Il ne fait pas de doute que, dans le domaine nucléaire, la France se situe dans le peloton de tête des pays industrialisés. Avec une soixantaine de chaudières nucléaires en état de marche, la France dépasse largement l’ex-Union Soviétique et possède à peu près la moitié du parc nucléaire des États-Unis, pour un territoire 17 fois plus petit.

Dans le domaine de la pollution nucléaire et des catastrophes, les pays de l’ex-Union Soviétique, et la Russie notamment, détiennent un triste record avec Tchernobyl, la répétition de dramatiques accidents de sous-marins nucléaires et la pollution de Mourmansk et de la Mer Blanche. Les États-Unis viennent en deuxième position avec la catastrophe de Three Mile Island et celle du sous-marin coulé en Atlantique, qui a fait 129 morts.

Au vu de ces performances, il semble être possible d’affirmer que la France dispose du plus sûr des parcs nucléaires, tant sur terre qu’en mer. Mais en fait cela n’est que la face visible de la médaille, et il y a un revers. Certes, pour assurer la sécurité de son personnel, le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) a mis en place un Service de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SPRI), et l’État français dispose d’un Service Central de Sûreté des Industries Nucléaires. Les personnels de ces services sont compétents, sérieux et efficaces.

Le revers de la médaille, ce sont les entreprises privées qui travaillent en sous-traitance pour le CEA et les grands industriels du nucléaire tels que FRAMATOME et COGEMA. Ces entreprises de sous-traitance sont généralement de faibles dimensions et de caractère artisanal. Leurs dirigeants ignorent souvent tout des dangers des rayonnements ionisants, de la contamination de l’environnement par les produits et les effluents radioactifs, ainsi que des risques encourus par leurs personnels.

Ainsi par exemple, dans les laboratoires de traitement des combustibles irradiés, il y a deux zones distinctes. La première dite "zone avant" où le personnel statutaire du CEA ou de COGEMA travaille sous la protection d’épaisses vitres de verre au plomb, et au moyen de télémanipulateurs, c’est-à-dire sans contact avec la matière radioactive. La seconde, c’est la "zone arrière", plus susceptible de contamination : les ouvriers des entreprises de sous-traitance y travaillent en contact direct avec des matériaux dangereux, et vêtus seulement de scaphandres, dont la protection est aléatoire.

Certaines entreprises participent directement, dans leurs propres usines, à l’élaboration du combustible. Dans ces entreprises, les précautions sont réduites et il n’est pas rare que des effluents, voire même de l’oxyde d’uranium, soient rejetés dans l’environnement. Un sondage du lit de la marne, près du pont de Bonneuil, pourrait bien être à cet égard révélateur !

A la COGEMA, à La Hague, les acides destinés à la dissolution des gaines de combustible irradié circulent dans des tuyauteries soumises à une intense corrosion, et il n’est pas rare que des fuites se produisent. Pour la réparation il est alors fait appel à des soudeurs qui appartiennent généralement à des entreprises de sous-traitance. Évidemment, leurs salaires sont considérablement inférieurs à ceux de leurs homologues du CEA. En outre, les services médicaux chargés de les suivre sont bien moins performants que ceux destinés aux agents du CEA.

En 1982, le rapport de force syndical et la présence de la gauche au gouvernement avaient permis l’intégration d’un grand nombre du personnel sous-traitant dans les effectifs du CEA, au grand dam des dirigeants des entreprises privées qui les employaient. Depuis, le temps a passé, la droite est revenue épisodiquement au pouvoir, la gauche a perdu sa dynamique de 1981 et le syndicalisme a décliné considérablement tant en effectifs qu’en combativité. Résultat : la sous-traitance abusive a repris de plus belle dans l’industrie nucléaire et à EDF.

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