Le 17 mai dernier, les militants toulousains du Parti Communiste Révolutionnaire (PCR) organisaient une « école locale », c’est-à-dire une journée de formation aux idées du marxisme. Quatre semaines plus tard, le 12 juin, le quotidien régional La Dépêche publiait un article intitulé : « C’est quoi cette école du marxisme à Toulouse ? ».
Malheureusement, son auteur n’a pas mis à profit ces quatre semaines pour faire le minimum de recherches requis. D’emblée, il écrit que le PCR est « un groupuscule jusqu’ici inconnu ». Avec la trentaine de militants actifs que nous comptons sur Toulouse, nous voulons bien y être qualifiés de « groupuscule », si cela fait plaisir à La Dépêche. Mais il n’est pas vrai que le PCR était « jusqu’ici inconnu » à Toulouse. Des milliers de jeunes et de travailleurs toulousains connaissent notre parti et son journal, Révolution. Ce dernier est diffusé dans la Ville Rose, depuis 11 ans, sur les petites et grandes manifestations (syndicales et autres), mais aussi sur la faculté de Jean Jaurès, à des sorties du métro et en d’autres lieux publics. Quant à « l’école du marxisme » de mai dernier, elle n’avait rien d’inédit : à Toulouse comme dans toutes les villes où le PCR est implanté, il organise souvent de telles écoles, depuis de nombreuses années.
Ainsi, dès la première ligne de son article nous concernant, La Dépêche affiche une solide ignorance. Tout le reste est à l’avenant. C’est une succession d’erreurs grossières – sur fond d’une hostilité politique formulée d’une façon caricaturale : La Dépêche écrit que notre école locale « semble surgir tout droit d’un manuel soviétique », que le PCR est « figé dans l’imaginaire du siècle dernier », qu’il dégage « une odeur de naphtaline », etc. Il est inutile de répondre à ce genre de formules creuses. Ici, nous relèverons simplement quelques erreurs factuelles.
Pour préparer cet article, La Dépêche a consulté « l’historien Aurélien Dubuisson, spécialiste de l’extrême gauche ». Celui-ci souligne qu’il « y a des divergences idéologiques profondes » entre le PCR et des organisations d’« extrême gauche » telles que Lutte Ouvrière, Révolution Permanente et le NPA. C’est exact. Mais pour illustrer ces divergences, La Dépêche affirme que le PCR, lui, est « hostile à la France insoumise », sans plus de précisions.
C’est là un très mauvais exemple de nos divergences avec les organisations d’« extrême gauche » citées par La Dépêche. En effet, à la différence de ces organisations, nous avons appelé à voter pour Jean-Luc Mélenchon en avril 2017 et en avril 2022. Bien sûr, il s’agissait d’un soutien critique, car le PCR est un parti révolutionnaire et la FI un mouvement réformiste. Nous avons consacré de nombreux articles à souligner les limites du programme de la FI, qui jette des illusions sur la possibilité d’en finir avec la régression sociale sans renverser le capitalisme. Mais en affirmant simplement que le PCR est « hostile à la France insoumise », et ce afin d’illustrer nos divergences avec des organisations notoirement sectaires à l’égard de la FI, La Dépêche s’emmêle les pinceaux et déforme complètement notre position.
Elle se livre à une deuxième distorsion, encore plus grotesque, lorsqu’elle affirme que le PCR est « sceptique vis-à-vis du féminisme et de l’antiracisme qualifiés de "mobilisations secondaires" ». Le PCR n’a jamais dit ou écrit que la lutte contre le racisme et l’oppression des femmes relevait de « mobilisations secondaires », car ce n’est pas du tout la position marxiste. La lutte contre le racisme, l’oppression des femmes et toutes les oppressions occupe une place fondamentale (et non « secondaire ») dans la lutte pour la transformation socialiste de la société. Ce « b.a.-ba » du marxisme échappe sans doute à La Dépêche. Toujours est-il qu’elle se livre à une distorsion flagrante de la position du PCR sur la lutte contre les oppressions.
D’autres erreurs factuelles émaillent ce lamentable article, qui par exemple invente une « scission » de notre Internationale, alors qu’elle a simplement changé de nom : en juin 2024, la Tendance Marxiste Internationale est devenue l’Internationale Communiste Révolutionnaire, dont le PCR est la section française.
Pour conclure, soulignons le lien entre l’amateurisme journalistique de La Dépêche, dans cet article, et sa véritable motivation politique, à savoir : discréditer les idées du communisme via un article sur le PCR. A cette fin, il n’est pas nécessaire de caractériser exactement les positions du PCR ; l’essentiel, c’est de distiller quelques formules rituelles sur « l’odeur de naphtaline » que dégagerait notre parti, « l’héritage sanglant » du stalinisme (que La Dépêche, bien sûr, assimile à tort au marxisme), « l’imaginaire d’un autre siècle » dont relèverait notre « discours », qui dès lors serait « déconnecté des réalités contemporaines », etc., etc. Dans un contexte où La Dépêche s’inquiète du fait que le marxisme « séduit une frange de la jeunesse » (et même une frange croissante), le vieux journal toulousain a voulu apporter sa modeste contribution à la croisade permanente des médias bourgeois contre les idées authentiques du communisme. Notre verdict : « peut mieux faire ».