Le 7 mai dernier, les Jeunes Communistes de Haute-Garonne ont organisé une réunion sur « Les leçons de Mai 68 », en présence de Jérôme Métellus, membre du PCF et rédacteur à La Riposte. La réunion était présidée par Naiké Caldéra et Christophe C., tous deux membres de la JC.

70 personnes ont fait le déplacement : des jeunes, pour la plupart. Préparée de longue date, cette réunion avait fait l’objet d’un gros travail d’information : 10 000 tracts ont été diffusés, des centaines d’affiches collées, trois radios associatives sollicitées.

Dans son exposé introductif, Jérôme a repris les grandes lignes de son article sur La révolution de Mai 68. Il a expliqué que la longue phase de croissance industrielle, au lendemain de la seconde guerre mondiale, avait considérablement renforcé le poids social de la classe ouvrière. En mai 68, le salariat constituait la grande majorité de la population active. C’est pour cela que la grève générale a complètement paralysé le pays.

Contrairement à ce qu’on entend souvent, les travailleurs ne se sont pas mobilisés, en mai 68, contre la « société de consommation » – mais contre tous les aspects de l’esclavage capitaliste : bas salaires, pauvreté, longues semaines de travail, logements indignes, cadences infernales, tyrannie patronale, répression anti-syndicale, etc. Certes, l’économie se développait au rythme de 6% par an. Mais cette croissance reposait sur une exploitation sévère de la classe ouvrière. Sous la surface d’une société apparemment stable, une énorme quantité de matériel explosif s’était accumulée. La mobilisation étudiante apporta l’étincelle.

Jérôme a retracé les principales étapes de ces semaines de crise révolutionnaire, depuis la « nuit des barricades » du 10 mai jusqu’aux élections législatives des 23 et 30 juin. Il a démontré que toutes les conditions étaient réunies pour renverser le gouvernement de Gaulle et porter la classe ouvrière au pouvoir – toutes, sauf une : la direction révolutionnaire. Les dirigeants des partis de gauche et des syndicats ont laissé passer l’occasion. Ils ne voulaient pas le pouvoir.

Après avoir expliqué que les conditions d’un nouveau Mai 68 avaient mûri, en France, Jérôme a conclu : « Les Jeunes Communistes de Toulouse ont appelé cette réunion "Les leçons de Mai 68". Il y a deux leçons fondamentales. Premièrement, Mai 68 montre la puissance colossale de la classe ouvrière, une fois qu’elle entre en action. C’est aussi vrai aujourd’hui  qu’à l’époque, si ce n’est plus. Deuxièmement, pour renverser le capitalisme, une grande mobilisation des travailleurs ne suffit pas : il faut aussi une direction révolutionnaire déterminée à prendre le pouvoir et à engager la transformation socialiste de la société. C’est à nous –  et à vous – de construire cette direction ! »

Lors de la discussion, notre camarade Hubert Prévaud a évoqué la grande grève des travailleurs de l’aéronautique de Saint-Nazaire, en 1967 – grève qui annonçait la tempête de Mai 68.

Plusieurs intervenants ont reproché à Jérôme d’avoir « opposé les étudiants et les travailleurs », ou encore « les revendications sociales et les revendications culturelles ». Dans sa conclusion, Jérôme a répondu : « Il n’y a pas, effectivement, d’opposition entre étudiants et travailleurs. Les étudiants peuvent jouer – et ont joué, en 68 – un rôle très important. Mais ils doivent être conscients qu’ils ne peuvent pas, à eux seuls, transformer la société. Il faut pour cela une mobilisation massive de la classe ouvrière qui, du fait de son rôle dans la production, est la force la plus puissante de la société. Soit dit en passant, ce qui inquiète la classe dirigeante, dans les mobilisations étudiantes, c’est la possibilité que – comme en 68 – le mouvement se propage à la classe ouvrière. » C’est exactement ce qui s’est passé lors de la lutte contre le CPE : Chirac et de Villepin ont fait marche arrière lorsque les travailleurs ont commencé à descendre dans la rue, par centaines de milliers, aux côtés des étudiants et des lycéens.

« Quant aux "revendications culturelles" de Mai 68, » a poursuivi Jérôme, « il y en a eu, bien sûr ! Les révolutions font toujours remonter à la surface les différentes aspirations et revendications de toutes les couches opprimées de la population. Mais là encore, je n’ai pas opposé "revendication sociale" et "revendication culturelle". Simplement, il faut comprendre comment elles s’articulent. Par exemple, les longues journées de travail sont l’un des principaux obstacles à l’accès de tous à la culture. Lorsqu’on travaille 8 à 9 heures par jour, il n’est pas possible de consacrer beaucoup de temps à l’art, la science ou la philosophie. La réduction du temps de travail – une revendication "sociale" – sera la condition sine qua non d’une authentique démocratisation de la culture. »

La réunion s’est terminée par le traditionnel banquet révolutionnaire. Les Jeunes Communistes de Haute-Garonne peuvent être fiers d’avoir commémoré comme il se doit la grande grève de mai 68. 

 Salle du Sénéchal