La propagande gouvernementale selon laquelle les perspectives économiques s’améliorent ne repose sur aucune réalité. Le démantèlement de l’économie se poursuivra, le nombre de chômeurs augmentera et les conditions de vie de pratiquement tous les salariés des secteurs public et privé continueront de se dégrader. Le système capitaliste ne peut plus s’accommoder des anciennes conquêtes du mouvement ouvrier. Entre la défense du profit et les intérêts de l’immense majorité de la population, aucun compromis n’est possible. Il nous faut livrer bataille. Il n’y a pas d’autre moyen de repousser l’offensive capitaliste et gouvernementale.

Le mouvement ouvrier dans toutes ses composantes – organisations syndicales, PCF, Parti de Gauche – doit se mettre en ordre de bataille. Ses méthodes d’action, sa façon de penser et son programme doivent être en phase avec la réalité d’aujourd’hui. Ce n’est pas le cas actuellement. C’est le problème central que nous devons résoudre.

Les capitalistes et leurs représentants politiques savent ce qu’ils veulent et ne reculent devant rien pour l’obtenir. Ils savent que le capitalisme a besoin de réduire le niveau de vie des salariés. Et c’est ce qu’ils font. En face, les dirigeants de la CFDT et d’autres formations « modérées » collaborent ouvertement avec le MEDEF. Quant aux dirigeants de la CGT et des syndicats les plus militants, ils ne prennent pas la mesure de ce qu’il se passe.

Prenons par exemple la mobilisation du 10 septembre. Nous y participerons et appelons tous les travailleurs à faire de même. Mais chacun sait qu’en elles-mêmes, des actions de ce type n’ont absolument aucun impact, ni sur la politique du MEDEF, ni sur le gouvernement. C’est désormais une évidence pour tout le monde.

Alors que faire ? Au fond, nous n’avons que deux options : résistance ou soumission. Il n’en existe pas d’autre. Et en matière de résistance, seules des actions de grande envergure, frappant au cœur du système – la propriété capitaliste –, peuvent être efficaces. Par « actions de grande envergure », nous entendons l’organisation d’une grève générale reconductible impliquant tous les secteurs clés de l’économie et de l’administration publique.

Très bien, dira-t-on, mais comment ? Une grève générale ne se décrète pas – et rien ne prouve que les travailleurs y soient prêts. C’est exact. Mais on ne peut pas en rester là. Il ne s’agit pas de « décréter » la grève générale, mais de la préparer consciemment et sérieusement. Et si nous partons de l’idée que seule une grève générale, reconduite et amplifiée de jour en jour, nous offre une possibilité sérieuse d’obtenir des concessions significatives, il faut déjà commencer par expliquer cette vérité aux travailleurs, au lieu de prétendre qu’on pourrait arracher des concessions au moyen d’une succession de « journées d’action ».

Mais on nous dit que, de toute façon, les travailleurs ne sont « pas prêts ». N’ont-ils pas – par crainte ou conservatisme – une réticence à se mobiliser ? L’argument principal contre la faisabilité d’une grève générale repose sur le fait que la vaste majorité des travailleurs ne veut pas faire grève, même à une échelle locale ou ne serait-ce qu’une journée, pour défendre leurs intérêts immédiats. Cet argument n’est convaincant qu’à première vue. En réalité, les travailleurs comprennent bien que des grèves ponctuelles pour des motifs limités n’ont, dans les circonstances actuelles, pratiquement aucune chance d’aboutir. Le plus souvent, les sacrifices et les risques de représailles qu’elles impliquent n’en valent pas la peine. Ceci est vrai partout, mais particulièrement dans le secteur privé et parmi les salariés les plus exploités et précaires. Autrement dit : sans grandes perspectives, les masses n’entreront pas en lutte. Cela ne signifie pas, bien évidemment, que ces masses sont prêtes, ici et maintenant, pour une grève générale illimitée. Nul ne peut connaître a prioril’attitude des travailleurs sur cette question. On ne pourrait la déterminer que sur la base d’une vaste campagne d’agitation. Encore faut-il l’engager.

Enfin, de grandes victoires ne sont possibles que sur la base d’un programme dont la réalisation changerait de façon radicale et décisive le sort de l’ensemble de la population. Dans ce programme, les « revendications immédiates » – salaires, logement, santé, éducation, retraites, etc. – auraient une place importante. Mais elles ne suffiraient pas. Le programme doit aussi défendre une rupture avec le capitalisme, de façon à briser le pouvoir de la classe capitaliste, en remettant les leviers essentiels du pouvoir économique et politique entre les mains des travailleurs.

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