Fin septembre 2009, les 213 salariés de Philips EGP, à Dreux, ont appris que la direction de Philips France convoquait un Comité Central d’Entreprise (CCE), le 8 octobre, pour leur signifier la fin de l’activité du site de Dreux, dans le cadre d’un plan de suppression de 6000 emplois dans le monde.

Cette décision s’inscrivait dans la continuité de la politique de la direction depuis une dizaine d’années. Sa stratégie est de baisser les volumes de production, de diminuer les effectifs et de délocaliser l’outil de production, dans le but essentiel de satisfaire l’appétit des actionnaires du groupe Philips.

Les bénéfices du groupe sont toujours très importants, comme l’atteste le chiffre record de 176 millions d’euros, au 3e trimestre de 2009, soit trois fois les bénéfices du 3e trimestre de 2008 ! A Dreux, cette annonce de fermeture faisait suite à un plan de licenciements qui, en 2008, avait été justifié par la nécessité de « sauver le site ». Mais depuis, les dirigeants de Philips avaient délibérément mis le site en sous-activité. A peine quelques dizaines de téléviseurs par jour étaient produits. Dans le même temps, les dirigeants expliquaient que l’activité de Dreux n’avait plus de débouchés et que le site n’était plus rentable. Et pour finir, grâce à une de ces astuces comptables dont les capitalistes ont le secret, ils ont fait valoir que le site était déficitaire de 19 millions d’euros.

L’expertise comptable du CCE révèle que pour justifier son plan, Philips n’a pris en compte que la seule activité « télévision », alors qu’elle aurait dû analyser les résultats économiques de tout le secteur « électronique grand public ». C’est ce litige de fond qu’a retenu la Direction Départementale du Travail et de l’Emploi (DDTE), pour invalider le plan social proposé par la direction.

Le 5 janvier, confortés par la décision de la DDTE et sur proposition de la CGT, 95 % des 145 salariés réunis en Assemblée Générale ont décidé de prendre le contrôle de l’outil de production. Ils ont alors relancé la production, sous contrôle ouvrier. Pour La Riposte, c’est une initiative extrêmement importante, qui doit servir d’exemple à tous les salariés confrontés à des fermetures et des délocalisations. Elle montre à tous les salariés – à commencer ceux de l’entreprise en question – que les travailleurs sont parfaitement capables de faire tourner l’économie eux-mêmes, en l’absence de tout encadrement patronal.

Pendant une dizaine de jours, les salariés de Dreux ont donc acheminé les pièces et les matériaux nécessaires à la production. Ils ont stocké les produits finis dans un local placé sous leur contrôle. Ils ont fait remonter la production à 300 téléviseurs par jour, le tout sans recevoir d’ordres des cadres ou du patron.

Le 19 février, le Tribunal de Grande Instance a ordonné la réouverture du site et la reprise du travail. Il a également suspendu le plan social et demandé que soit réexaminée l’activité économique du site de Dreux. Pour les salariés de Philips, c’est une victoire majeure à mettre au compte de leur mobilisation exemplaire.

Evidemment, pour la direction de Philips, ce n’est que partie remise. Les capitalistes de ce grand groupe n’ont pas hésité à proposer aux salariés un reclassement en Hongrie, pour 450 euros par mois ! Ils n’ont pas hésité, non plus, à organiser un lock-out parfaitement illégal, à partir du 15 février. Ils ont tout tenté pour étouffer le mouvement de révolte des salariés. Ils ont sans doute vécu comme un affront et une menace l’initiative des salariés de relancer la production sous contrôle ouvrier. En effet, les salariés ont touché là le cœur du système capitaliste. Car c’est justement par ce moyen, le contrôle de l’appareil productif, sur la base de la propriété publique de l’outil de production, que les salariés de Philips et d’ailleurs pourront définitivement conserver leurs emplois.

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