Il est responsable de l’horrible pogrom anti-musulman de Gujarat. Le Rashtriya Swamyamsevak Sangh (RSS), ouvertement communaliste, était impliqué, ainsi que le quasi-fasciste Shiv Sena. En réalité, cependant, le parti du Congrès ne vaut guère mieux. On peut mesurer sa faillite au fait qu’il doive s’en remettre à Sonya Gandhi, qui n’est même pas indienne. Après des décennies de pouvoir, le Congrès est divisé et en crise. Le BJP comme le Congrès sont des partis réactionnaires et anti-ouvriers. Ce qu’il faut, c’est une alternative de classe indépendante.

Le Parti Communiste Indien (PCI) et le PCI(m) ont des bases de masse dans la classe ouvrière et la paysannerie indiennes. Ces partis doivent rompre avec la classe capitaliste et engager une campagne de mobilisation massive pour chasser le BJP du pouvoir et le remplacer par un gouvernement ouvrier et paysan. Une telle campagne susciterait l’enthousiasme de millions de travailleurs, paysans, Dalits (les « intouchables ») et membres des nationalités opprimées. Cela couperait immédiatement l’herbe sous les pieds des communalistes et des réactionnaires. Si les classes laborieuses de l’Inde ont été assez fortes pour battre le Raj britannique, elles sont assez fortes pour battre les propriétaires terriens et capitalistes indiens. Ce qu’il faut, c’est une direction solide et déterminée !

Si la bourgeoisie indienne a échoué à faire avancer l’Inde, la bourgeoisie pakistanaise - encore plus corrompue et réactionnaire - a ruiné le Pakistan et l’a mené aux frontières de la barbarie. Sur des bases capitalistes, il n’y a d’issue ni pour l’Inde, ni pour le Pakistan, ni pour aucune des nations qui constituent le sous-continent. Le Sri Lanka a été décimé par des décennies de guerre civile et de conflits ethniques. Le Népal est également plongé dans une guerre civile fratricide. Le Cachemire languit dans ses chaînes. Partout, les masses sont exploitées, opprimées, humiliées.

La classe ouvrière indienne est la plus puissante de la région. Elle a des traditions très militantes, comme l’a montré la grève générale d’avril 2003 contre les plans de privatisation du gouvernement BJP. De même, le 24 février, une autre magnifique grève générale a eu lieu. Au cours de celle-ci, on estime que 50 millions de travailleurs, y compris des employés de l’Etat, ont suivi le mouvement, qui réclamait la révision du jugement de la Cour Suprême sur le droit de grève, ainsi qu’un virage à 180° de la politique économique du gouvernement.

La grève a été totale dans les Etats dirigés par la gauche, et a eu d’importantes répercussions sur l’ensemble du pays. Organisée par les syndicats centraux et les fédérations industrielles, la grève était complète dans l’Ouest Bengal, dans le Kerala, le Tripura, et donné lieu à une situation semi-insurrectionnelle dans l’Assam, le Haryana, l’Orissa et le Jharkhand. Tous le poids de l’Etat fut mobilisé pour contrer les grévistes. La classe ouvrière a affirmé son droit à faire grève envers et contre l’interdiction de la Cour Suprême. La police a chargé et des arrestations de grande échelle ont eu lieu, notamment dans le Delhi, l’Haryana, l’Orissa et le Pondichéry.

L’ampleur de la grève était impressionnante. Toutes les sections de la classe ouvrière ont été entraînées dans la lutte. Les employés des banques et des compagnies d’assurance se sont joints à la grève. Les installations pétrolières du Tripura, d’Assam, de l’Ouest Bengal et du Bihar ont été affectées. Ont également pris part à la grève un grand nombre de mineurs, d’employés des entreprises publiques à Bangalore, Hyderabad et Visakhapatnam, des travailleurs des plantations, du bâtiment et de la sidérurgie à Salem, Durgapur et Burnpur. La grève a aussi affecté l’activité des ports de Kolkata, Haldia, Cochin, Gujurat, Paradip, Tuticorin et Mumbai. Aucun avion n’a décollé de Kolkata et le trafic ferroviaire était perturbé en de nombreux endroits du pays.

Cette magnifique grève montre l’énorme potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière indienne, dès lors qu’elle se mobilise et lutte. La réponse massive des travailleurs à l’appel à la grève illustre la nullité de l’affirmation du gouvernement, selon laquelle le capitalisme indien a crée de la prospérité pour tous. La politique économique « pro-marché » du gouvernement du BJP n’a bénéficié qu’à une toute petite minorité de riches exploiteurs, aux prix d’une aggravation de la pauvreté, d’une augmentation du nombre de chômeurs, de privatisations, de fermetures d’entreprises et d’attaques à répétition contre la classe ouvrière.

Les classes dirigeantes indiennes et pakistanaises sont toutes deux terrifiées par les masses de leur propre pays. Aujourd’hui, elles ont besoin d’un accord pour les pacifier. Demain, elles tenteront de les distraire en créant une ambiance d’hystérie guerrière. Il y aura toujours assez de prétextes - des actions terroristes, des massacres communalistes, etc. Tout cela découle logiquement de la situation. Sur la base du capitalisme, aucun accord de longue durée ne peut être trouvé. Seule la classe ouvrière, par des moyens révolutionnaires, peut montrer la voie hors de cette terrible impasse. La classe ouvrière ne peut accepter les frontières existantes, qui sont en contradiction avec toutes les frontières naturelles et divisent des peuples qui parlent la même langue et ont en commun des milliers d’années d’histoire.

Après des décennies d’« indépendance » formelle, la balkanisation du sous-continent indien est la principale raison de sa faiblesse et de sa domination par l’impérialisme. La révolution ouvrière doit par conséquent placer en tête de son programme le slogan d’une Fédération socialiste du sous-continent comme seule solution pour les peuples de la région. Seule l’unification de l’énorme potentiel productif de l’ensemble du sous-continent permettra d’élever les peuples de cette vaste et imposante région à leur véritable niveau.

Mercredi 22 mai 2003, des millions de travailleurs indiens ont participé à une grève nationale contre le programme de privatisation du gouvernement. Cette grève de 24 heures a fortement touché des secteurs tels que les banques, les assurances, le pétrole, l’énergie, les mines du charbon, les télécommunications, l’équipement et le textile.

Les transports en commun se sont arrêtés, à Calcutta, paralysant l’activité de la ville. La grève était appelée par plusieurs syndicats, dont le All India Trade Union Congress (AITUC) et le Centre for Indian Trade Unions (CITU), selon lesquels au moins 40 millions de travailleurs ont participé à la grève.

Le gouvernement de droite projette d’engranger 132 milliards de roupies (2,75 milliards de dollars) en vendant des compagnies gérées par l’Etat au cours de l’année prochaine. En même temps, il lance une attaque globale contre le Code du travail, notamment en permettant aux compagnies gérées par l’Etat de licencier ses travailleurs.

« Ils veulent tout privatiser, comme en Amérique. Ils veulent éliminer la sécurité de l’emploi, et se moquent du sort de ceux qui arrivent en fin de carrière » a déclaré Ajay Kumar Sharma, qui travaille dans une banque, à un journaliste de la BBC. « Ils finiront pas détruire toute l’industrie indienne ».

Les syndicats parlent d’un grand succès et décrivent cette grève « historique » comme de « la plus grande depuis l’Indépendance. » Plus de 5.000 travailleurs ont été arrêtés par la police, dans diverses parties du pays, lors de charges à la matraque contre ceux qui se joignaient à la grève de 24 heures.

Il y a de grandes divisions à l’intérieur du gouvernement lui-même : des ministres clés, dont le ministre de la défense George Fernandes et celui du pétrole Ram Naik, s’opposent sérieusement à la vente des sociétés pétrolières nationalisées. Ceci dit, la majorité du cabinet semble tenir fermement à son programme de contre-réformes.

La grève massive de mercredi s’inscrit dans une série de luttes qui ont commencé dans la période passée. C’est une nouvelle confirmation de la renaissance de la lutte des classes en Inde. Des temps très orageux sont à venir, et la classe ouvrière indienne - une des plus grandes au monde - prendra la part qui lui revient auprès de ses frères et sœurs du monde entier.

(Un rapport plus détaillé suivra)