Cet article a été écrit le 29 septembre 2014 par Congyue Dai, pour In Defence of Marxism


Occupy Central et la grève des étudiants

Occupy Central et les étudiants revendiquent ensemble la mise en place d’un véritable suffrage universel pour les élections de Chef de l’exécutif et du Conseil Législatif, ce qui a récemment été refusé par le Congrès National du Peuple de Pékin (CNP). A la place d’élections démocratiques du Chef de l’exécutif pour 2017 réclamées par plusieurs organisations, le Comité du Congrès National du Peuple (CCNP) a annoncé que tous les candidats devaient d’abord être approuvés par un comité. Celui-ci sera composé d’élites politiques et économiques, dont les membres seront pour la plupart directement sélectionnés par Pékin.

Dans un premier temps, le mouvement Occupy Central avait menacé de tenir des blocus et de paralyser le quartier financier de Hong Kong avec l’aide de milliers de manifestants, si le gouvernement n’acceptait pas de mettre en place le suffrage universel selon des « standards internationaux ». Malgré des désaccords entre organisateurs sur la suite à donner au mouvement, Occupy Central lança des manifestations les 31 août et 14 septembre, dans le but que « le monde sache que le peuple de Hong Kong a été trahi ». Une occupation était ensuite prévue pour le 1er octobre.

Les étudiants, sans attendre après les tergiversations d’Occupy Central, décidèrent de se mettre en mouvement. Les syndicats étudiants des campus de deux universités de Hong Kong lancèrent une grève à quelques jours d’intervalle. Puis la Fédération Etudiante de Hong Kong (HKFS) appela à son tour à une grève d’une semaine, démarrant le 22 septembre. Elle fut suivie par 25 universités ainsi qu’un certain nombre d’écoles.

Mais le gouvernement refusa de négocier avec les étudiants. Il accueillit leurs demandes avec une violente répression policière. Comme souvent observé ailleurs, le recours à la violence de la part de l’Etat n’a pour résultat que de rallier de larges couches de la société aux étudiants en lutte, dont particulièrement la classe ouvrière. Non seulement près de 120 000 personnes sont descendues dans les rues pour soutenir les étudiants, mais la Confédération des Syndicats de Hong Kong et le Syndicat des Enseignants et Professeurs appelèrent à la grève en soutien aux étudiants.

L’élection de 2017

Dans la Loi Fondamentale de Hong Kong, qui servit de mini-constitution après la passation du pouvoir en 1997, l’article 45 et l’article 68 indiquent que le suffrage universel est le but ultime pour la sélection du Chef de l’exécutif et de tous les membres du gouvernement local. A l’heure actuelle, le Chef de l’exécutif est élu par un comité de 1 200 personnes, dont la majorité est considérée comme pro-Pékin. Pour le Conseil Législatif, 40 membres sur les 70 sont élus par le vote populaire. Mais 30 membres sont les élus de 28 circonscriptions composées de professionnels, d’hommes d’affaires et de sociétés. Les groupes pro-démocratiques ont lutté pour le suffrage universel pour les deux principales élections : celle du chef de l’exécutif et du Conseil Législatif.

Beaucoup de monde serait surpris de savoir que Hong Kong, centre nerveux financier, n’a jamais connu de réelle démocratie. Ironiquement, la Grande-Bretagne, mère de la démocratie parlementaire, n’a jamais accordé la démocratie à Honk Kong sur ses quelques 155 ans de règne. Ce n’est pas avant 1982, lorsque la Grande-Bretagne et la Chine ont entamé les négociations sur la souveraineté de Hong Kong, que le gouvernement colonial décida de commencer le processus de démocratisation. En 1982, une réforme majeure de l’élection du Conseil Urbain fut mise en place, afin d’augmenter le nombre de sièges et d’étendre complètement la base électorale, ainsi que pour toute première élection locale. En 1985, la première élection indirecte du Conseil Législatif fut tenue, mais de façon très limitée.

Après la proclamation de la Déclaration commune sino-britannique, le gouvernement colonial accéléra le processus de démocratisation afin de se retirer avec élégance. En 1991, le suffrage direct fut introduit pour le Conseil Législatif. En 1992, le nouveau gouverneur Chris Patten présenta une proposition de réforme de l’élection, à valoir sur celle de 1995. Le Conseil législatif de 1995 était censé fonctionner jusqu’en 1998, c’est à dire après la rétrocession de 1997. Dans sa proposition, Patten élargissait la délimitation des circonscriptions fonctionnelles, choisies auparavant principalement par les puissantes élites issues des milieux d’affaires. En même temps, il proposa d’abolir tous les sièges sur nomination des Conseils de Districts et des Conseils Municipaux. Le camp pro-démocrate accueillit favorablement la réforme, mais la faction pro-libérale [pro-business] s’y opposa. En fin de compte, Pékin nomma un Conseil Législatif Provisoire pour remplacer le Conseil Législatif élu en 1995, et annula la plupart des réformes de Patten.

Le mouvement démocratique à Hong Kong

Depuis les années 80, le mouvement démocratique domine à Hong Kong. Au premier coup d’œil, il peut sembler que tout a commencé lors du départ des Britanniques. La réforme britannique, et la promesse de démocratie du gouvernement chinois ouvraient une opportunité pour le mouvement démocratique.

Cependant, à y regarder de plus près, le mouvement démocratique de Hong Kong n’a décollé qu’à partir du moment où la situation de la classe ouvrière et des mouvements de gauche s’est détériorée. En 1967, alors que la Révolution culturelle se développait sur tout le continent chinois, la colère accumulée à Hong Kong s’exprima par manifestations et des grèves générales menées par les communistes de Hong Kong qui menaçaient considérablement la classe dirigeante britannique. Malheureusement les communistes firent l’erreur de prendre la voie du terrorisme, ce qui finit par détruire le mouvement. Bien que la classe dirigeante britannique fût forcée de faire une série de concessions et de réformes dans les domaines du travail, de l’administration locale, de l’éducation, de la santé et du logement, etc., les forces de gauche furent en grande partie détruites. Le cauchemar du terrorisme repoussa la majorité du peuple de Hong Kong loin des idées de gauche.

Après la crise économique mondiale des années 1980, Hong Kong fit l‘expérience du boom économique. L’expansion du service public, et les opportunités créées par le transfert du pouvoir permirent une grande mobilité sociale. Dans le même temps, la crainte du régime communiste avait déclenché une autre vague d’émigration de masse. Dans de telles circonstances, peu de mouvements étaient basés sur les classes, et donc le mouvement démocratique devint très visible.

Dès le départ, le camp pan-démocrate fut composé de différents groupes, avec des points de vue politiques hétérogènes, et des classes sociales hétéroclites. Mais il était et reste dominé par les libéraux. On trouve beaucoup d’avocats, de professions libérales de la classe moyenne, quelques travailleurs sociaux et militants sociaux. Ils n’ont pas réussi à gagner le soutien des masses, sauf lors du mouvement de la place Tiananmen en 1989. Pendant le mouvement, un concert de collecte de fonds de 12 heures a été organisé à Hong Kong, et environ 1,5 million de personnes (1/4 de la population totale) étaient dans les rues, avec les étudiants. Lorsque le mouvement fut écrasé, les deux principales tendances du mouvement démocratique se constituèrent alors autour du rejet de Pékin et du Parti Communiste.

Malgré la participation de certains syndicats et groupes de gauche comme la Confédération des Syndicats de Hong Kong, le camp pan-démocratique se limite en général aux questions électorales démocratiques, et n’aborde que rarement le monopole du pouvoir et le système économique global. Sans compter qu’il ne propose aucune solution aux problèmes économiques quotidiens auxquels les gens doivent faire face.

Le Parti Communiste Chinois et les capitalistes de Hong Kong : une alliance solide

Avant même le transfert du pouvoir, les capitalistes de Hong Kong se tenaient fermement aux côtés du Parti Communiste Chinois (PCC) contre la réforme électorale de Chris Patten. À l’époque ils avaient rejoint le Conseil Provisoire Législatif constitué par le PCC pour remplacer l’Assemblée Législative élue et dominée le camp pan-démocratique.

Les capitalistes ne sont pas toujours partisans de la démocratie. Dans de nombreux pays coloniaux, ils n’hésitent pas à adopter un système politique autoritaire dans la mesure où il leur permet d’avoir les mains libres et par conséquent d’augmenter leurs profits. Hong Kong n’est qu’un exemple de plus. Ce qui intéresse les capitalistes de la région, c’est d’avoir la certitude que leurs intérêts ne seront pas affectés par le processus de transfert. Depuis le début des années 90, cette alliance leur garantit non seulement des politiques pro-capitalistes à Hong Kong comme une taxation très basse, des lois anti-ouvrières avec un système électoral protégé, mais aussi l’accès au vaste marché chinois et à son travail peu rémunéré. En contrepartie, le capital de la Chine continentale est en mesure d’entrer à Hong Kong, en collaboration avec le capital de la région.

Aujourd’hui, il serait naïf de croire que les capitalistes puissent changer de position, puisqu’ils ont bénéficié et continuent de bénéficier de l’alliance avec le PCC. Compte tenu des turbulences agitant le capitalisme mondial, ils sont d’autant plus préoccupés par tout changement de statu quo. Et il en va de même du PCC. Wang Zhenmin, doyen de la faculté de droit de Tsinghua, et haut conseiller sur Hong Kong pour le gouvernement de Pékin, a exprimé avec une grande honnêteté que « trop de démocratie menacerait les intérêts des élites économiques, ainsi que le système capitaliste de Hong Kong » et a suggéré que « cela devait être évité à tout prix ».

Contrairement aux souhaits des leaders d’Occupy Central, les capitalistes de la région ont non seulement salué la décision de Pékin, mais ont condamné le mouvement. En outre, juste après l’éclatement de la grève étudiante, un groupe de magnats des affaires a été invité à rencontrer Xi Jinping à Pékin. Lors de la réunion, M. Xi a réitéré la position du gouvernement chinois et leur a confirmé que le CNP ne reviendrait pas sur sa décision.

Le changement de conscience

Il existe une profonde colère au sein de la société à Hong Kong sur la situation actuelle. La croissance économique n’a pas bénéficié à la majorité de la population. Le salaire mensuel médian n’a augmenté que de 15,8 % de 1996 à 2011, alors que l’inflation a été de 15,5 %. Dans le même temps, les gens sont confrontés à des prix exorbitants pour se loger, dans le second marché immobilier le plus cher au monde. Elever un enfant revient extrêmement cher (en moyenne 554 000 €). Le marché du travail est très difficile, même pour les diplômés, sans parler des conditions de travail très dures pour ceux qui ont la chance de trouver un emploi. En outre, Hong Kong ne possède toujours pas de système de retraite public.

Pour les pauvres, la situation est encore pire. Le revenu moyen brut des ménages des 10 % les plus pauvres a chuté de 16 % par rapport à il y a dix ans, pour arriver à 223 € par mois en 2011. Jusqu’en 2010, Hong Kong n’avait pas de salaire minimum, qui est très bas : 2,88 € de l’heure. 20 % de la population de cette puissance économique vit aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté. La législation du travail de Hong Kong est très arriérée. Les puissants patrons se sont toujours mobilisés pour faire avorter toute législation progressive en la matière, empêchant les travailleurs de gagner des droits grâce aux conventions collectives.

À l’autre extrémité, il y a une richesse obscène. La tranche des 10 % les plus riches a vu une augmentation de 12 % de leur revenu net au cours des 10 dernières années. Hong Kong est le foyer des quatre hommes les plus riches d’Asie. En 2013, le PIB de Hong Kong était dominé par 40 monopoles. Dans de nombreux secteurs étroitement liés à la vie quotidienne des gens, comme la restauration rapide, les télécommunications, le transport et la vente au détail (de la nourriture, l’alcool et le tabac), plus de la moitié des recettes revient aux dix plus grandes entreprises.

En conséquence, Hong Kong a eu en 2011 un coefficient de Gini [1] de 0,537, passant de 0,525 en 2001 pour atteindre un niveau record depuis 1971, ce qui en fait peut-être l’économie développée la plus inégalitaire du monde. Rappelons que le niveau de 0,4 est utilisé par les analystes comme un indicateur potentiel de troubles sociaux.

La colère bouillonnante de la population a trouvé son expression dans différents mouvements sociaux en 2003, 2011 et 2014. Parmi tous ces mouvements, la grève des dockers est un énorme pas en avant dans la conscience des masses à Hong Kong. C’est la première fois depuis 1967 que le mouvement syndical a reçu un large soutien de la population. Il montre le potentiel de la classe ouvrière de Hong Kong.

Ce que craignent le plus les capitalistes de la région et le gouvernement central chinois, c’est que la lutte de la classe ouvrière de Hong Kong fasse écho sur tout le continent. Car tout le peuple chinois partage la même colère contre les inégalités, le monopole économique et la dictature politique. La réforme électorale permettrait à la classe ouvrière de s’exprimer sur le plan politique et donc d’unir davantage la colère des masses contre les grandes entreprises. Dans une certaine mesure, l’éveil du mouvement à Macao, la manifestation des commerçants et la solidarité du mouvement entre étudiants chinois et hongkongais à Taiwan donnent raison à la crainte des capitalistes.

Mais malheureusement le mouvement démocratique de Hong Kong a soigneusement maintenu une distance vis-à-vis de la classe ouvrière, en évitant de poser les véritables questions qui préoccupent les masses. Les pan-démocrates se limitent à la lutte pour la démocratie électorale. Ils étaient presque totalement absents de la grève des dockers. Cela montre la faiblesse des libéraux qui croient que la démocratie sous le capitalisme est possible, et gardent l’espoir naïf d’une entente avec les capitalistes. Ils pensent que leur menace de « paix et amour » peut faire s’incliner les bureaucrates du Gouvernement Central.

D’autre part, ils sont effrayés à l’idée d’être associés à la gauche. Ils font de leur mieux pour ne pas froisser les grandes entreprises, et avoir le moins de liens possible avec la classe ouvrière. C’est d’ailleurs révélé par l’attitude d’un des leaders d’Occupy Central, Tai Yiu Ting, qui a publié un article intitulé « Quelle sorte de capitalisme veut Hong Kong ? ». Il tente d’y démontrer que « le suffrage universel est la seule issue pour les capitalistes de la région ». Quand Occupy décida de passer à l’action, il rassura les capitalistes en disant qu’« Occupy Central choisirait une date qui minimiserait l’impact économique sur la ville ». Actuellement, les pan-démocrates se retrouvent dans la difficile position illustrée par ce dicton chinois : « si vous chevauchez un tigre, vous aurez du mal à en descendre ». Forcés d’agir — ce qu’ils redoutaient le plus —, ils furent sidérés de l’ampleur du mouvement de masse qui suivit la grève étudiante.

Les étudiants à la tête du mouvement qui va en s’amplifiant

Les étudiants, comme lors de nombreux précédents historiques, ont sauté par-dessus la tête des libéraux et ont pris la tête du mouvement. Le 22 septembre, les étudiants des universités et collèges ont commencé la grève. Le même jour, plus de 13 000 personnes ont participé à une manifestation. Comme CY Leung, le Chef de l’Exécutif de Hong Kong, n’avait pas ouvert le dialogue avec les étudiants dans les 48 heures comme ils l’avaient exigé, environ 4 000 personnes participèrent à une manifestation non autorisée vers le siège du gouvernement local, afin de « chercher » Leung. Le 26 septembre, près de 1 500 élèves ont également rejoint la grève, malgré l’immense pression de leurs écoles et familles.

Cette nuit-là, après l’Assemblée de milliers d’étudiants, environ 50 étudiants décidèrent de reprendre la place municipale rattachée au quartier du gouvernement, fermée depuis juillet. 61 étudiants furent arrêtés dont Alex Chow — le secrétaire général de la Fédération des Etudiants de Hong Kong (HKFS), et Joshua Wong, le responsable de Scholarism [NDLT organisation de lycéens]. Plus de 30 étudiants ont été blessés. L’occupation de la place municipale fut déclarée illégale, et menacée de répression policière.

L’arrestation des étudiants et la réaction violente du gouvernement a mis de l’huile sur le feu. Alors que la police essayait de fermer les routes autour de la zone, exhortant les manifestants à rentrer chez eux, le nombre de manifestants a gonflé de quelques centaines à des milliers puis des dizaines de milliers. Plus de 120.000 personnes descendirent dans les rues au plus fort de la contestation, malgré la menace de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.

La HKFS annonça ensuite qu’ils organiseraient une grève étudiante générale dans tout Hong Kong si le gouvernement refusait de répondre à leur demande en 4 points (rouvrir la place municipale, la démission du Chef de l’exécutif actuel, le retrait de la déclaration du CCNP du 31 août, suffrage universel). Puis ils appelèrent les travailleurs et les petits patrons à organiser une grève pour le 29 septembre. Ces revendications ont rapidement gagné le soutien des enseignants et des travailleurs, dont les syndicats (le Syndicat des Enseignants et la HKCTU) appelèrent à la grève pour soutenir les étudiants et condamner la répression des manifestants.

La grève étudiante a non seulement mobilisé toute une nouvelle couche de la jeunesse radicalisée, mais a également insufflé une énergie nouvelle dans le mouvement démocratique. Quand Tai vit l’élan créé par les étudiants débouchant sur un mouvement de masse, il avança le lancement d’Occupy Central au 27 septembre.

Les étudiants ne font aucune confiance au mouvement Occupy Central. Quelques citations issues d’une interview récemment donnée par les leaders étudiants sont très révélatrices : « Maintenant Occupy suit les étudiants » et « Cela fait plus d’un an [depuis le lancement d’Occupy Central] qu’il ne se passe rien ». C’est particulièrement encourageant de voir les étudiants se tourner activement vers la classe ouvrière, et les syndicats construire de manière consciente la solidarité avec les étudiants ! 25 ans après le mouvement de la place Tiananmen, les étudiants ont appris d’importantes leçons de leurs prédécesseurs.

L’étape suivante, la marche à suivre

L’escalade du mouvement pendant tout le week-end a transformé le mouvement démocratique en un mouvement de masse. Désormais les travailleurs sont sortis, principalement en réaction face à la répression violente de la police et pour soutenir les étudiants. Il existe un énorme potentiel pour développer davantage le mouvement et le faire passer à un niveau supérieur. Pendant le processus d’organisation de la grève générale, la classe ouvrière de Hong Kong devra faire preuve de force. Elle utilisera les expériences tirées de ses précédentes luttes, améliorant ainsi son niveau d’organisation et d’unité, augmentant sa conscience à travers les discussions et la lutte contre la répression. Si la grève générale est un succès, ce sera la première grève politique depuis des décennies. Non seulement elle permettra à la classe ouvrière de prendre conscience de sa propre force, mais elle posera la question du pouvoir à la fois aux capitalistes, aux bureaucrates de Hong Kong, mais également dans toute la Chine.

Pour faire aboutir ce potentiel, il est important que cette lutte soit directement liée à la lutte pour de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail, de meilleures lois encadrant le travail, etc. Comme nous l’avons déjà expliqué, les capitalistes et les gouvernements de Hong Kong et de Pékin ne craignent pas les étudiants ou les libéraux, mais plutôt l’immense classe ouvrière de Hong Kong et de la Chine. Leur problème ne s’arrête pas aux droits démocratiques, mais plutôt à une quelconque possibilité pour la classe ouvrière de trouver une expression politique et de rassembler à ses côtés la colère des masses. Et c’est justement la raison pour laquelle la classe ouvrière doit être à la tête de cette lutte.

Quant aux travailleurs de Hong Kong, cette lutte pour le suffrage universel n’est que le début. Comme le montre Taïwan, les Etats-Unis ou de nombreux exemples de régimes dits démocratiques, les élections ne peuvent pas résoudre la colère des masses, car elles ne changent rien à l’inégalité, au logement cher, au chômage, etc. Sans le pouvoir économique, il est impossible pour les masses de contrôler véritablement la société et de la changer pour que l’intérêt général prime. Par conséquent, la seule façon de garantir qu’elles puissent avoir leur mot à dire est à travers le socialisme et l’établissement d’une société socialiste — une économie planifiée et contrôlée démocratiquement.

L’autre tâche urgente pour les travailleurs est de remédier à la faiblesse du mouvement actuel en le liant à la classe ouvrière et la jeunesse de la Chine entière. Le mouvement à Hong Kong peut servir d’étincelle et embraser toute la Chine. C’est pourquoi les médias exploitent les éléments nationalistes dans le mouvement afin de l’éloigner du reste de la population. Par conséquent, la classe ouvrière et la jeunesse de Hong Kong doivent consciemment et constamment se battre contre tout élément nationaliste au sein du mouvement.

La lutte pour le suffrage universel n’est que le début de la lutte contre ce système et pour une véritable démocratie des travailleurs.
• Solidarité avec les étudiants et les travailleurs de Hong Kong !
• Pour un véritable suffrage universel à Hong Kong ! Pleins droits démocratiques dans toute la Chine ! 
• Pour l’unité de la jeunesse et de la classe ouvrière à Hong Kong et dans toute la Chine sur la base d’un programme socialiste ! 
• Pour une véritable démocratie des travailleurs ! Pour le socialisme !


[1Le coefficient de Gini est une mesure statistique de la dispersion d’une distribution dans une population donnée, développée par le statisticien italien Corrado Gini. Le coefficient de Gini est un nombre variant de 0 à 1, où 0 signifie l’égalité parfaite et 1 signifie l’inégalité totale. Ce coefficient est très utilisé pour mesurer l’inégalité des revenus dans un pays (wikipédia).

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