Source: Israel Ministry of Foreign Affairs (https://www.flickr.com/photos/israel-mfa)

L e bombardement de l’Iran par Israël, du 13 au 24 juin, et la participation directe des Américains à cette nouvelle agression impérialiste, le 22 juin, ont suscité l’enthousiasme de nombreux journalistes, « experts » et politiciens français. Ils attendent avec impatience que le cessez-le-feu soit rompu par les Israéliens.

A les entendre, l’alternative serait simple : soit les capacités militaires du régime des mollahs sont réduites à néant, soit l’Europe elle-même s’expose à court terme à des tirs de missiles iraniens. Classiquement, l’agressé est présenté comme l’agresseur – sous couvert de « menace existentielle ». Et comme il n’y a pas de limites à l’hypocrisie de cette propagande, les chantres de la guerre en Iran considèrent les civils tués par les bombardements israéliens comme des « victimes collatérales » du combat sacré pour la « démocratie » et les « droits des femmes ».

Il y a les bombes libérales, « démocratiques », et les autres. Leurs victimes n’ont pas le même statut, n’appartiennent pas à la même espèce. Dans la mesure où il est perpétré par la « démocratie israélienne » et soutenu, armé, financé par les « démocraties occidentales », le génocide des Gazaouis serait acceptable. Il s’agirait, en somme, d’un génocide du type démocratique. Par contre, les bombes russes qui tombent sur Kiev sont dictatoriales, elles, et incarnent donc le Mal absolu. Deux poids, deux mesures – sur fond d’intérêts impérialistes, c’est-à-dire de lutte pour des marchés, des sphères d’influence et des sources de matières premières.

Indignation

Aucune propagande ne pourra éteindre l’indignation croissante des exploités et des opprimés, dans le monde entier, face aux crimes des impérialistes au Moyen-Orient. C’est d’ailleurs ce qui explique, pour partie, les vagues réticences formulées par Macron face à l’emballement criminel de Netanyahou : le chef de l’Etat français ne veut pas aggraver son impopularité (23 % d’opinion favorable). Il s’inquiète aussi des conséquences économiques et politiques d’un embrasement du Moyen-Orient, où l’impérialisme français a toujours d’importants intérêts et alliés – dont l’Arabie saoudite, une dictature féroce qui, soit dit en passant, opprime les femmes dans l’indifférence absolue des belles âmes de LCI, du Monde et d’ailleurs.

La position de notre Internationale, l’ICR, est très claire : c’est au peuple iranien – et à lui seul – de renverser la dictature des mollahs. Quant aux organisations des travailleurs occidentaux, leur rôle est de dénoncer la propagande impérialiste de leurs bourgeoisies, d’expliquer quels intérêts impérialistes masque l’épaisse fumée « démocratique » et « sécuritaire », mais aussi et surtout d’organiser la lutte pour en finir avec le capitalisme en France, en Europe et aux Etats-Unis.

Nous ne disons pas que c’est chose facile ; nous disons que c’est la seule voie et le meilleur moyen de contribuer de façon décisive à l’émancipation de tous les peuples opprimés. Les dirigeants réformistes du mouvement ouvrier qui, au lieu d’organiser cette lutte, en appellent à l’ONU – cette « cuisine des bandits impérialistes », comme l’écrivait Lénine [1] – ne font pas avancer la conscience de classe d’un millimètre : au contraire, ils sèment la confusion.

L’austérité « démocratique »

Les leçons de démocratie adressées à l’Iran, sous la forme d’une agression militaire, sont d’autant plus écœurantes que les « démocraties » occidentales imposent à leurs peuples des politiques d’austérité dont ils ne veulent pas – et dont les seuls bénéficiaires sont une poignée de bourgeois richissimes.

A cet égard, le cas de la France est assez remarquable. Nous l’avons rappelé : Macron est rejeté, et souvent détesté, par plus des trois quarts de la population. Son Premier ministre, François Bayrou, est tombé à 20 % d’opinion favorable. A l’Assemblée nationale, le gouvernement ne tient qu’à la faveur des petits calculs coordonnés des dirigeants du PS et du RN. Fort de cette assise démocratique, le gouvernement est « au travail » : il défend les intérêts du grand patronat, coupe dans les dépenses sociales, prépare un budget encore plus austéritaire que le précédent. L’écrasante majorité de la population peut bien rejeter la dernière réforme des retraites, son abrogation n’est pas à l’ordre du jour, car le Medef y est opposé. Enfin, toute cette politique antisociale appelle une diversion et des boucs émissaires. Retailleau et compagnie s’en chargent : ils aggravent sans cesse l’offensive contre les immigrés et les musulmans.

On le voit : la démocratie bourgeoise est un bien si précieux qu’il faut absolument l’imposer, à coup de bombes, aux peuples qui n’en jouissent pas encore ! Ils finiront par nous en remercier.

La seule voie

Rien de positif ne pouvait sortir du « conclave » sur les retraites, puisque le Medef n’avait pas l’intention de céder quoi que ce soit. Mais l’objectif réel de ces réunions était ailleurs : il s’agissait de donner un prétexte aux dirigeants du PS et du RN pour ne pas censurer le gouvernement, et donc de permettre la mise en œuvre d’un budget et d’une politique réactionnaires. C’était l’essentiel de la manœuvre, au succès de laquelle ont contribué les directions confédérales des syndicats, sous des formes diverses.

Et maintenant ? Le RN évoque une possible censure à l’automne, sur la question du budget. Si c’est bien le cas et si le PS ne se dégonfle pas, le gouvernement chutera. Mais depuis juillet 2024, la vie politique française est suspendue à de tels « si », eux-mêmes liés aux savants calculs des dirigeants du PS et du RN concernant leur avenir. Tout reste donc possible.

De leur côté, les dirigeants de la FI s’enferment dans le bourbier du Palais Bourbon. Le 28 juin, la direction du mouvement écrivait à ses adhérents : « L’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans demeure une exigence majoritaire dans le pays. Seule une motion de censure contre le gouvernement peut ouvrir la voie à cette abrogation. » C’est faux et archifaux. Abstraction faite des suites électorales – très incertaines – d’une motion de censure, il y a une autre « voie », beaucoup plus large, plus sûre et plus directe, pour en finir avec la retraite à 64 ans, les politiques d’austérité et toutes les contre-réformes de ces dernières années : celle d’une lutte de classe massive dans la rue et les entreprises. Sans elle, d’ailleurs, aucune lutte électorale ne peut aboutir à de solides victoires de notre camp.

Malheureusement, ni les dirigeants de la FI, ni ceux de la CGT – ni a fortiori ceux des autres grandes organisations des travailleurs – ne veulent s’engager dans cette voie, ce qui supposerait de mener une vaste campagne d’agitation pour un mouvement de grèves reconductibles, sur la base d’un programme offensif. Sophie Binet et Jean-Luc Mélenchon (sans parler des autres) n’envisagent rien de tel, ne l’évoquent même pas, alors que toute la situation l’exige. C’est une contradiction centrale de la situation actuelle.

Une fois de plus, nous sommes d’accord avec l’aile gauche de la CGT, qui dans la dernière édition de son journal, Unité CGT, écrivait : « La seule voie réaliste et efficace, qui pave d’ailleurs la voie de la victoire, est celle de la lutte des classes qui s’appuie sur le réel, c’est-à-dire l’organisation du rapport de force, notamment par la grève, dans les entreprises, ateliers et services ! » Absolument exact. L’aile gauche de la CGT doit en tirer toutes les conclusions. Face à l’inertie, à la passivité et au conservatisme de la direction confédérale de la CGT, son aile gauche et tous les militants combatifs doivent lancer une campagne pour exiger un plan de bataille contre le gouvernement et le patronat, sur la base d’un programme de rupture avec le capitalisme. Quel que soit le résultat final d’une telle démarche, elle trouvera un large écho dans la couche la plus radicalisée de la jeunesse et du salariat.


[1] A propos de la Société des Nations (SDN), l’ancêtre de l’ONU.

 

Sommaire

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