Ces derniers mois, la FNSEA [1]et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont organisé plusieurs mobilisations d’ampleur contre le CETA, un vaste accord de libre-échange entre l’UE et le Canada. Ils dénoncent la perte de compétitivité de l’agriculture française. Il est vrai que les accords tels que le CETA placent les paysans français en concurrence avec des pays dont les normes environnementales (entre autres) sont moins contraignantes qu’en Europe. Comme alternative à l’abrogation du CETA, la FNSEA et les JA réclament une baisse des réglementations écologiques, assortie de quelques mesures protectionnistes.

Cependant, ces mesures ne feraient pas sortir le monde paysan de la précarité dans laquelle il s’enfonce inexorablement, depuis tant d’années. Aujourd’hui, pour faire tourner leurs exploitations et gagner de quoi survivre, les petits paysans sont complètement dépendants des aides et subventions diverses (dont celles liées à la PAC [2]). Et, malgré ces aides, ils doivent s’endetter lourdement pour investir dans l’achat de matériels, d’engins, etc. – et ce sans la moindre garantie de rentabilité, même à long terme. En effet, en France même, les petits paysans sont en concurrence avec les géants français du secteur, qui d’ailleurs dominent la FNSEA, et ne sont pas moins rapaces que leurs homologues canadiens. Pour chaque « super-ferme » comme celle des « 1000 vaches », dans la Somme, combien de petits exploitants doivent mettre la clef sous la porte ? Symptôme évident de cette profonde crise : le taux de suicide est très élevé chez les petits paysans.

Fausses solutions

Contre la production intensive, des organisations telles que la Confédération Paysanne promeuvent les modes de production « alternatifs » et la distribution en « circuit court ». Seulement, ces options réduisent considérablement la production et font donc monter les prix, réduisant du même coup le marché disponible. En outre, elles sont plus respectueuses de l’environnement, mais rendent les paysans bien plus vulnérables aux aléas climatiques.

La solution ne viendra ni du libre-échange ni du protectionnisme – car le problème, ici comme ailleurs, c’est le capitalisme. Au lieu de subventionner les géants de l’agroalimentaire, qui font fortune sur la misère de leurs salariés et des petits paysans, il faut les nationaliser et les placer sous le contrôle de ceux qui travaillent réellement la terre. Alors, l’agriculture pourra satisfaire les besoins alimentaires de la population sans détruire l’environnement ou les vies des paysans.


[1] Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles.

[2] « Politique Agricole Commune » de l’UE.

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