Travailleurs IA Kenya

En février dernier, les représentants d’une centaine de pays et des plus grandes entreprises de la planète se sont rassemblés à Paris dans le cadre du « Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle ». Entre deux réceptions fastueuses et une soirée dansante, ils ont appelé à ce que « l’IA soit ouverte à tous, inclusive, transparente, éthique, sûre, sécurisée et digne de confiance, dans le respect des cadres internationaux ». Ces belles considérations ne s’appliquent cependant pas aux très nombreux travailleurs sur lesquels repose le développement des modèles d’intelligence artificielle.

Les intelligences artificielles n’apprennent pas toutes seules. Quelle que soit la tâche pour laquelle un modèle IA est créé (reconnaissance faciale, génération de textes, etc.), il doit d’abord être « nourri » d’une montagne de données traitées et triées par des cerveaux humains. Ce travail répétitif consiste à sélectionner des vidéos, classer des images, annoter des textes, ou encore transcrire des enregistrements sonores. OpenAI, Meta, DeepSeek et les autres monopoles qui dominent ce marché délèguent systématiquement le traitement de ces données auprès d’entreprises implantées dans des pays plus pauvres, où les salaires comme le coût de l’électricité sont bas et où le droit du travail est peu contraignant.

Tri de données traumatisantes

Loin du glamour du sommet de Paris, les conditions de travail de ces salariés du numérique sont infernales. 40 000 d’entre eux travaillent à Nairobi, capitale du Kenya. Beaucoup sont parqués dans des hôtels par leurs employeurs qui contrôlent aussi leurs déplacements. Pour éviter les fuites de données et l’espionnage industriel, leurs téléphones sont confisqués. Une navette quotidienne les amène sur leur lieu de travail : des centres fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. A la fin de la journée, après 10 heures de travail payées moins de deux dollars par heure, la navette les ramène à leur hôtel.

A ces conditions déplorables s’ajoute la nature même de leur travail. Payés pour trier ou évaluer des données, ils sont régulièrement exposés à des contenus horribles : images d’une scène de meurtre ; lettre d’adieu d’un suicidé ; vidéo d’actes de torture, de pédophilie, de viol ; etc. Pour leur hiérarchie, tout cela ne représente que des données servant à calibrer les modèles de censure des IA, mais pour ces travailleurs, c’est une source de traumatismes parfois très graves.

L’intelligence artificielle représente un potentiel énorme pour la science et le progrès humain. Mais tant que ce potentiel restera entre les mains des capitalistes, il ne servira qu’à générer de nouveaux profits pour remplir les poches d’une toute petite minorité, quitte à plonger de nombreux travailleurs dans une souffrance insondable.

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