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Les rentrées universitaires se suivent et se ressemblent. Les frais d’inscription augmentent. Les étudiants galèrent pour trouver un logement (100 000 logements CROUS pour 2,2 millions d’étudiants). Les bourses sont insuffisantes pour vivre et étudier correctement (la bourse maximale est d’environ 420 euros par mois), ce qui oblige plus d’un tiers des étudiants à cumuler études et travail salarié. Les amphis et TD sont surchargés. Et ainsi de suite.

Au fil des ans, les différents gouvernements ont organisé la casse du service public de l’enseignement supérieur. La réforme LMD (Licence Master Doctorat) votée sous le gouvernement Jospin et appliquée par le gouvernement Raffarin a brisé le cadre national des diplômes. Elle a mis un terme à l’égalité territoriale des formations, sous couvert d’harmoniser les diplômes au niveau européen.

Autre attaque, en 2006 : les Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES). Ces « pôles de compétitivité » mêlent financement public et privé. Ils subordonnent la recherche aux intérêts du patronat.

Quant à la loi dite LRU (Libertés et Responsabilités des Universités), en 2007, elle a fixé l’autonomie administrative des établissements, leur permettant entre autres de créer des fondations de droit privé sans habilitation du ministère. La LRU laisse également aux établissements la possibilité de répartir comme bon leur semble leur budget global entre les différentes Unités de Formation et de Recherche (UFR), sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit. Cela ne peut que renforcer les inégalités de moyens entre UFR : les matières « rentables » (répondant aux besoins immédiats du patronat) seront encore mieux dotées que les autres (Philosophie, Lettres, etc.) Les Conseils d’Administration ont été resserrés de 60 à 30 membres, tout en augmentant sensiblement le nombre de « personnalités extérieures » (représentants du patronat et des collectivités territoriales) qui y siègent. Des nouveaux droits sont accordés aux présidents d’Université, qui deviennent des sortes de PDG. Par exemple, ils ont droit de veto sur les primes et les embauches des personnels.

Enfin, cette année, une réforme des bourses favorise l’octroi des aides au mérite, au détriment de critères sociaux : suppression des critères de handicap et de parents élevant seuls leurs enfants.

Cette liste de contre-réformes n’est malheureusement pas exhaustive. Toutes n’ont qu’un seul but : soumettre les études aux besoins directs du patronat, tout en diminuant le coût des formations, afin d’augmenter le « taux d’employabilité » des étudiants – en fait, leur rentabilité. Les capitalistes et leurs valets ne manquent pas d’arguments pour justifier ces attaques : le chômage chez les moins de 25 ans est d’environ 20%. La responsabilité est toute trouvée : les formations ne sont plus adaptées aux « besoins modernes » de l’économie, nous dit-on. Il faut développer la professionnalisation. Cet argument n’est pas nouveau. Les capitalistes se dédouanent toujours de leurs responsabilités. La réalité, c’est que la France souffre d’un sous-investissement industriel et technologique chronique. Le chômage est avant tout un fléau inhérent au système capitaliste. Par exemple, le système universitaire n’est pas responsable des délocalisations, des fermetures et autres plans sociaux ! Non, les responsables, c’est l’avarice des capitalistes et leur course aux profits.

La classe dominante n’aurait pas eu autant de facilité à imposer ces contre-réformes si la direction de l’UNEF ne lui avait pas déroulé le tapis rouge. En adoptant une posture « responsable », les dirigeants de l’UNEF ont refusé de mener la bataille contre la plupart de ces attaques, préférant « négocier » en amont – pour, finalement, ne rien obtenir. Ne prenons qu’un exemple. Lors du mouvement contre la LRU, alors que plus d’une trentaine d’universités avait voté la grève et l’occupation, la direction du syndicat a au mieux boycotté le mouvement, au pire essayé de noyauter les Assemblées Générales pour tenter d’écarter le mot d’ordre de retrait de la loi – au profit de quelques modifications à la marge.

Cette attitude s’expliquait par un accord passé avec Sarkozy, derrière le dos des étudiants : pas de mouvement de protestation contre la LRU, en échange d’une réforme des bourses. Tout le monde est gagnant ! Le gouvernement fait passer sa réforme – et l’UNEF pourra se vanter d’avoir réussi à obtenir une avancée significative sur la question des bourses. Mais bien entendu, les dirigeants de l’UNEF se sont faits rouler : Sarkozy n’a pas tenu sa promesse. La réforme des bourses a bien eu lieu, mais certainement pas comme le souhaitait l’UNEF, qui réclamait entre autres une hausse des bourses et un dixième mois.

De nombreux militants de l’Unef ont participé de façon combative aux luttes étudiantes. Mais quel est le bilan de la posture « responsable » des dirigeants de l’UNEF ? Non seulement les lois sont passées, mais le syndicat s’est largement discrédité auprès des étudiants. La direction, qui espérait naïvement augmenter le nombre de syndiqués de 20% pendant les traditionnelles chaînes d’inscription estivales, a reçu un avertissement sévère : le nombre d’adhérents a baissé de 15% par rapport à l’année dernière, sur la même période.

Contrairement à ce qu’affirment les dirigeants de l’UNEF, les étudiants n’ont pas été assommés par la reconduite de la droite au pouvoir. Bien au contraire, ils ont été combatifs. Le mouvement contre la LRU a réussi l’exploit de mettre en grève la moitié des universités sans que la principale organisation étudiante n’y participe. Les étudiants n’ont pas choisi Sarkozy comme président, et tout les discours des dirigeants de l’UNEF sur sa « légitimité » ne sont qu’une posture pour justifier l’accompagnement des contre-réformes et le refus de mener le combat.

Sur les facs, beaucoup d’étudiants ont envie d’en découdre avec le pouvoir en place. Un indicateur de cette humeur combative est le développement de l’Union des Etudiants Communistes (UEC). Alors que l’UEC était pratiquement inexistante, il y a quelques années, de nombreuses sections ont émergé, sur les campus du pays. Avec la crise du capitalisme et les attaques brutales du gouvernement, les étudiants sont de plus en plus nombreux à chercher une alternative à ce système en faillite.

L’UEC peut et doit répondre à cette attente. Mais pour mener à bien ce combat, nous devons offrir aux étudiants un programme et des idées révolutionnaires. L’UEC doit rompre avec les idées du réformisme « anti-libéral » et mettre la lutte pour le socialisme au cœur de son action. Certes, les étudiants ne peuvent pas, à eux seuls, renverser le capitalisme. Cette tâche exige une mobilisation massive des salariés. Mais tout en luttant pour de meilleures conditions d’étude, le mouvement étudiant peut jouer un rôle déterminant dans la lutte générale contre le capitalisme en apportant son soutien – et des idées révolutionnaires – aux mobilisations des salariés. L’UEC et l’Unef doivent résolument se tourner vers les idées et le programme du marxisme, et s’efforcer de tisser des liens solides avec les organisations des salariés. Sur cette base, le mouvement étudiant pourra jouer tout son rôle dans les grandes luttes qui nous attendent contre la droite, contre Sarkozy et pour le renversement du système capitaliste.

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