Plusieurs enquêtes de journalistes ont révélé les traitements indignes que certaines crèches réservaient aux enfants : limitation du nombre de couches à trois par jour, restrictions sur les repas, suppression des chauffages d’appoint, maltraitances… En 2022, une fillette est morte empoisonnée à Lyon. L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a collecté plus de 2 000 témoignages de maltraitances en tout genre : coups, griffures, punitions injustifiées ou humiliations.

Les dirigeants des crèches privées rejettent la responsabilité sur les salariés : cette situation dramatique ne serait que le résultat de « fautes individuelles ». Christophe Durieux, fondateur du groupe People & Baby, réclame même le fichage des salariés et l’installation de caméras de surveillance dans les structures ! Ces mesures ignorent le véritable problème, qui tient à la logique du profit et au manque de moyens humains.

Privatisation

La France dispose d’une capacité d’accueil en crèche de près de 500 000 places pour les enfants de zéro à trois ans. Plus de la moitié des places sont contrôlées directement par les collectivités locales et les mairies, un quart sont gérés par des entreprises privées, le reste par des associations.

Dans les années 2000, le secteur est marqué par un déficit structurel de places en crèche. En 2004, au lieu d’investir dans le service public, le gouvernement Raffarin choisit de privatiser partiellement le secteur et d’accorder des subventions massives aux entreprises privées. Les crèches privées, qui étaient alors virtuellement inexistantes, se sont développées très rapidement. Pourtant, alors que l’objectif affiché par cette réforme était de combler la pénurie, celle-ci persiste et on estime qu’il manque encore aujourd’hui plus de 200 000 places.

Cette politique a en réalité permis l’émergence d’un nouveau marché, dont le chiffre d’affaires est aujourd’hui évalué à 1,5 milliard d’euros. Quatre grands groupes, dont Les Petits Chaperons Rouges et La Maison Bleue, dominent désormais le secteur et détiennent près de 65 % des crèches privées.

Pour faire des économies, les mairies confient de plus en plus souvent à un groupe privé la gestion de leur crèche municipale. C’est le principe de la délégation de service public (DSP). À la suite d’un appel d’offres, les municipalités choisissent, en général, l’opérateur privé qui propose le meilleur prix. De leur côté, les entreprises fixent des prix toujours plus bas pour gagner de nouveaux marchés. Mais les crèches privées cherchent avant tout la rentabilité, et la baisse des prix se traduit par une réduction de leurs coûts de fonctionnement qui se répercute inévitablement sur la qualité des prestations.

Des usines à bébé

Pour attirer les parents, les crèches privées vantent leurs pratiques pédagogiques « innovantes » et les « repas bio » donnés aux enfants. Pourtant, les objectifs de rentabilité priment sur les activités éducatives. Dans leur livre Le prix du berceau (paru en 2023), Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse rapportent les propos d’une directrice lucide sur ce qu’implique le manque de moyens : « Quand il manque trois salariées sur le terrain, on oublie les belles animations qu’on aimerait mettre en place et on se concentre sur le minimum vital ».

Pour faire des économies, les repas sont rationnés, les locaux minimalistes et les dortoirs exigus. Les groupes privés – dirigés par de grands actionnaires qui ne connaissent rien aux métiers de la petite enfance – font pression sur les équipes encadrantes. Celles-ci imposent ensuite aux employées des cadences proprement infernales. Les tâches sont minutées et les salariés travaillent comme à la chaîne : il ne faut pas prendre plus de quinze minutes pour changer dix enfants, soit une minute trente par bébé. Quiconque a déjà changé la couche d’un enfant dans sa vie sait que cela n’est pas réaliste.

Les employés subissent, comme les enfants, les exigences de rentabilité fixée par les grands groupes. Quand les moyens sont trop insuffisants, quand il y a plus de bébés que de bras, le dévouement des salariés ne suffit plus. Le manque de temps et d’effectifs amène inévitablement les salariés à utiliser la force pour contraindre les enfants à se taire, à s’habiller et manger seuls… Ce qui a des conséquences désastreuses sur le développement des enfants.

Les parents ne devraient pas avoir à laisser leur enfant pour aller au travail, la boule au ventre, en craignant que leur petit soit maltraité. Les groupes privés du secteur devraient être nationalisés, sans compensation financière pour leurs propriétaires. La rentabilité ne devrait même pas être une question quand il s’agit de l’éducation de nos enfants.

Comme les structures publiques manquent elles aussi de moyens, il faudrait un vaste plan d’investissement : d’abord pour rénover et construire des structures adéquates, ensuite pour recruter et former des éducateurs de jeunes enfants (EJE), des auxiliaires de puériculture – et le personnel suffisant pour accueillir les plus jeunes. La multiplication de petites structures publiques, de qualité et situées à proximité des lieux de vie changerait radicalement les conditions de travail du personnel, la qualité de l’accueil et la vie des parents.

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