En avril dernier, le « Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat » (GIEC) publiait son rapport annuel. Le bilan est alarmant : la quantité de gaz à effet de serre (GES) rejetée dans l’atmosphère continue d’augmenter, et nous assistons à une intensification des événements climatiques extrêmes. Le rapport pointe l’inaction des gouvernements et souligne que nous sommes encore très loin de pouvoir respecter l’objectif fixé par la COP21 (2015) : limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Pour y parvenir, les émissions de GES devraient commencer à décroître d’ici 2025. Or, ce n’est pas du tout la tendance actuelle.

Les gouvernements bourgeois qui se succèdent promettent tous de prendre le problème « à bras le corps ». Mais en réalité, ils ne font rien pour combattre sérieusement le réchauffement climatique. Et pour cause : ils défendent le système capitaliste, qui est le véritable responsable de la crise environnementale.

Les gaz à effet de serre

Le rapport du GIEC montre qu’entre 2010 et 2019, les émissions anthropiques (liées à l’activité humaine) de GES étaient supérieures à celles de toutes les décennies précédentes. Pourtant, la croissance économique était inférieure à celle de la décennie 2000-2009. La « transition écologique » promise par les dirigeants du monde entier n’a pas avancé d’un pouce.

Dans la lutte contre les émissions de GES, le secteur de la production énergétique est central. Si nous exploitons jusqu’à leur fin de vie les infrastructures actuelles à charbon, gaz et pétrole, nous dépasserons sans nul doute les 1,5 °C. Sur le papier, il serait possible de remplacer une grande partie des énergies fossiles par des alternatives moins polluantes. Cependant, les subventions publiques attribuées aux énergies renouvelables ont paralysé le marché mondial de l’électricité. L’arrivée de grandes quantités d’électricité verte et à bas coût a tiré les prix vers le bas, menaçant la rentabilité des centrales à gaz et à charbon. En réaction, les nouvelles aides gouvernementales se sont concentrées sur le soutien aux grandes multinationales de l’énergie. L’investissement privé dans les nouvelles énergies s’est effondré. Conclusion : le marché ne peut pas résoudre le problème, car il est le problème.

Evénements climatiques extrêmes

Les conséquences de ce terrible constat ne se font pas attendre. Récemment, la sixième limite planétaire [1], le cycle de l’eau douce, a été franchie. Cela se traduit par une augmentation et une aggravation des épisodes de sécheresse, des pénuries d’eau, des tempêtes et des inondations. Si cette trajectoire se confirme, les pays méditerranéens et d’Amérique centrale deviendront plus secs, tandis que les moussons deviendront plus intenses dans le Sud-Est asiatique. Cette perturbation du cycle de l’eau pourrait également avoir commencé à accélérer la fonte des glaces dans les régions polaires.

En mars, aux Etats-Unis, les feux se sont multipliés dans l’Etat du Colorado, alors que la saison y est habituellement propice à la neige. En avril, l’Inde et le Pakistan ont été confrontés à une vague de chaleur historique (avec des pics à 50 °C) et des pénuries d’eau. Le bilan humain est de plusieurs dizaines de morts. Dans la Corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie, Kenya), la sécheresse menace de famine 20 millions de personnes.

Conséquences économiques

Les conséquences du réchauffement climatique sont aussi économiques. Par exemple, la vague de chaleur en Inde a perturbé la production mondiale de blé, déjà fortement impactée par la guerre en Ukraine. En conséquence, le prix du blé a augmenté d’un tiers, ce qui aura des répercussions sur le prix d’autres denrées alimentaires, car les consommateurs se tourneront vers le riz et les pommes de terre, notamment. L’actuelle pénurie de moutarde est la conséquence de la sécheresse historique qu’a connue le Canada, l’année dernière.

Le réchauffement climatique est non seulement responsable de 300 000 morts par an, mais il coûte aussi 125 milliards de dollars chaque année, en moyenne, dont la moitié est supportée par les pays pauvres.

Un seul responsable : le capitalisme

Les chiffres sont désormais bien établis. 100 multinationales sont responsables de plus de 70 % des émissions de GES – et seulement 20 sont responsables du tiers de tout le CO2 émis depuis 1965. La propagande sur la « responsabilité individuelle » de chacun est un leurre réactionnaire. Les véritables responsables sont bien identifiés : ce sont les grandes multinationales qui saccagent l’environnement. Si elles étaient nationalisées, dans le cadre d’une planification démocratique de la production, elles pourraient employer les technologies propres les plus modernes pour réduire drastiquement la pollution et garantir à chacun un niveau de vie décent. Sur la base du socialisme, la classe ouvrière et la jeunesse pourraient inverser le cours des choses et mettre fin à la crise climatique. Mais pour cela, plus que jamais, il faut une révolution !


[1] Au nombre de neuf, ce sont les limites physiques que l’humanité doit respecter pour ne pas compromettre les conditions de sa propre existence.