Cet été, pour la première fois, l’état de sécheresse a été proclamé dans l’ensemble des départements métropolitains. Au début du mois de septembre, 93 départements sur 96 étaient toujours concernés par des mesures de restrictions de l’usage de l’eau dans le cadre d’une « alerte sécheresse ». Parmi eux, 79 se déclaraient en état de crise.

Cercle vicieux

Comme chaque année, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a été particulièrement touchée par des épisodes de sécheresse à répétition. Un indicateur couramment utilisé pour mesurer la sécheresse est le « déficit hydrique », qui désigne une situation de décalage entre la baisse naturelle des réserves d’eau (du fait de l’évaporation, par exemple) et leur remplissage naturel par les précipitations.

Avant même le début de l’été, le déficit hydrique moyen des Bouches-du-Rhône dépassait les 48 %. Il atteignait 78 % aux alentours de Marignane. La plupart des nappes phréatiques, des lacs et des cours d’eau de la région sont menacés. C’est particulièrement le cas du lac du Broc, dans les Alpes-Maritimes, dont le niveau a baissé de six centimètres entre février 2021 et février 2022. C’est aussi le cas de l’étang du Pourra (près de l’étang de Berre), qui n’occupe désormais plus qu’un tiers de son lit.

Les conséquences de cette situation sont désastreuses. La chute des réserves d’eau potable a un impact direct sur la faune locale, mais aussi sur l’agriculture ou la production électrique, deux secteurs qui consomment beaucoup d’eau. Par ailleurs, l’assèchement de la végétation facilite les départs de feux, qui deviennent plus fréquents – et aggravent, en retour, le processus de désertification.

La sécheresse dégrade aussi les sols. Moins irrigués, ceux-ci deviennent plus vulnérables aux inondations et aux glissements de terrain lorsque la pluie finit, enfin, par arriver. Or des pluies diluviennes sont fréquentes dans le Midi, lors des « épisodes cévenols » ou des « tempêtes hivernales » qui s’intensifient depuis quelques années, du fait du réchauffement climatique. Les sécheresses à répétition multiplient donc les risques de crues catastrophiques, comme celles qui ont touché la vallée de la Vésubie en octobre 2020. En arrachant la végétation et en fragilisant encore davantage les sols, ces crues les rendent plus vulnérables à la sécheresse. C’est un cercle vicieux.

Comme si cela ne suffisait pas, la diminution du niveau de l’eau et, dès lors, l’augmentation de la température aquatique, peuvent entraîner la prolifération de plusieurs variétés d’algues dont les rejets sont toxiques. Cela peut rendre impropre à la consommation des réserves d’eaux autrefois potables. Outre le risque évident pour les populations et la faune, cela signifie aussi une augmentation notable des coûts de traitement de l’eau. Tous ces problèmes sont encore accentués par la pollution des eaux causées par l’industrie touristique et celle du fret maritime, notamment.

Gabegie capitaliste

Les conséquences de la désertification et de l’assèchement d’une région aussi peuplée que PACA dépassent largement ses limites géographiques. C’est aussi un problème qu’il est impossible de résoudre sans déployer d’immenses moyens économiques – et sans une coordination et une planification cohérente de cet effort. Il faudrait notamment développer et étendre les infrastructures d’irrigation et d’alimentation en eau potable, mais aussi suspendre l’exploitation des quelques réserves d’eau naturelle de la région PACA, de façon à ce qu’elles puissent se reconstituer. Il serait aussi nécessaire d’embaucher massivement du personnel chargé de prévenir et contenir les incendies et les crues. Par ailleurs, de véritables politiques de lutte contre la pollution devraient être mises en place. Cependant, l’application d’un tel programme nécessiterait un niveau de planification et d’investissements publics que le capitalisme est incapable de fournir.

La politique du gouvernement Macron, dans ce domaine, se résume à des demi-mesures telles que l’interdiction du remplissage des piscines des particuliers et la distribution d’argent public aux entreprises privées, sous couvert de lutte contre la sécheresse. 100 millions d’euros ont déjà été octroyés aux entreprises du secteur de l’eau, par l’intermédiaire de l’augmentation du budget des agences régionales. Et une couche supplémentaire de 140 millions d’euros, sous la forme d’un plan de financement des filières agricoles et des gestionnaires privés des canaux, a été annoncée par Elizabeth Borne, en mai dernier.

Cette politique est dans la droite ligne de toutes celles adoptées depuis des décennies par les gouvernements capitalistes. Les milliards d’euros « investis » depuis des décennies dans le secteur privé pour « lutter » contre la sécheresse ou contre le réchauffement climatique n’ont eu pratiquement aucun impact. Les sécheresses et les crues catastrophiques se succèdent et sont à chaque fois le prétexte à de nouveaux « plans de financement » qui contribuent surtout à remplir les comptes en banque des actionnaires et des patrons des entreprises du secteur privé. Seule une planification socialiste et démocratique de l’économie permettra de lutter efficacement contre tous les désastres environnementaux que le système capitaliste engendre.

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