Depuis le 18 octobre dernier, soit près d’un mois, le personnel soignant de l’hôpital Marchant, à Toulouse, tient un piquet de grève devant l’entrée de cet établissement spécialisé dans la prise en charge des pathologies en santé mentale. La « tente des revendications », postée devant l’entrée, est occupée par des salariés de l’hôpital 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Ce qui a mis le feu aux poudres ? Pour pallier à la pénurie chronique de personnel dans l’unité de soin de longue durée des personnes âgées, la direction a décidé de redéployer en urgence du personnel peu habitué à travailler dans ce service, où les soins techniques sont différents des soins habituels dispensés en psychiatrie. Conséquences : mise en danger des patients du fait de personnel pas assez formé et/ou pas assez nombreux – et épuisement du personnel.

Mais ce n’est « que » la goute d’eau qui a fait déborder le vase. Depuis des années, le personnel doit faire face à une dégradation générale de ses conditions de travail. Et comme partout ailleurs, les salariés sont sommés de faire toujours plus avec de moins en moins de moyens. Et ils en ont bien conscience : « ce qui se passe ici, à Marchant, est exactement la même chose que partout ailleurs en France et en Europe, où le ras-le-bol explose », peut-on lire sur leurs tracts.

Lors des premières négociations, la direction de l’hôpital n’a cédé que sur quelques points secondaires. Elle prétendait que cette grève était le fait d’une bande « d’agités ». Les syndicats ont alors organisé un vote de l’ensemble du personnel, pour décider s’il fallait accepter les propositions de la direction et s’en tenir là – ou s’il fallait continuer le mouvement. Résultats : plus de 400 votants, sur les 1200 salariés de l’hôpital, dont 395 votes pour la poursuite du mouvement et une trentaine contre. Même les étudiantes infirmières du site se sont impliquées et ont organisé un vote, qui donne le même résultat : la lutte doit continuer !

« Nous tenons ce camp pour dénoncer la volonté des politiques de ce pays de casser le service public et de faire payer aux plus faibles et aux salariés l’ardoise de la crise. »

Le cours même des évènements pousse à une remise en cause profonde de l’état des choses actuelle : face aux revendications, la direction se dédouane en expliquant qu’il faut voir ça avec l’ARS (Agence Régionale de Santé). L’ARS, elle, explique qu’elle n’y peut rien et que c’est au niveau ministériel que ça se passe. Il ne manque plus qu’un échelon : que le ministère nous explique que lui et son gouvernement n’y peuvent rien, qu’ils ne font qu’obéir aux lois du capitalisme ! Une régression sociale permanente : voila ce que nous réserve l’avenir sous le capitalisme. Et cette dégringolade prend un caractère particulièrement inhumain dans le domaine de la santé, où la course au profit joue avec nos vies.

La Riposte apporte tout son soutien à cette lutte et se fait le relais de leurs revendications :

Sur le plan local, les salariés en lutte exigent :

1) Que la direction cesse d’alimenter la pénurie d’infirmiers et embauche immédiatement les candidats qui postulent pour pallier le manque de personnel, source de danger pour les patients comme les soignants.
2) Que la direction mette en place des conditions financières attractives pour les étudiants en soins infirmiers (800 euros aux étudiants de 3e année).
3) Que les agents contractuels (soignants, administratifs et techniques) depuis plus d’un an soient immédiatement titularisés.Retour ligne manuel
4) Que les agents de service hospitalier et les agents contractuels de l’USLD et de Lévy perçoivent la même prime de pénibilité que les infirmiers.
5) Que les mutations, renforts arbitrairement décidés par la nouvelle Direction des Soins cessent immédiatement.

Sur un plan national, les salariés en lutte exigent que :
1) Que La réforme des retraites, pénalisant doublement le personnel soignant (travail en 3/8, profession à majorité féminine) soit immédiatement retirée.
2) Que la réforme sécuritaire de l’hospitalisation sous contrainte soir réévaluée.

Vous pouvez passer apporter votre soutien moral et financier aux salariés de l’hôpital Marchant. Leur tente est ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Merci à Marie Rajablat, de Sud Santé sociaux de l’hôpital Marchant, pour ces informations.

Vidéo : http://tvbruits.org/spip.php?article1572

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