Si la France ne se trouve pas dans la même situation que la Grèce, c’est parce que Sarkozy a su prendre les bonnes décisions et mettre en œuvre les bonnes réformes. Qui le dit ? Sarkozy lui-même, naturellement. Dans le bilan dont il est manifestement si fier, il doit penser à la dégradation des retraites, aux dizaines de milliers de professeurs en moins dans les écoles, à la montée en flèche du chômage et de la « grande misère », aux exonérations fiscales pour les plus riches, à la stagnation de l’économie ou encore au déficit commercial le plus important dans l’histoire de la France (70 milliards d’euros prévus en 2011). Le capitalisme français se porte – admettons-le – un peu mieux que le capitalisme grec, pour le moment. Car l’Espagne et l’Italie ne sont pas loin du scénario grec – et la France, avec 1 650 milliards d’euros de dette publique, n’est pas loin des scénarios espagnol et italien !

Il suffirait de peu pour que la dette française devienne « hors de contrôle », comme celle de la Grèce. Chaque année, elle augmente d’environ 150 milliards d’euros. Et malgré toutes les mesures pour faire des économies sur le dos des travailleurs, il s’est avéré impossible de la réduire. Initialement, Sarkozy voulait réduire le déficit public de 40 milliards d’euros en 2011. Il n’a pas atteint la moitié de cet objectif, ce qui ne l’empêche pas de demander un effort « supplémentaire » de 20 à 22 milliards. Le très conservateur journal du monde de la finance, le Financial Times, applaudit les nouvelles mesures d’austérité décidées par Sarkozy, mais constate leur insuffisance, qu’il impute à l’approche des échéances électorales. Il ajoute : « Que ce soit Nicolas Sarkozy, le candidat centre-droit, ou un candidat socialiste qui remporte l’élection présidentielle, le gagnant fera face à des décisions difficiles concernant les dépenses publiques et l’avenir de la protection sociale. »

Ne serait-ce que pour inverser la tendance et entamer une phase de désendettement, ce n’est pas 20, ni 40 milliards d’économies par an qu’il faudrait, mais plus de 150 milliards ! Des coupes aussi drastiques dans les dépenses de l’Etat plongeraient automatiquement l’économie dans une grave récession. Déjà, le taux de croissance prévu pour le dernier trimestre de 2011 est de 0 %. Si, par contre, la dette continue de s’alourdir, la France se retrouvera avec un niveau d’endettement insoutenable. Le « scénario grec » n’est pas si loin que cela, d’autant plus que l’évolution de la dette publique française ne dépend pas uniquement – loin s’en faut – de la politique budgétaire qui sera menée en France. Une faillite de l’Italie ou de l’Espagne précipiterait celle de la France, à courte échéance. Notre « sauveur » Sarkozy n’a donc rien sauvé du tout.

Pour le président de la République, il faut « moins d’assistanat et plus d’investissement ». En langage clair : moins de soutien aux chômeurs et aux pauvres, moins d’argent pour la sécurité sociale et les retraites – et plus d’argent pour les « investisseurs » (les capitalistes). Dans le cas contraire, la « confiance » de ces derniers risquerait de flancher. Les Bourses s’envolent ou s’effondrent en fonction de la quantité de milliards que les gouvernements arrivent à dégager pour enrichir les banques et autres « investisseurs », au détriment de la santé, de l’éducation ou de l’emploi. Médecins sans Frontières intervient en Grèce pour lutter contre la malnutrition. Mais les banques et grandes entreprises capitalistes qui martyrisent le peuple grec enregistrent des profits en hausse. En Grèce comme partout ailleurs, la vie et les perspectives d’avenir des travailleurs sont suspendues à l’avarice de quelques milliers de grands spéculateurs et aux fluctuations de leur grand casino : la Bourse. Quelle meilleure preuve faut-il du caractère complètement parasitaire et réactionnaire du système capitaliste ?

Il y a plus de deux cents ans, une révolution a éclaté en France. C’était un immense soulèvement des opprimés. Ils voulaient en finir avec l’injustice et l’oppression. Dans les circonstances de l’époque, la révolution ne pouvait que remplacer un type d’exploitation par un autre. Les couches sociales qui constituaient la force motrice de la révolution sont celles qui en ont le moins profité. Aujourd’hui, face à l’impasse capitaliste, une nouvelle révolution s’impose, une révolution pour émanciper les travailleurs. La Grèce y vient. La France y viendra. Les nouvelles Bastilles à prendre s’appellent BNP-Paribas, AXA, Total, Bouygues ou Carrefour. Nous sommes la dernière classe. En dessous de nous, il n’y a rien. Notre émancipation sera donc celle de tous. Les seuls perdants seront les capitalistes. Une fois leur capital exproprié, on leur proposera un emploi ou, s’ils s’avèrent incapables de travailler, une retraite anticipée.

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