La situation des SDF et des migrants est déjà très difficile en temps normal. Elle l’est encore plus en temps de crise. On dénombre près de 200 000 SDF en France, dont 3000 meurent chaque année, si ce n’est plus. Quant aux migrants, un grand nombre n’ayant pas de papiers, ils sont contraints d’accepter des emplois difficiles et mal rémunérés de crainte d’être expulsés.

La crise actuelle aggrave leur situation déjà fragile

Mais voilà que depuis des semaines, le monde entier subit l’une des plus grandes crises sanitaires depuis 1920. Le COVID-19 a déjà fait plus de 115 000 morts dans le monde et près de 15 000 en France. Suite à la décision tardive du confinement par le gouvernement, pour ne pas impacter l’économie française – au mépris des vies humaines –, ces SDF et migrants se retrouvent une fois de plus oubliés et subissent à nouveau l’isolement et le mépris.

Les SDF interrogés dans les rues témoignent de leur solitude, du manque de nourriture, de sanitaires, et se font aussi verbaliser pour non-respect du confinement, alors qu’ils n’ont nulle part où aller. Une situation complètement absurde.

De plus, les maraudes, distributions alimentaires et accueils de jours ont dû être limités en raison de la nécessité du confinement des personnes assurant ces services, et dont les bénévoles sont souvent à la retraite et sont donc particulièrement fragiles eux aussi.

Pour ceux qui sont contaminés par le Covid-19, mais dont l’état ne nécessite pas d’hospitalisation, ils sont accueillis dans des centres dédiés, dits de « desserrements ». Ces centres regroupent des centaines de sans-abri et de migrants, au mépris de leur santé. Par exemple à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, sur un terrain vague, environ 500 migrants vivaient dans l’insalubrité et la promiscuité à ciel ouvert pour finir entassés dans les gymnases de Paris ou de sa banlieue.

Les associations : relais de l’Etat

Le gouvernement a toutefois avancé une proposition : un prolongement de la trêve hivernale du 31 mars au 31 mai. Cela permettra aux établissements d’accueils d’hiver de prolonger la durée d’hébergement des SDF et migrants un peu plus longtemps. Mais les associations sont débordées par la situation et le manque de moyens. Environ 250 000 personnes sont hébergées chaque soir dans des structures consacrées à l’accueil des sans-abri ou des demandeurs d’asile, sans compter les personnes qui fréquentent les accueils de jour ou les plates-formes de premier accueil pour les migrants. On peut en imaginer les conditions d’hébergement, le manque de lits, de chambres…

D’autre part, ce prolongement de la trêve hivernale ne résout pas le problème. Une fois cette trêve terminée, les SDF et migrants devront-ils retourner s’asseoir sagement dans les rues ? Le gouvernement n’est pas à la hauteur de la tâche, ils les sacrifient. Et ce sont, une fois de plus, les associations qui prennent la situation en main.

C’est le cas par exemple à Marseille, où des associations demandent la réquisition des logements libres et l’ouverture d’hôtels pour confiner les SDF. On y dénombre environ 40 000 logements vacants, et 4 000 suffiraient pour confiner tout le monde. De plus, beaucoup d’immeubles et d’appartements restent vides, et appartiennent aux banques et aux promoteurs qui ne les utilisent que pour spéculer. A Nantes, la Banque alimentaire collecte les denrées qui bénéficient à une trentaine d’associations. La Fondation Abbé Pierre a mis en place un système de tickets services pour les personnes n’ayant pas la possibilité de se nourrir. Mais face à la crise sanitaire, cela reste malheureusement insuffisant.

A Marseille, il n’y a ni douches ni toilettes publiques, contrairement à Paris. On demande aux plus démunis de se laver les mains plusieurs fois par jour, mais comment faire quand ils n’ont ni eau ni savon ? De plus, les enfants de migrants, qui bénéficiaient d’un minimum de suivi scolaire grâce à des associations, sont désormais confinés chez eux. Le suivi scolaire ne peut pas se faire par réseaux sociaux à cause du manque de moyens matériels. En plus de suivre une scolarité, ces enfants pouvaient profiter aussi d’une cantine solidaire. Mais désormais confinés chez eux, ce sont les parents qui en ont la charge, alors qu’ils n’en ont pas les moyens. Les enseignants anticipent des décrochages scolaires, organisent des cagnottes pour pouvoir venir en aide à ces enfants, mais à petite échelle, ces actions restent encore très limitées.


Il y a deux ans, Macron disait qu’« il n’y a[vait] pas d’argent magique » face à une soignante qui déplorait le manque de moyens dans les hôpitaux. Il a pourtant récemment annoncé un plan d’aide de 300 milliards aux entreprises. Il fait donc simplement le choix entre ceux qui vivront et ceux qui mourront. De son point de vue – comme de celui de la classe dirigeante – les profits passent avant tout.

Quelle solution ?

La classe dirigeante est prête à sacrifier les plus faibles sans hésitation dans le seul but de préserver ses profits.

Il faut réquisitionner les hôtels, les logements vides, les cliniques privées, construire des hôpitaux, investir dans du matériel. Mais cela ne se fera que si les travailleurs eux-mêmes contrôlent et dirigent les entreprises, après en avoir exproprié les capitalistes. Seule la solidarité des travailleurs permettra de sortir de cette crise avec le moins de morts possible.

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