Depuis l’élection de François Hollande, des responsables de la gauche du PS protestent régulièrement contre sa politique. Ils lui demandent un « changement de cap », c’est-à-dire une politique favorisant l’emploi et le pouvoir d’achat de la majorité de la population (celui des grands patrons se porte à merveille).

Le moins qu’on puisse dire est que ces appels n’ont pas été entendus. Le gouvernement maintient le cap : « à droite, toute ! » Quelle conclusion en tirent les responsables de la « gauche du PS » ? Ils protestent, s’agitent, envoient des courriers au gouvernement, menacent de « ne pas voter la confiance » – puis, lassés par tant d’émotions, capitulent. Sur les quelque 90 députés socialistes qui avaient signé un texte menaçant de ne pas voter la confiance à Manuel Valls, seuls 11 se sont abstenus, finalement. Tous les autres ont voté pour. Aucun député socialiste n’a voté contre un discours de politique générale annonçant de façon très claire la poursuite d’une politique calquée sur les intérêts des capitalistes.

Il est vrai que parmi les 90 députés en question, bon nombre n’avaient rien à voir avec l’aile gauche du PS. Pourquoi des députés de la gauche du PS signent-ils un texte commun avec des « strauss-kahniens » notoires (entre autres) ? Parce qu’ils n’ont, au fond, aucune alternative sérieuse à la politique défendue par le gouvernement et l’aile droite du PS.

Gauche du PS ?

C’est ce que confirme leur réaction aux annonces concrètes du gouvernement concernant les 50 milliards de coupes budgétaires entre 2015 et 2017. Face à cette saignée brutale dans les services publics et le pouvoir d’achat de millions de personnes, 11 députés – dont, là encore, des « strauss-kahniens » et des « aubrystes » – ont manifesté leur opposition en proposant de réduire ce chiffre à… 35 milliards. Voilà tout ce que « la gauche » du PS proposait : 15 milliards d’euros de souffrances en moins. Le principe des coupes dans les dépenses publiques n’est pas remis en cause. De même, ne sont pas remis en cause les 30 milliards de cadeau fiscal au patronat. Mais même cette position extrêmement modérée n’a pas fait long feu. La nouvelle position est : « d’accord pour les 50 milliards de coupes, mais en ménageant les foyers les plus pauvres ». Même si c’était possible, cela reviendrait à accepter d’enrichir les plus riches et de placer tout le fardeau de la crise sur le dos des « moyennement pauvres », c’est-à-dire en fait sur la masse des salariés.

La « gauche du PS » n’a peut-être jamais été dans un aussi piteux état. Non que les conditions objectives lui soient défavorables. Mais ses dirigeants, formés à l’époque de la réaction idéologique et de la croissance relative des années 90 et 2000, sont entièrement soumis à l’économie de marché. Ils vivent dans le passé. Ils se trainent à l’ombre de la direction du PS, avalent couleuvre sur couleuvre et cherchent des « alliés » jusque dans l’aile droite de leur parti, le temps d’un « texte commun » qui ne dit rien, n’engage à rien, ne change rien et disparaît sans laisser de trace. Certains rêvent de lumière et capitulent ouvertement en acceptant un fauteuil ministériel : Peillon, puis Montebourg, puis Hamon. Mais ces derniers ne représentent qu’un anneau de la longue chaine des capitulations : Filoche s’accroche à Maurel, qui s’accroche Lienemann (à moins que ce soit l’inverse), qui s’accroche à Hamon, qui s’accroche à Hollande, qui fait la politique du MEDEF. Il n’y aura pas véritablement « d’aile gauche » du PS tant que cette chaine ne sera pas brisée – sur la base d’un programme de rupture avec l’économie de marché.

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