violences sexistes et sexuelles en milieu médical

En février dernier, une centaine de médecins (hommes) ont publié dans Le Monde une tribune qui déplore le « sexisme systémique qui sévit dans le monde médical, hospitalier et universitaire, qui nous salit collectivement, qui met en danger et, parfois, détruit nos collègues femmes ».

Cette tribune fait suite à l’enquête de l’Ordre des médecins sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) en milieu médical. Plus d’une femme sur deux (54 %) déclare en avoir été victime dans son parcours étudiant ou professionnel. 49 % ont été victimes d’outrages sexistes et sexuels, 18 % de harcèlement sexuel, 9 % d’agressions sexuelles et 2 % de viols. Dans la moitié des cas, l’auteur des violences serait un autre médecin.

65 % des médecins actifs déclarent avoir eu connaissance de ces VSS. Les médecins signataires de la tribune admettent que « souvent, nous avons ricané avec le groupe et renchéri, parfois nous nous sommes contentés d’une attitude de neutralité silencieuse et, exceptionnellement, nous avons fait part de notre désapprobation. » Seuls 28 % des médecins déclarent savoir quelles aides sont accessibles aux victimes. Malgré la gravité des faits, les signalements au Conseil de l’Ordre sont rares. Et pour cause : si un médecin dénonce de tels faits, il peut être sanctionné pour « absence de confraternité ».

L’Ordre des médecins promet de « co-construire, avec l’université, des modules de sensibilisation sur les VSS dans le parcours étudiant ». Mais dans le même temps, l’Ordre a protégé le chirurgien Le Scouarnec, qui a reconnu avoir violé et agressé sexuellement 299 personnes – pour la plupart mineures – dans l’exercice de ses fonctions, entre 1986 et 2014. Il avait déjà été condamné il y a vingt ans pour détention d’images pédopornographiques. Sans le contrôler ni l’écarter de ses fonctions, l’Ordre l’a même autorisé à prolonger son exercice après la retraite.

La tribune publiée dans Le Monde appelle les médecins témoins de VSS « à réagir, à accompagner les victimes dans leurs démarches, à refuser la promotion de responsables de violences, à exiger des enquêtes et des sanctions de la part des institutions hospitalières ». Les racines économiques et sociales des VSS sont trop profondes pour qu’un tel appel ait le moindre effet. Parmi les facteurs aggravants, mentionnons les coupes budgétaires qui frappent l’hôpital : souvent, les victimes et les témoins hésitent d’autant plus à sanctionner les agresseurs que la demande de soins est importante – et les effectifs de personnels soignants insuffisants.

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