Plusieurs services du CHU de Toulouse sont actuellement en lutte contre le manque de moyens et la dégradation de leurs conditions de travail. Dès le 21 mai, le service de réanimation pédiatrique et néonatale entrait en grève illimitée. Alors que le nombre de patients augmente régulièrement, le personnel dénonce un manque criant d’effectifs, la multiplication des contrats précaires et la suppression de plusieurs primes. 

Sous-effectifs et hausse des cadences

Chaque année, le service de réanimation pédiatrique et néonatal de Toulouse accueille en soins intensifs environ 1100 enfants venus de toute la région, dans des situations d’extrême urgence. Cela n’empêche pas la direction d’imposer au personnel des cadences et des objectifs irréalisables, comme l’ont récemment expliqué les soignants du service dans une vidéo : « Aujourd’hui, notre service est vu comme un tableau excel. Des taux d’occupation à atteindre, des soignants à déplacer, à épuiser, à remplacer. Un lit vide devient un lit fermé. Un contrat précaire devient un pion variable au gré des besoins ».

La gestion de l’établissement est régie par les « Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens » (CPOM), signés entre le ministère de la santé, l’Agence Régionale de Santé (ARS) et les directions d’hôpitaux. Selon le site de l’ARS, ceux-ci visent à « renforcer la dimension stratégique de la tutelle ministérielle, en s’orientant vers une démarche de contrat et d’évaluation de la performance ». En d’autres termes, il s’agit de gérer l’hôpital comme une entreprise privée, pallier le manque de moyens par une intensification des cadences et une flexibilité des services : faire courir les soignants d’un service à l’autre, les contraindre à assurer des tâches qui ne sont pas les leurs pour combler les sous-effectifs, sans tenir compte des besoins réels ni des spécificités. 

Pauline, infirmière puéricultrice, explique par exemple : « On se retrouve très régulièrement avec pas assez d’auxiliaires de puériculture en poste. Il y a des renforts avec le pool (un pôle pluridisciplinaire dédié aux remplacements) de l’hôpital des enfants, mais il n’y a pas que le service réanimation à soulager. Et puis le CHU de Toulouse prône la mobilité entre les services, mais la réanimation, c’est vraiment très spécifique. »

Face à cette mobilisation, la réponse de la direction n’est absolument pas à la hauteur. Pour soulager les services, les grévistes demandent le recrutement de 13 nouveaux postes équivalent temps plein, mais la direction s’est contenté de proposer le recrutement de 3 auxiliaires de puériculture. 

Étendre la mobilisation

Cette situation n’est pas un cas isolé. Elle est la conséquence directe des politiques d’austérité que les gouvernements successifs ont imposées. Alors que le déficit public atteignait presque 6 % en 2024, le gouvernement Bayrou a pour mission de couper drastiquement les dépenses « inutiles » du point de vue des capitalistes – comme celles allouées à l’hôpital public.

Les besoins en dépenses de santé augmentent chaque année pour des raisons objectives : vieillissement de la population, entretien et renouvellement des équipements, innovations médicales… Pourtant, le gouvernement a acté une coupe de 1,7 milliard d’euros dans le budget santé pour 2025. Et les coupes budgétaires vont s’accentuer : le gouvernement prévoit 40 milliards d’euros d’économies en 2026. Il ne fait aucun doute que l’hôpital public en fera les frais – et avec lui, l’ensemble des travailleurs.

Depuis mai, la mobilisation du CHU de Toulouse s’est étendue à la psychiatrie et à tous les services de l’hôpital des enfants. Le 30 juin, le service du secteur C2 (chirurgie viscérale et orthopédique) est entré en grève illimitée à son tour. Cette lutte s’inscrit dans une dynamique plus large à l’échelle nationale. A Laval, Caen, Rouen, Nantes, Bordeaux et ailleurs, les soignants sont eux aussi entrés en grève ces derniers mois pour dénoncer les attaques contre leurs conditions de travail. Partout, le problème est le même : les personnels doivent faire plus avec moins, en étant soumis à une gestion inspirée de l’entreprise privée, au détriment de leur santé et celle de leurs patients. 

Les grèves dans la santé restent limitées par l’obligation de continuité des soins : les grévistes doivent malgré tout continuer à travailler. Dans ce contexte, les travailleurs et syndicats hospitaliers doivent chercher à se lier à d’autres secteurs également frappés par les politiques d’austérité. Ce n’est qu’en unissant leurs forces qu’ils pourront peser réellement dans le rapport de force.

Pour une santé entièrement publique et gratuite 

La santé ne doit pas être laissée dans les mains de la classe dirigeante. Les directions politiques et syndicales du mouvement ouvrier doivent défendre un programme offensif : la titularisation de tous les contractuels, une embauche massive de soignants, des moyens matériels à la hauteur des besoins, et une santé entièrement publique et gratuite.

Pour cela, il faut arracher la santé des griffes de l’économie capitaliste. Il faut nationaliser les cliniques et hôpitaux privés pour mettre un terme à la concurrence entre établissements et garantir un accès aux soins pour tous. Les mutuelles privées, qui imposent des surcoûts inutiles aux travailleurs, doivent être nationalisées et intégrées à la Sécurité sociale. 

Les géants de l’industrie pharmaceutique organisent la fuite massive des cotisations de la sécurité sociale vers les poches de leurs actionnaires, en gonflant artificiellement le prix des médicaments. D’un côté, le gouvernement garantit ce vol en bande organisée, de l’autre, il brandit l’argument du « trou de la sécurité sociale » et du « dérapage incontrôlé des dépenses de santé » pour imposer son agenda austéritaire. L’industrie pharmaceutique doit être nationalisée et placée sous le contrôle démocratique des travailleurs. Ce n’est qu’en brisant le pouvoir des capitalistes sur le système de santé qu’il sera possible d'améliorer les conditions de vie et de travail des soignants – et de répondre réellement aux besoins de la population.

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