C’est une objection classique : « le socialisme, c’est bien joli sur le papier, mais cela restera une utopie ». Autrement dit, le socialisme serait une création imaginaire qui ne pourra jamais être réalisée.

Marx et Engels ont d’avance balayé cette objection. S’ils ont qualifié leur socialisme de scientifique, c’est précisément par opposition au socialisme utopique, lequel a émergé – surtout en France – au tout début du XIXsiècle.

Les premiers socialistes

Les trois plus grandes figures du « socialisme utopique » furent Charles Fourier, Robert Owen et Saint-Simon. Différents à bien des égards, ces brillants esprits avaient un point commun : ils ne comprenaient pas le rôle central que devait jouer la lutte des classes dans l’avènement du socialisme. Ils ne comprenaient pas qu’en développant les forces productives et la classe ouvrière moderne, le capitalisme préparait les éléments de son propre renversement.

Il y avait une raison à cela : dans le premier quart du XIXe siècle, la classe ouvrière et la grande industrie commençaient tout juste à émerger. « A l’immaturité de la production capitaliste, à l’immaturité de la situation des classes, répondit l’immaturité des théories », écrivait Engels à propos du « socialisme utopique ». Ces théories dessinaient, jusque dans leurs détails, les contours et le fonctionnement de la « société parfaite » qui devait remplacer le système capitaliste. Mais comment se réaliserait un tel bouleversement de l’ordre social ? Les utopistes répondaient : par la propagande et par l’exemple, censés convaincre la bourgeoisie elle-même. Il suffirait qu’on lui montre les avantages de la nouvelle société pour qu’elle s’y rallie, à terme.

Aujourd’hui, personne n’imagine pouvoir convaincre Jeff Bezos, Elon Musk ou la famille Dassault, par exemple, de renoncer à leur course aux profits. Mais à l’époque de Fourier, Owen et Saint-Simon, les choses n’étaient pas aussi claires.

Marx et Engels

C’est la maturation des rapports de production capitalistes et le développement de la lutte des classes, dans le deuxième quart du XIXe siècle, qui ont posé les bases matérielles et sociales d’une nouvelle théorie : le socialisme scientifique.

Ses fondateurs, Marx et Engels, n’ont pas imaginé une société parfaite ; ils ont trouvé dans le mouvement du capitalisme lui-même les éléments de la société socialiste à venir – c’est-à-dire les leviers matériels et sociaux de son avènement : la grande industrie et la classe ouvrière. Engels expliquait : « le socialisme n’apparaissait plus maintenant comme une découverte fortuite de tel ou tel esprit de génie, mais comme le produit nécessaire de la lutte de deux classes produites par l’histoire, le prolétariat et la bourgeoisie. Sa tâche ne consistait plus à fabriquer un système social aussi parfait que possible, mais à étudier le développement historique de l’économie qui avait engendré d’une façon nécessaire ces classes et leur antagonisme, et à découvrir dans la situation économique ainsi créée les moyens de résoudre le conflit. » [1]

Du capitalisme au communisme

Quels sont ces « moyens de résoudre le conflit » ? C’est la conquête du pouvoir par la classe ouvrière (le salariat), la nationalisation des grands moyens de production et la planification démocratique de l’économie – à l’échelle nationale, puis internationale. Non seulement ceci n’a rien d’utopique, mais c’est la seule voie hors de l’enfer dans lequel le capitalisme en crise plonge l’écrasante majorité de l’humanité. Ce qui est « utopique », c’est-à-dire privé de toute base matérielle, c’est l’idée réformiste selon laquelle il serait possible d’en finir avec les inégalités, la misère, l’exploitation et les oppressions sur la base du capitalisme. Cela n’arrivera pas, de sorte que le « réalisme » et le « pragmatisme » dont se targuent les dirigeants réformistes sont parfaitement creux.

Enfin, le socialisme scientifique – précisément parce qu’il est scientifique – ne prétend pas que les travailleurs, une fois au pouvoir, pourront transformer d’un seul coup la société au moyen de décrets et de proclamations. La transition du capitalisme au communisme, c’est-à-dire à une société sans classes, sera un processus titanesque dont le succès dépendra du développement des forces productives, d’une part, et du développement international de la révolution, d’autre part. Comme l’ont dit et répété Marx, Engels, Lénine et Trotsky, le communisme sera mondial – ou ne sera pas.


[1] Les deux citations sont extraites de Socialisme utopique et socialisme scientifique (Engels).



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