Un débat public réunissant André Chassaigne et André Gérin était organisé hier soir, dans le XIVe arrondissement de Paris, à l’initiative du réseau Faire vivre et renforcer le PCF. La réunion avait pour thème : « Un candidat issu du PCF en 2012 ? ». Elle était présidée par Caroline Andréani, militante à Aubervilliers et membre du Conseil National. Une soixantaine de camarades y ont assisté. Les organisateurs ont regretté que la rédaction de L’Humanité n’ait pas accepté d’y publier l’annonce de cette réunion.

Le débat s’est ouvert sur un échange fraternel entre Chassaigne et Gerin, qui en sont à leur quatrième réunion publique commune sur ce thème. Tous deux ont expliqué les motivations de leur « candidature à la candidature » pour l’élection présidentielle de 2012. André Chassaigne a réaffirmé son attachement au Front de gauche, auquel Gerin s’oppose.

Ils ont aussi formulé quelques idées sur la question du programme. Chassaigne a insisté sur la « méthode ». Il considère le « programme partagé » comme une démarche nouvelle et efficace, par opposition à celle du programme « tout ficelé » qui, selon lui, serait l’une des causes du déclin électoral du parti, ces dernières décennies. Lors du débat, un camarade a répondu que le problème principal ne réside pas dans la « méthode », mais dans le fait qu’une fois au gouvernement, le PCF n’a pas appliqué son programme : « Il n’y a jamais eu, dans le programme du parti, le tournant de la rigueur de 83 ou les privatisations du gouvernement Jospin », a-t-il expliqué. Et en effet, la contradiction entre le discours des dirigeants du parti et la politique qu’ils mènent réellement, lorsqu’ils sont au pouvoir, est l’une des principales causes du déclin du PCF, ces 30 dernières années.

Le débat qui a suivi les interventions de Chassaigne et Gerin fut très intéressant. Différents camarades ont souligné la nécessité d’un programme qui s’attaque clairement au système capitaliste. Mais le sujet le plus abordé fut la candidature à l’élection présidentielle et la procédure qui permettra de désigner notre candidat. Plusieurs camarades ont rendu compte du mécontentement de nombreux communistes, dans les sections, face à la manière dont la direction du parti privilégie la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Le sentiment d’un déficit démocratique est très fort, dans le parti, y compris chez des camarades favorables à Mélenchon.

Plusieurs intervenants ont souligné que la Conférence Nationale, début juin, ne pourra pas refléter l’opinion de l’ensemble du parti. La direction y pèsera de tout son poids. Par exemple, un camarade de La Courneuve a expliqué en détail comment la délégation de sa fédération (93), pour la Conférence, a été constituée de façon à compter une très nette majorité de camarades partisans de la candidature de Mélenchon. D’autres camarades ont abondé dans le même sens. D’où l’idée, formulée par plusieurs camarades, que la Conférence Nationale doit élaborer un bulletin de vote comportant les noms de tous les candidats, y compris celui d’André Chassaigne (le seul susceptible de l’emporter face à Mélenchon, lors du vote des adhérents). Sans cela, beaucoup de militants communistes considèreront – à juste titre – que la candidature de Mélenchon leur aura été imposée par la direction du parti.

A cette occasion, des camarades ont demandé à André Chassaigne de clarifier sa position et ses intentions. En effet, depuis qu’il a annoncé sa candidature, en septembre dernier, Chassaigne a fait plusieurs déclarations, dans les médias, qui écartaient l’idée d’un vote des militants pour choisir entre sa candidature et celle de Mélenchon. Or, dans la mesure où il est pratiquement certain que la Conférence Nationale sera majoritairement favorable à une candidature de Mélenchon, cela revenait à dire que Chassaigne se retirerait de la course au lendemain de cette Conférence. En d’autres termes, il ne figurerait pas sur le bulletin de vote soumis aux adhérents, mi-juin. S’adressant à Chassaigne, hier soir, un camarade a souligné la crainte de nombreux communistes que sa candidature ne soit qu’un « leurre » servant, in fine, celle de Mélenchon. En réponse, Chassaigne a reconnu que ses différentes déclarations avaient pu semer la confusion. Il a ajouté qu’il souhaitait que sa candidature figure sur le bulletin de vote, quelle que soit l’opinion majoritaire de la Conférence Nationale. C’est correct – et c’est d’ailleurs ce queLa Riposte a demandé dans sa Lettre ouverte à André Chassaigne. Mais pour vraiment lever toute ambiguïté, André Chassaigne devrait exprimer cette position publiquement, par voie de presse, de façon à ce que tous les militants communistes en prennent connaissance, et non seulement les 60 réunis hier soir au cours de ce débat.

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