Le 8 septembre dernier, un mouvement révolutionnaire a éclaté au Népal. En l’espace de vingt-quatre heures, des dizaines de milliers de jeunes sont descendus dans les rues, ont mis le feu au Parlement, obtenu la démission du Premier ministre et de son gouvernement, et forcé les politiciens les plus détestés à fuir en hélicoptère. Ces images ont fait le tour du monde. Elles ont montré aux travailleurs du monde entier – et à leurs classes dirigeantes terrorisées – la puissance des masses lorsqu’elles se mettent en mouvement.

Une colère de classe 

Les événements du Népal s’inscrivent dans une vague révolutionnaire plus large, qui a récemment touché toute une série de pays dominés par l’impérialisme – en particulier en Asie du Sud et du Sud-Est, et en Afrique. On peut citer les mobilisations au Sri Lanka en 2022, au Bangladesh et au Kenya en 2024, et cette année en Indonésie, aux Philippines, au Timor oriental et à Madagascar.

Alors que le chômage, l’inflation et l’endettement grimpent en flèche sur fond de crise mondiale du capitalisme, l’écart entre l’opulence des cliques dirigeantes de ces pays et la pauvreté de leur population a dépassé le seuil du supportable. Au Népal, la contestation est partie d’un mouvement contre les « nepo-babies », les enfants de la classe dirigeante qui vivent dans le luxe aux dépens des masses pauvres. Au Bangladesh, la contestation a été déclenchée par l’injustice des politiques de quotas à l’embauche dans la fonction publique, qui favorisaient les familles proches du pouvoir.

Chaque fois, c’est une colère de classe qui s’exprime, même si, à ce stade, elle mobilise essentiellement les couches les plus jeunes de la population. Et comme lors des révolutions du « Printemps arabe » en 2011, le renversement rapide de cliques dirigeantes qu’on pensait éternelles – les Hasina au Bangladesh, les Rajapaksa au Sri Lanka – encourage la jeunesse d’un pays après l’autre à passer à l’action.

Motivées par la lutte contre la corruption des classes dirigeantes, ces révolutions sont caractérisées par un rejet de l’ensemble des partis politiques et des institutions du pouvoir. Au Sri Lanka, les manifestants ne se sont pas contentés de la démission du président : ils ont exigé le renvoi de tous les députés. En Indonésie, ils ont crié « A bas le Parlement ». Au Népal, ils l’ont tout simplement incendié. Quant à la jeunesse kényane, elle a adopté le slogan « sans tribus, sans chefs et sans partis » pour marquer son opposition à tous les « porcs parlementaires ».

Cette défiance n’est pas surprenante : tous ces partis officiels, de droite comme « de gauche », se sont compromis avec le système. Au Bangladesh, le parti « communiste » stalinien a longtemps soutenu la Ligue Awami de la dictatrice Sheikh Hasina, car il prétendait qu’elle incarnait une aile « progressiste » et « anti-impérialiste » de la bourgeoisie bangladaise. Au Népal, ce sont carrément les différents partis « communistes » eux-mêmes qui se sont relayés au pouvoir, depuis 2008, pour appliquer les politiques austéritaires dictées par le FMI – tout en enrichissant les familles de leurs dirigeants.

Il faut une direction révolutionnaire ! 

D’un pays à l’autre, la jeunesse révolutionnaire a montré la mesure de son courage. Mais les grandes organisations du mouvement ouvrier sont restées criminellement inactives – quand elles n’ont pas ouvertement défendu le régime. A l’instar des généraux kényans et bangladais, qui ont consigné les soldats dans leurs casernes pour prévenir la contagion révolutionnaire, les dirigeants syndicaux se sont chargés de « consigner » les gros bataillons de la classe ouvrière dans leurs entreprises.

Au Sri Lanka, ils ont sciemment ignoré l’appel des étudiants à organiser une grève générale révolutionnaire. Au Kenya, le secrétaire de la confédération syndicale COTU-K s’est même servi de son autorité auprès des travailleurs pour défendre le plan d’austérité du gouvernement de William Ruto. Or, à eux seuls, des dizaines de milliers de jeunes peuvent mettre la classe dirigeante sur la défensive, faire tomber quelques gouvernements, mais leurs mouvements isolés finissent fatalement par s’épuiser.

Au Kenya, Ruto a réussi à se maintenir au pouvoir en combinant manœuvres et répression. Au Bangladesh, au Sri Lanka et au Népal, la classe dirigeante s’en est sortie – au moins temporairement – en remplaçant les politiciens les plus haïs par de nouveaux dirigeants bourgeois moins discrédités.

C’est une loi de toute révolution : sans la participation massive de la classe ouvrière, et sans une direction révolutionnaire à la tête du mouvement des masses, la bourgeoisie finira toujours par reprendre le contrôle. Malgré toute leur détermination, les mouvements « sans chefs et sans partis » ne font au final pas le poids face à la classe dirigeante, qui sait s’organiser pour défendre ses intérêts.

La vague révolutionnaire en cours montre qu’une puissante colère est à l’œuvre et que la jeunesse est prête à se battre pour en finir avec la corruption et les inégalités. Mais pour réussir à se lier à la classe ouvrière et abattre le système, il lui manque encore une direction révolutionnaire à la hauteur de son potentiel.



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