Sources: World Economic Forum/Faruk Pinjo ; U.S. Secretary of Defense - https://www.flickr.com/photos/68842444@N03/52956024584/ ; Jérémy Barande / Ecole polytechnique Université Paris-Saclay / CC BY-SA 2.0

Alors que le nouveau Premier ministre cherche un moyen de construire un semblant d’équilibre parlementaire, la question de la taxation des plus riches est au centre des négociations. Lecornu doit donner un prétexte au PS pour que celui-ci puisse « justifier » de ne pas censurer son gouvernement. Mais il doit aussi veiller à ne pas s’aliéner la droite.

La taxe Zucman

Dans ces tractations au sommet, la gauche promeut la « taxe Zucman » : un impôt de 2 % par an sur les 1800 foyers français les plus riches, ceux dont le patrimoine est supérieur à 100 millions d’euros. D’après son inventeur, l’économiste Gabriel Zucman, cela rapporterait 20 milliards d’euros par an. D’autres économistes affirment que l’évasion fiscale réduirait en fait ce chiffre à seulement 5 à 6 milliards.

Au regard des milliards accumulés par les plus riches, le montant de cette taxe est extrêmement faible. En dix ans, notamment grâce à la politique fiscale de Macron (suppression de l’ISF, « flat tax » sur les revenus du capital, etc.), la fortune des 500 familles les plus riches de France est passée de 400 à 1200 milliards d’euros. Rappelons également que l’évasion et l’« optimisation » fiscales pratiquées par ces mêmes personnes sont estimées entre 60 et 80 milliards d’euros par an.

Pourquoi les riches ne devraient-ils s’acquitter que de quelques milliards pour payer les conséquences de leur crise, tandis que les travailleurs supportent l’essentiel de l’effort ? Cerise sur le gâteau, cette taxe ne servirait qu’à aider à combler le déficit public, pas à améliorer le niveau de vie des travailleurs. Au final, la campagne autour de cette mesure offre surtout au PS l’occasion de justifier le maintien de ce nouveau gouvernement macroniste, et pour ce dernier de poursuivre ses attaques contre les travailleurs.

Du point de vue du gouvernement, une telle taxe pourrait donner l’illusion d’un « effort partagé » entre riches et pauvres et, espère-t-il, l’aider à imposer aux travailleurs un nouveau budget ultra-austéritaire. Il semble que Lecornu préférerait néanmoins une taxe encore plus indolore. Mais, même dans l’hypothèse peu probable où la taxe Zucman serait adoptée par le futur gouvernement, il sera difficile de parler de « justice fiscale », car l’exécutif ferait payer dans le même temps bien plus aux travailleurs.

La crise du capitalisme français 

Cette proposition très modérée a pourtant provoqué un véritable tollé dans les rangs du patronat et de ses relais politico-médiatiques. Le Medef appelle à un « énorme meeting » le 13 octobre pour s’y opposer. Bernard Arnault – pour qui « une taxe sur les riches détruirait notre économie » – est allé jusqu’à qualifier Zucman de « militant d’extrême gauche ». Les Echos (propriété de… Bernard Arnault) affirment qu’il s’agit d’un « piège mortel » et d’un « suicide économique assisté ». Nous pourrions multiplier à l’infini les exemples de ce type de prophéties apocalyptiques trouvées dans la presse « libre » des milliardaires. C’est probablement le patron de Bpifrance qui remporte le trophée du meilleur lèche-botte : « On devrait dresser des statues à Pinault et Niel plutôt que de leur prendre 2 % », a-t-il lâché, avant d’ajouter que c’était « délirant », « communiste »… Si seulement !

Ces cris d’orfraie ne reflètent pas que de l’égoïsme. Dans le cadre du capitalisme, il y a une logique à faire payer la crise aux travailleurs – et uniquement à eux. Toute tentative de taxer les riches pour combler le déficit ne ferait que saper la stabilité et la compétitivité du capitalisme français. Or, ce dernier est déjà en crise depuis des décennies et est de moins en moins capable de rivaliser avec ses rivaux sur les marchés national, européen et mondial – en particulier face à l’Allemagne et la Chine.

Le déclin de l’impérialisme français en Afrique n’a fait qu’intensifier cette crise. Son accès aux ressources à bas prix et aux marchés de ces pays est menacé par d’autres puissances impérialistes, comme la Chine et la Russie. Tout cela alors que l’industrie française est déjà bien en retard sur ses rivales. Pour toutes ces raisons, la classe dirigeante française refuse de céder ne serait-ce qu’une miette.

Le Parti Communiste Révolutionnaire est évidemment favorable à ce que les riches soient taxés. Ils bénéficient de toutes sortes d’astuces fiscales pour payer le moins d’impôts possible, le tout avec l’appui de Bercy et des gouvernements bourgeois successifs. Le mot d’ordre « taxer les riches » a aussi un autre mérite, celui de stimuler la lutte des classes, car il souligne l’accroissement sans limites des inégalités entre les travailleurs, toujours plus pauvres, et la toute petite minorité parasitaire, toujours plus riche, que constitue la bourgeoisie. Mais cette taxation n’est pas une solution en soi, car elle ne règle en rien les contradictions fondamentales de l’économie capitaliste. Cette tâche ne peut être réalisée qu’en expropriant purement et simplement la classe capitaliste.

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