Macron a prévu de mettre en place un « droit à l’erreur » pour le patronat, mais pas pour la jeunesse ! Les attaques contre les conditions d’études ont remplacé les promesses évasives. La loi « d’orientation et de réussite » instaure la sélection à l’université. Son objectif réel n’est pas de favoriser la « réussite » des étudiants, mais de réduire leur accès à l’enseignement supérieur, dans un contexte où leur nombre augmente régulièrement (40 000 de plus cette année).

Le baccalauréat ne sera plus le seul critère retenu pour être admis à la fac. Des remises à niveau, des orientations forcées et des critères d’entrée seront imposés. Des bacheliers pourront être refusés dans les 160 filières « en tension » (dont le nombre risque d’augmenter). Bien sûr, ce sont d’abord les étudiants les plus pauvres qui en feront les frais.

Le gouvernement dit vouloir mettre fin au système injuste du « tirage au sort ». Mais le remède est pire que le mal, car il ouvre la voie à une sélection de plus en plus sévère, mais aussi, en conséquence, à une concurrence accrue entre universités et à la fin de la valeur nationale des diplômes. Pour éliminer toute pratique de sélection, il faut un investissement financier massif : embaucher des enseignants et du personnel administratif, agrandir ou construire des facs, etc. Or c’est l’austérité qui est la règle d’or de la politique gouvernementale, ici comme ailleurs.

« En marche » vers le passé

La sélection à l’université est un vieux rêve de la classe dirigeante, qui se dit : « A quoi bon dépenser de l’argent pour des étudiants qui finiront précaires ou chômeurs ? » Pour eux, il y a trop d’étudiants, trop de savoir, trop de tout. En 1986, le gouvernement de Jacques Chirac avait tenté de mettre en place la sélection (loi Devaquet). Cela avait suscité un puissant mouvement de lycéens et d’étudiants – attisé par la mort de Malik Oussekine, sous les coups de la police. Craignant que les salariés entrent dans l’action, Chirac avait retiré son projet de loi.

Poussée par la crise du capitalisme et le creusement de la dette publique, la bourgeoisie repasse à l’offensive. Les rituelles « journées d’action » syndicales contre la loi Travail n’ayant pas beaucoup mobilisé, Macron juge que c’est le bon moment pour attaquer la jeunesse. De fait, les étudiants et les lycéens se sont peu mobilisés, à ce stade (fin décembre). Sont-ils pour autant d’accord avec la politique de Macron ? Non. Seuls 23 % des jeunes de moins de 24 ans ont voté pour Macron au premier tour de la présidentielle, contre 30 % pour Mélenchon. Mais ils voient l’échec du mouvement contre la loi Travail. Sur les facs, les organisations étudiantes sont plus faibles que jamais. Ceci nourrit un certain attentisme. Mais cela changera. Les attaques contre la jeunesse – étudiante et salariée – finiront par provoquer de fortes mobilisations. Et compte tenu de la crise, elles auront un caractère très politique : elles viseront non seulement telle ou telle contre-réforme, mais l’ensemble du système.