Dimanche soir, Hugo Chavez s’est adressé aux centaines de milliers de vénézuéliens qui, sous une pluie diluvienne, étaient sortis fêter la douzième victoire électorale consécutive du mouvement bolivarien. « Vive la révolution socialiste ! », s’est écrié le président du Venezuela. « Et vive la victoire du peuple ! » De l’autre côté de la place, sur le toit de la Maison Blanche, des soldats de la Garde d’honneur agitaient le drapeau vénézuélien.

Chavez a souligné que cette victoire était sans précédent : « Il y a 8 ans, nous avons gagné avec une marge de 800 000 voix. Aujourd’hui, nous avons pratiquement 3 millions de voix d’avance. Il y a 8 ans, nous faisions 55 % ; en 2000, 58 % ; lors du référendum de 2004, nous avons gagné avec 59 % des voix. Aujourd’hui, nous avons franchi le cap des 60 % ! » Les résultats donnent 62% à Chavez, contre seulement 38% au le candidat de l’opposition, Rosales. L’écart est tel que ce dernier a été obligé de reconnaître sa défaite, tout en laissant entendre que son ampleur s’explique par la fraude.

Lors de son discours au « balcon du peuple », Chavez a dit que la révolution allait non seulement continuer, mais s’intensifier : « J’ai dit que le 3 décembre n’était pas un point d’arrivée, mais un point de départ. […] L’idée centrale, c’est l’approfondissement et l’élargissement de la révolution socialiste. Plus de 60 % de personnes n’ont pas voté pour Chavez, mais pour un projet qui a comme nom : le socialisme vénézuélien ».

Chavez n’a pas expliqué en quoi consistait « la voie vénézuélienne vers le socialisme ». Il a dit que le moment était venu de construire une économie et un Etat socialistes, mais il n’a pas annoncé de mesures concrètes. Ceci-dit, il a insisté sur le fait qu’un des aspects centraux de la période à venir serait « la lutte contre la corruption et la contre-révolution bureaucratique ». Cette idée a provoqué une vague d’enthousiasme dans la foule, car la bureaucratisation à laquelle se réfère Chavez est l’une des questions les plus discutées au sein du mouvement bolivarien. Chavez a poursuivi en expliquant qu’il fallait lutter pour construire « un nouvel Etat, qui ferait échec à la bureaucratisation ». C’est précisément ce qu’attendent les masses vénézuéliennes.

Le président du Venezuela a poursuivi en rappelant le succès des « missions », et a dit que ces missions allaient s’intensifier, notamment dans les domaines de la santé, de l’emploi et du logement. Puis il a dit que « le Venezuela ne sera jamais un colonie », tout en rendant hommage aux peuples d’Amérique du nord, d’Europe, d’Asie et d’Océanie. « Notre message sera toujours le même. Nous avons besoin d’un monde où la souveraineté des peuples et des nations est respectée. Au Venezuela, nous montrons qu’un nouveau monde est possible, et nous le construisons ».

Les milliers de personnes qui écoutaient le discours de Chavez, tout comme le président lui-même, étaient visiblement émus. Mais il y avait quelque chose de particulier : l’ambiance de fête était pénétrée d’un sentiment de gravité, comme si les gens – et Chavez lui-même – sentaient que la révolution était à la croisée des chemins, et que de grands dangers la menaçaient si elle ne prenait pas des mesures décisives.

De fait, la seule façon de mener la révolution à son terme, c’est la mobilisation et l’organisation des masses pour exproprier l’oligarchie. L’économie doit être placée sous le contrôle de l’Etat, de façon à pouvoir être planifiée démocratiquement et conformément aux besoins des masses. Mais cet Etat lui-même doit être sous le contrôle des travailleurs, et non de la bureaucratie. Telle est la tâche principale qui attend la révolution bolivarienne, et dont le destin dépend.

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