Le samedi 10 mai, à 7h30 du matin, des mères sans-papiers et sans logis, ainsi que leurs enfants, ont été expulsés par la gendarmerie de la faculté de Paris 8 (Saint-Denis), à la demande de son nouveau président, Arnaud Laimé. Ces femmes – certaines enceintes – y avaient trouvé refuge à l’initiative du Collectif Combat Hébergement 93, qui exige que leur soit trouvé un logement digne et pérenne. Quelques semaines plus tôt, elles avaient été expulsées de la Bourse du travail de Saint-Denis, à l’initiative du maire PS de la ville, Mathieu Hannotin.
Cette nouvelle expulsion manu militari, qui contredisait les « engagements » verbaux de la présidence de Paris 8, a provoqué l’indignation et la colère d’étudiants mobilisés en soutien au Collectif Combat Hébergement 93. Cependant, cette légitime colère a débouché sur des actions, les 12 et 13 mai, qui ne pouvaient que nuire à la lutte elle-même : dégradations, insultes et coups de pressions contre le personnel de la faculté, etc. Seule une petite poignée d’étudiants s’est livrée à de tels actes, mais le mal était fait. Dans un communiqué, la CGT de P8 – qui est solidaire du Collectif Combat Hébergement 93 – déplore « un vigile frappé au visage, des collègues dont les bureaux ont été forcés et qui ont failli prendre des coups ou se faire caillasser, du matériel personnel détruit et la terreur provoquée par ces intrusions qui resteront des traumatismes pour certains et certaines d’entre nous ».
En réponse, la présidence de Paris 8 a demandé l’intervention de la police, qui est arrivée en grand nombre, armée de flashballs et de tasers, et s’est lancée dans une traque à l’étudiant qui s’est conclue par deux interpellations. Une étudiante a été plaquée au sol et tasée lors de son interpellation. Les étudiants présents étaient choqués par cette violente intrusion de dizaines de policiers.
Le PCR condamne fermement cette opération de police, mais aussi le double jeu que ne cesse de jouer, depuis le début, la présidence de Paris 8. Dans le même temps, nous rappelons que les étudiants mobilisés et leurs organisations doivent toujours chercher à : 1) massifier les mobilisations, c’est-à-dire y impliquer un maximum d’étudiants ; 2) impliquer aussi les travailleurs de la faculté. Des mobilisations très minoritaires et qui s’en prennent au personnel de la faculté ne peuvent jamais aboutir à une victoire. Au contraire, elles servent de prétexte à la répression et à la restriction des droits démocratiques des étudiants.
Il est souhaitable, et même indispensable, qu’un maximum d’étudiants participent à la lutte pour des logements dignes pour toutes et tous. Cette lutte doit se construire avec les organisations de travailleurs dans les facultés et en dehors des facultés. La crise du capitalisme aggrave mécaniquement la crise du logement. La politique d’austérité du gouvernement Macron accentue ce fléau. Il faut donc préparer un mouvement de masse des jeunes et des travailleurs contre ce gouvernement, contre sa politique et contre le capitalisme lui-même. La réquisition des logements vides, dont le nombre dépasse très largement celui des sans-abris, est une mesure d’urgence. Elle doit s’accompagner de l’expropriation des grands groupes privés du secteur immobilier. Tant que le logement restera l’objet d’une spéculation et d’une course aux profits effrénées, un grand nombre de familles et d’individus dormiront à la rue.