Article publié par Socialist Appeal en juillet 2018.


Toute personne qui s'est rendue à un festival de musique récemment sera de plus en plus conscient de la commercialisation qui affecte cette partie de la culture – parfois avec de dangereux résultats.

Par exemple, plus tôt cet été, des piétinements de foule ont failli arriver au Field Day 2018 au Brockwell Park dans le sud de Londres. Les organisateurs ont clairement vendu plus de billets qu’il n’y avait de places dans le but de maximiser leurs profits, ignorant les limites de capacité d’accueil, tout en prenant des mesures irresponsables, ce qui a mené des centaines de personnes à se retrouver piégées et piétinées dans une tente pendant la montée sur scène d’un des principaux artistes.

Les organisateurs ont désespérément demandé à la foule de « prendre moins de place ». Les participants ont décrit l’événement comme étant « terrifiant » et « un désastre en préparation ». Alors que les organisateurs revendiquaient faire de la sécurité leur principale priorité, cette mauvaise gestion a mis les participants en réel danger.

Le Field Day lui-même a été déplacé de son emplacement habituel (plus grand), le Victoria Park dans l’est de Londres, pour laisser la place au All Points East, festival hyper-commercial. Assister à cet événement pendant un seul jour revenait à 67 € la place.

Ce n’est pas la première fois que le problème de sécurité du public a suscité des craintes dans les festivals de musique au cours des dernières années. Rien que l’été dernier, encore au Brockwell Park, il y a eu un autre risque de piétinement de foule au festival Sunfall. La foule a été prise de panique, certains sautaient même au-dessus des clôtures pour éviter d’être blessés.

Plus tôt cette année, au festival Mutiny à Portsmouth pendant les jours chauds de mai, le prix de l’eau a été fixé au prix absurde de 3 € la bouteille. Les participants ont été forcés de payer ce prix exorbitant ou de risquer la déshydratation, alors que les robinets publics avaient cessé de fonctionner. Douze personnes ont été emmenées à l’hôpital et deux sont mortes pendant le festival.

Ces inquiétudes sur la sécurité ont émergé à cause de la tendance générale vers laquelle se dirigent les festivals de musique. Loin d’être de grandes célébrations de la musique, les festivals actuels sont des machines à profit bien réglées, calibrées pour tirer le plus possible d’argent – durement gagné par les fêtards. C’est la raison qui se cache derrière les prix inabordables : des billets à la nourriture, et des boissons aux marchandises de mauvaise qualité.

Un week-end au festival Latitude coûte maintenant plus de 243 €, et ce sans compter ce que vous serez forcés de payer pour manger et boire quand vous serez sur place. Le prix du billet a augmenté de 103 % depuis le premier Latitude en 2006. L’inflation générale pendant la même période était de 29 %. Il est inutile de dire que le prix des billets suit la même tendance dans tous les festivals.

Bien entendu, de plus hauts prix ne signifient pas une meilleure qualité. Prenez le festival Fyre – un festival pour les ultra-riches qui aurait dû avoir lieu sous le soleil des Bahamas en 2017. Les billets à la journée les moins chers coûtaient 1283 € ; le week-end au camping de luxe 10 265 €. Mais le festival était un désastre. Les musiciens sont partis les uns après les autres, après une seule représentation de quelques heures. Sans mentionner le manque chronique d’infrastructure et de personnel.

Le nombre de personnes extrêmement riches affectées par cela pâlit toutefois en comparaison du nombre gigantesque de festivaliers au niveau mondial, qui se font dans le meilleur des cas arnaquer, et sont souvent mis en danger.

Des jeunes économisent leurs revenus pendant des mois pour participer à des festivals, leur seule échappatoire durant l’été. Et ceux qui n’ont pas la chance d’avoir ce type de revenu ne pourront simplement pas y participer.

Ce fait n’a pas échappé aux organisateurs de festivals. Ils peuvent recruter une armée de volontaires parmi cette réserve de jeunes pour faire la majorité du travail de terrain du festival, en leur offrant la chance de voir une poignée de représentations musicales en retour. On demande aux volontaires de faire plusieurs journées de 8 heures, non payées, sous la chaleur, s’occupant de tout, du stationnement automobile à la sécurité incendie – tout ça avec une formation et une direction minimale.

C’est juste un autre moyen pour les organisateurs d’augmenter leurs profits, en utilisant ce travail gratuit plutôt que de payer des travailleurs qui pourraient peut-être demander de meilleures conditions.

Le fait est que les festivals sous le capitalisme sont avant tout des projets dont le but est de faire de l’argent. Tant que cela sera le cas, ces événements ne seront jamais fondamentalement sur la musique ou la culture, mais pour le profit des entreprises impliquées. Seuls ceux qui font les profits auront une raison de se réjouir une fois le festival terminé. Tous les autres seront forcés de souffrir en silence et de payer le prix fort pour profiter d’un petit morceau de musique en direct, de comédie et de culture.

C’est la raison pour laquelle les festivals deviennent de plus en plus chers, de plus en plus commercialisés et enfin qu’ils exploitent de plus en plus de personnes. Toute personne qui se soucie réellement de la musique devrait combattre pour la libérer des mains étouffantes du capitalisme. Et ce n’est possible qu’en combattant pour changer la société tout entière.

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