Dans un contexte de surcapacité massive, de fusions en série, de restructurations au détriment de l’emploi, les constructeurs d’automobiles exercent une pression sans relâche sur les travailleurs du secteur. Au début du mois d’avril, une manifestation énorme, réunissant 100 000 travailleurs et leur famille a eu lieu à Birmingham en Grande-Bretagne, suite à l’annonce de la vente de Rover par BMW, un événement qui met en péril jusqu’à 60 000 emploi chez Rover à Longbridge et dans les entreprises sous-traitantes. En même temps, Honda a annoncé l’arrêt de la production des véhicules pendant deux mois dans son usine de Swindon, et de lourdes menaces pèsent sur l’avenir de l’usine Ford à Dagenham.

Cette manifestation était la plus grande à Birmingham depuis le début des années 70. Elle marque le début du réveil du mouvement syndical britannique, qui a une longue tradition de militantisme, de solidarité et de lutte. Si les syndicats avaient pris l’initiative d’organiser des cars et des trains, la manifestation aurait sans doute été deux fois plus grande. Pratiquement chaque jour apporte son lot d’annonces de licenciements dans les différents secteurs de l’économie. Cette manifestation indique le potentiel énorme qui existe pour organiser un mouvement syndical à grande échelle pour défendre l’emploi.

Tristement, les dirigeants syndicaux qui ont pris la parole lors de la manifestation ne proposaient aucune stratégie de lutte. Ils ont adopté, au contraire, une attitude "patriotique", posant le problème en termes "d’intérêt national" des britanniques, prétendant que c’était parce que les patrons de Rover étaient des Allemands qu’ils se souciaient peu d’emplois "britanniques".

Cette approche ne mènera nulle part. Un travailleur allemand de l’automobile sur la manifestation, un certain Hans Koebrick, qui était venu de Berlin avec ses collègues pour participer à la manifestation, était cité dans le Morning Star du 3 avril : "Je veux me montrer solidaire avec les travailleurs de l’usine de Longbridge. Après tout la prochaine crise pourrait très bien tomber sur moi".

Il est évident que si les salariés de BMW-Rover en Grande-Bretagne veulent augmenter leurs chances de se défendre, ils ont intérêt à développer des liens avec les les travailleurs de BMW dans les autres pays. L’internationalisme n’est pas une question de sentiment humanitaire, mais une nécessité pratique de la lutte. L’approche adoptée par les dirigeants du TGWU (Transport and General Workers Union) ne servira qu’à dresser les salariés du groupe les uns contre les autres. La seule façon de lutter contre les multinationales, c’est par une action concertée et solidaire des salariés de part et d’autre des frontières.

Le lendemain de la manifestation, Tony Blair a démontré une fois de plus à quel point le sort des travailleurs et de leur famille le laisse indifférent. Le gouvernement ne peut rien faire, a-t-il dit. Le "marché" doit décider de telles questions. "Dans le passé, des gouvernements de gauche comme de droite sont intervenus pour sauver des emplois. La vocation de ce gouvernement, par contre, est d’encourager un esprit d’initiative et d’entreprise qui puisse faire face à la nouvelle économie".

Pour Blair, l’État ne doit pas intervenir "avec de l’argent public" pour sauver des emplois. N’empêche que le coût social de la fermeture de Longbridge serait énorme. Clairement, les dirigeants de BMW-Rover ne s’intéressent qu’à faire des bénéfices. Mieux vaut nationaliser l’entreprise, ainsi que les autres grands constructeurs, les intégrant en une seule industrie publique où la gestion serait assurée selon un plan démocratiquement élaboré en associant pleinement les salariés aux options qui sont prises.

Le combat contre la suppression massive d’emplois dans l’automobile a une dimension politique évidente. Il doit être mené jusque dans les sections locales du Parti Travailliste pour imposer une rupture avec la politique pro-capitaliste de Blair. On n’ira pas très loin avec des dirigeants qui se couchent devant nos ennemis. Mettons à leur place des vrais socialistes à la hauteur des problèmes qui se posent.

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