En novembre dernier, les tempêtes Ciarán, Domingos et Federico balayaient le nord-ouest de la France, provoquant d’importants dégâts matériels et la mort de plusieurs personnes. Le 13 novembre, France Assureurs recensait 517 000 sinistres et près de 1,3 milliard d’euros de dommages.

Des pluies diluviennes se sont ensuite abattues, causant des inondations et des coulées de boue dans les Hauts-de-France. Des milliers d’habitations et de nombreuses exploitations agricoles ont été noyées sous les eaux. Début janvier, de nouvelles inondations frappaient des communes déjà sinistrées.

Réchauffement climatique

Selon Météo France, la pluviométrie moyenne, pour un mois de novembre, a été excédentaire de plus de 50 %. Dans certaines localités, il a plu 32 jours d’affilée. Cela ne s’est produit qu’une fois depuis 1958, et pas dans de telles quantités.

Davide Faranda, directeur de recherche au CNRS, interprète « les inondations de l’automne en France et en Italie comme un événement inhabituel pour lequel le changement climatique causé par l’homme et la variabilité climatique naturelle ont joué un rôle important ». Dans un récent rapport, le GIEC souligne aussi le lien entre le changement climatique et les tempêtes qui ont frappé l’Europe ces dernières années.

Il est indéniable que le changement climatique – dont les capitalistes sont responsables – a une incidence directe sur la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes. Mais d’autres facteurs viennent en aggraver les effets. Les inondations de cet automne ont été favorisées par le manque d’entretien des infrastructures (canaux d’évacuation, etc.), des plans d’urbanisation anarchiques, mais aussi l’artificialisation des sols et l’agriculture intensive, qui aggravent les phénomènes de ruissellement.

Hausse des assurances

Alors que l’eau commence à se retirer, les sinistrés – qui ont parfois tout perdu – doivent affronter les assurances. En France, la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) assure une indemnisation minimale en cas de sinistre résultant d’une catastrophe naturelle. Pour être indemnisé, l’état de catastrophe naturelle doit être reconnu par une décision ministérielle, mais il faut aussi avoir préalablement souscrit un contrat d’assurance « dommages ». La CCR réassure ensuite l’assureur en prenant en charge une partie des sommes avancées. Une franchise, supportée par l’assuré, est cependant appliquée. Ce dispositif permet certes de garantir un minimum d’indemnités tout en évitant un défaut de paiement des assureurs privés, mais cela évite surtout à ces derniers de prendre trop de risques !

Fin janvier, la CCR estimait le coût des inondations dans les Hauts-de-France – couvert par le régime de catastrophe naturelle – à 640 millions d’euros, dont la moitié sera prise en charge au titre de la réassurance publique.

Cependant, le régime de catastrophe naturelle ne couvre pas les tempêtes qui ont frappé les communes de Bretagne et de la Manche. Il pourrait donc être plus difficile, pour ces victimes, d’être correctement indemnisées. En effet, les compagnies d’assurance ont avant tout pour objectif de réaliser des profits, et non de venir en aide aux victimes de sinistres ou d’accidents de la vie.

Par exemple, en 2021, le groupe Axa réalisait un bénéfice net record : 7,3 milliards d’euros. Dans le même temps, face à l’accroissement des risques climatiques, le coût des assurances – et notamment la couverture des catastrophes naturelles – est sans cesse réévalué à la hausse. Selon le cabinet d’assurance Fact&Figures, le montant de l’assurance habitation devrait augmenter de 6 % cette année, en moyenne. A partir du 1er janvier 2025, la cotisation finançant le régime de catastrophes naturelles de la CCR sera également relevée. Ces hausses du coût des assurances viennent s’ajouter à l’inflation générale qui ronge chaque jour un peu plus le pouvoir d’achat de millions de jeunes, de travailleurs et de retraités. 

Réponses exceptionnelles

Début janvier, lors d’une visite dans le Pas-de-Calais, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, promettait des «réponses exceptionnelles» du gouvernement. Pour le moment, les mesures annoncées se réduisent à une aide de 50 millions d’euros aux collectivités territoriales, à l’activation du dispositif de calamité agricole et au lancement d’une « réflexion » sur l’amélioration de l’évacuation des cours d’eau.

Le changement climatique impose des réponses « exceptionnelles » d’une tout autre ampleur. Des zones entières ne seront bientôt plus habitables en raison des risques d’inondations. Il faut dès à présent prévoir le déplacement potentiel de populations qui devront être relogées dignement. Des investissements massifs sont aussi requis pour adapter et entretenir les infrastructures nécessaires à la lutte contre les effets du changement climatique.

Face au coût économique de plus en plus important des catastrophes climatiques, l’indemnisation des victimes ne doit pas être laissée au bon vouloir des compagnies d’assurances privées. L’ensemble de ce secteur doit être nationalisé et harmonisé afin de sortir d’une logique de rentabilité. De manière générale, pour lutter contre le changement climatique et ses effets immédiats, il faut des investissements colossaux qui sont exclus dans le cadre d’une économie de marché subordonnée à la course aux profits. Cette lutte est indissociable d’une lutte contre le capitalisme et pour une économie démocratiquement planifiée.

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