En 1979, la société Génica est fondée à Moulins, dans l’Allier. Ses salariés produisent et développent du petit matériel électrique. Le patron, M. De The, gère en « bon père de famille », comme on dit. Les salariés bénéficient d’un minimum de reconnaissance. Il n’y a pas de culture syndicale et pas de conflits ouverts entre la direction et les salariés.

A l’époque, la société profite de l’expansion économique et de la croissance particulière au marché des nouvelles technologies. Mais à la fin des années 90, le patron est pressé de vendre par de plus gros concurrents. La bulle spéculative des nouvelles technologies a éclaté. De The choisit de vendre à son principal concurrent, Vivanco, une société américaine qui crée pour l’occasion sa succursale française : Vivanco France. M. De The demeure le PDG de Vivanco France.

Donc, en 2002, Génica se fond dans Vivanco France. Les salariés croient toujours à la force de leur entreprise, aux nouveaux produits qu’elle développe et à ses clients puissants et fidèles : Carrefour, la FNAC, etc. Mais ils observent déjà une inquiétante évolution : des secteurs insuffisamment rentables de l’entreprise sont progressivement abandonnés.

En 2005, huit salariés sont licenciés. Mais rien ne bouge. « L’entreprise a le dos solide », se disent les travailleurs. Ils espèrent que cela n’ira pas plus loin. Mais la direction continue de tailler dans certaines branches de la production – et dans sa clientèle – sous prétexte de rentabilité, de création de nouveaux produits, de centralisation des bureaux d’étude ou de développement.

Alors, par petites touches successives, suppression de poste après suppression de poste, et non sans « accompagner » des salariés vers la sortie, Vivanco passe de 106 salariés, en 2002, à 34 salariés fin 2009. Tout cela sans grand mouvement social et sans interpellation des élus locaux.

Les capitalistes veulent licencier sans que ça leur « coûte » trop cher. Vivanco recourt à une technique devenue banale : la filialisation. Beaucoup de salariés la connaissent. Ils ont « payé pour voir ». La filialisation divise les salariés pour mieux les pressurer, les précariser, les isoler – et, au passage, faire éclater les forces syndicales. Au bout du bout, il y a souvent la fermeture à faible coût.

Vivanco a poussé le vice très loin. Ses patrons ont sorti des cartons une société complètement fictive, CRC, et ont placé l’usine Vivanco de Neuilly-le-réal sous sa coupe. En très peu de temps, la société s’est trouvée en cessation de paiement et en liquidation. Résultat : les salariés ne devraient toucher aucune autre prime de licenciement que le minimum légal, qui est dérisoire ! Ces salariés n’ont jamais voulu « trop » réclamer, dans l’espoir d’assurer le développement de ce qu’ils considéraient un peu comme leur entreprise. Ils ont accepté tant de sacrifices, y compris le sacrifice de nombre d’entre eux, sans jamais se révolter. Ils ont pris en pleine face la réalité du capitalisme. Le salarié n’est rien, le profit est tout !

Ils ont alors décidé d’occuper leur usine, le 8 février dernier. Puis le 22 avril, face à l’obstination de la direction, trois d’entre eux ont été tirés au sort pour commencer une grève de la faim. Ils sont maintenant engagés dans une lutte acharnée pour sauver quelque chose : non seulement une prime de licenciement décente, mais aussi leur dignité et leur fierté de salariés.

A leurs côtés : la section PCF de Moulins, les militants de la CGT et certains élus de gauche. En face, leurs patrons s’appuient, eux, sur le gouvernement, le préfet et la justice !

Ces salariés ont droit à ce qu’ils réclament : un dédommagement maximal. SOUTENONS LES SALARIES DE CRC-VIVANCO !

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