Depuis le mois d’août et sous prétexte de « combattre le narco-terrorisme », Donald Trump a envoyé une véritable armada au large du Venezuela : 4000 marins et Marines, des navires de guerre, un sous-marin et même (depuis la mi-octobre) un porte-avions nucléaire ! L’impérialisme américain tente de reprendre le contrôle de l’Amérique latine, où son rival chinois y est de plus en plus présent.
Rivalité impérialiste
Depuis près de deux siècles, les Etats-Unis considèrent l'Amérique du Sud comme leur pré carré. Entre 1898 et 1994, ils y sont intervenus militairement 41 fois ! En imposant des accords de libre-échange, ils ont permis aux multinationales américaines d’exploiter la force de travail et les ressources de la région, et d’en dominer les marchés.
A partir des années 2000, le capitalisme chinois s’est lancé dans la recherche de marchés où écouler sa production. Durant la décennie 2010, la Chine a remplacé les Etats-Unis en tant que premier partenaire commercial de l’Amérique du Sud. En juillet de cette année, la Colombie – autrefois un fidèle vassal de l’impérialisme américain – est devenue le vingt-deuxième Etat latino-américain à rejoindre l’initiative chinoise de la « Ceinture et de la Route », qui vise à consolider les voies d’approvisionnement et d’exportation du capitalisme chinois.
Après avoir oscillé pendant des années entre les impérialismes chinois et américain, le Brésil est poussé dans les bras de la Chine par les tarifs douaniers de Trump. C’est aujourd'hui le troisième plus important destinataire d’investissements provenant de Chine. Au Mexique, les investissements de Pékin ont quadruplé entre 2019 et 2024, jusqu’à atteindre 5,2 milliards de dollars. Pour restaurer la domination américaine au sud du Rio Grande, Trump menace le Mexique de tarifs douaniers étouffants et agite même la menace d’une invasion militaire, là encore sous prétexte de « lutter contre le narco-terrorisme ».
La Chine a peut-être pris l’avantage sur le plan commercial, mais les Etats-Unis disposent encore de dizaines de bases militaires en Amérique latine. Le déploiement de troupes au large du Venezuela est l’occasion de faire la démonstration de la puissance militaire de l’impérialisme américain.
Le Venezuela dispose des plus grandes réserves de pétrole connues au monde. Le pays a été pillé pendant tout le XXe siècle par l'impérialisme américain. Pour préserver leurs profits menacés par la « révolution bolivarienne », les impérialistes ont tenté en 2002 de renverser le président Hugo Chavez en fomentant un coup d’Etat militaire. Mais celui-ci a été mis en échec par les masses.
Pour venger cet affront et étrangler l’économie vénézuélienne, les Etats-Unis ont imposé une série de sanctions brutales contre le Venezuela. Cela a contribué à plonger le pays dans une profonde crise économique.
Pour résister aux pressions de Washington, le Venezuela s’est rapproché de la Chine. Cette année, 90 % des exportations de pétrole du Venezuela devraient être destinées à la Chine. L’entreprise chinoise Concord Ressources Corp a inauguré en septembre sa première plate-forme pétrolière bâtie au Venezuela.
Nous ne devons avoir aucune illusion envers l’impérialisme chinois. Celui-ci défend ses intérêts aussi férocement que ses rivaux. Si l’alliance chinoise offre pour l’instant une relative marge de manœuvre à des pays comme la Colombie et le Venezuela, elle se transformera en un carcan étouffant au fur et à mesure que la lutte entre Washington et Pékin s’intensifiera.
Meurtres d’Etat
Depuis le mois d’août, les Etats-Unis ont bombardé plusieurs bateaux au large du Venezuela et de la Colombie, tuant plusieurs dizaines de personnes. Trump prétend qu’il s’agissait de « trafiquants de drogue », mais son gouvernement n’en a fourni aucune preuve et les autorités vénézuéliennes et colombiennes affirment que ce n’était pas le cas.
Lorsque le Venezuela a envoyé des avions de reconnaissance dans la zone, Washington a eu l’audace d’accuser Caracas de provoquer une « escalade ». Ils ont ensuite envoyé dix avions de combat F-35 sur une base aérienne de Porto-Rico, qui avait dû être évacuée en 2003 suite à une mobilisation de masse dans cette île des Caraïbes colonisée par les Etats-Unis.
L’impérialisme américain est la force la plus réactionnaire au monde. Il ne recule devant aucun crime lorsqu’il s’agit de défendre les profits de sa classe dirigeante. Tout au long de sa sanglante exploitation de l’Amérique du Sud, il a orchestré d’innombrables coups d’Etat, invasions et guerres civiles meurtrières. Si la guerre éclate, la classe ouvrière américaine devra se tenir aux côtés des travailleurs d’Amérique latine.
Les travailleurs des Etats-Unis n’ont rien à gagner aux manœuvres de leur classe dirigeante, qui cherche à assurer son contrôle de l’Amérique latine. Chaque dollar dépensé pour des bombes, des navires et des missiles est un dollar qui ne sera pas investi dans la santé, l’éducation ou le logement. Il est du devoir des travailleurs et de la jeunesse des Etats-Unis de tout faire pour renverser les parasites impérialistes qui se sont enrichis grâce au sang et à la sueur des masses des Amériques et du monde.

