Durant plusieurs jours et plusieurs nuits, la Grèce a été le théâtre d’affrontements entre les forces de « l’ordre » et la jeunesse du pays, une explosion de colère qui témoigne du profond malaise qui s’est accumulé dans la société grecque durant des années. Tout le monde a vu ces images de saccages et de destruction, reprises en long et en large par les médias. « Voyez le chaos qui règne à Athènes. Regardez cette jeunesse en furie qui embrase toute la Grèce. Saccages, affrontements, mystérieux groupuscules anarchistes : vous n’en voulez pas, ici, en France ! » : tel est le message qu’on voulait nous faire passer, en ne montrant qu’un aspect du mouvement. Puis, lorsque la mobilisation est montée d’un cran, avec l’entrée en scène massive des travailleurs grecs, le sujet a soudainement cessé d’intéresser les grands médias. Il ne faudrait pas nous donner de mauvaises idées !

Mais si la lutte massive de la jeunesse et des travailleurs grecs est subitement passée sous silence, c’est également le cas pour de nombreux autres pays. L’Europe tout entière est secouée par la mobilisation massive de la jeunesse !

Les capitalistes doivent payer leur crise !

C’est sous ce mot d’ordre du Syndicat des Etudiants espagnol – dirigé par des marxistes – que des centaines de milliers d’étudiants et de lycéens sont descendus dans la rue à deux reprises, le 22 octobre et le 13 novembre. La plus grande manifestation a eu lieu à Barcelone et a rassemblé 70 000 personnes. Il y avait des étudiants, mais aussi des professeurs. En Catalogne, les syndicats USTEC et CGT avaient appelé les professeurs à se joindre à la grève. Organisation authentiquement révolutionnaire, le Syndicat des Etudiants cherche systématiquement à lier le mouvement étudiant aux luttes de la classe ouvrière contre la régression sociale qui frappe non seulement le système éducatif, mais tous les secteurs de la société.

Allemagne

Une vague de mobilisations de la jeunesse avait déjà secoué l’Allemagne en mai et juin 2008. Angela Merkel avait été contrainte d’organiser en urgence un « sommet sur l’éducation », pour faire diversion. Ce « sommet » a finalement eu lieu le 22 octobre. Mais aucun étudiant n’y a été invité, et rien de concret n’en est sorti, évidemment. L’autre conséquence – autrement plus importante – des grèves du printemps 2008, fut la création de comités d’étudiants, dans plusieurs villes, et la formation d’une coordination nationale, posant les bases organisationnelles des mouvements à venir.

Les mobilisations ont repris en novembre. La manifestation du 12 novembre a dépassé toutes les attentes des organisateurs. Plus de 100 000 lycéens et étudiants sont descendus dans la rue. Le gouvernement, de son côté, a cherché à intimider la jeunesse. Le ministre de l’éducation est allé jusqu’à annoncer qu’il dresserait une liste des étudiants grévistes, en vue de sanctions.

Le gouvernement allemand a réduit de plusieurs millions d’euros le budget consacré aux universités. En conséquence, certaines universités sont menacées de banqueroute. A Berlin, les aides ont été réduites de 75 millions d’euros. Cela suppose d’éliminer 10 000 places, à l’université, et de supprimer 200 postes d’enseignants dans les trois universités de la capitale ! Qu’à cela ne tienne ! Le « Stifterverband », un organisme essentiellement financé par de grandes entreprises capitalistes comme la Deutsche Bank, Daimler et Bosch, a décidé d’organiser un « concours », dans lequel universités et lycées seront en compétition pour gagner le premier prix : 10 millions d’euros ! Inutile de dire que cette initiative cynique n’a pas été beaucoup appréciée par le mouvement étudiant et syndical.

Italie

Après plusieurs mois de mobilisation des étudiants et du personnel de l’éducation contre les privatisations et les coupes budgétaires, la classe ouvrière italienne a fait une entrée massive sur le devant de la scène. La principale confédération syndicale du pays, la CGIL, a appelé à la grève générale, le 12 décembre, pour protester contre la politique économique du pays, face à la crise.

L’économie italienne était en déclin avant même la récession mondiale, qui lui porte le coup de grâce. Elle est embourbée dans la corruption. Les conditions de vie de la masse de la population italienne sont en constante dégradation. Les prix augmentent de manière disproportionnée par rapport aux salaires. Le chômage et la précarité s’aggravent sans cesse. Dans ce contexte, la grève et les manifestations ont été un franc succès : 200 000 personnes à Bologne, des dizaines de milliers de travailleurs et d’étudiants à Milan, Turin, Rome, Naples et dans une centaine d’autres villes.

Pour tenter de briser l’unité entre étudiants et travailleurs, le gouvernement italien a fait quelques concessions, le lendemain du 12 décembre, en reportant ou modifiant la mise en place des quelques points les plus controversés de la réforme de l’éducation. C’est précisément la manoeuvre que tente Darcos, en France. A la mobilisation de la jeunesse vient s’ajouter la journée d’action intersyndicale prévue pour le 29 janvier. Le gouvernement français veut absolument éviter la convergence des mouvements de la jeunesse avec celui des travailleurs : il connaît trop bien le mélange explosif qui en résulte. Ainsi, comme on peut le lire sur le site du Figaro, Sarkozy craint que le mouvement lycéen « constitue l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres ». La classe dirigeante est bien consciente du profond mécontentement qui existe dans la société. Elle redoute – à juste titre – une explosion sociale. C’est vrai en France comme dans tous les pays d’Europe.

Baromètre

La jeunesse est toujours un baromètre sensible des tensions qui s’accumulent dans la société. A de nombreuses reprises, dans l’histoire, les mobilisations de la jeunesse ont précédé et annoncé de grands mouvements de la classe ouvrière. Ce fut le cas, par exemple, dans la révolution espagnole des années 30, dans la révolution russe de 1905 – ou au début de l’année 1968, en France.

Quelle que soit l’issue immédiate de ces mouvements, ils annoncent de grands orages sociaux. Beaucoup de jeunes et de travailleurs en tireront des conclusions révolutionnaires. Dans tous les pays, un même processus est en cours de maturation. Il ne s’arrêtera pas aux frontières de l’Europe. Partout, les mêmes causes produiront les mêmes effets !

Tous ces évènements démontrent à quel point la nouvelle génération est déterminée à lutter pour son émancipation. Elle cherche un drapeau, une idée et un programme qui l’inspirent et la mèneront à la victoire. La tâche des communistes est de rassembler la jeunesse en lutte sous le drapeau du socialisme !

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